C’est l’histoire d’un match…

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L’histoire d’un match certes. Mais pas n’importe quel match. Ce week-end Proxifoot s’est déplacé à Berlin.

On vous arrête tout de suite, pas question d’aller voir les riches du Hertha, les « bleu et blanc » qui osent se permettre de virer le meilleur entraîneur suisse de l’histoire après Ottmar Hitzfeld. Quoi ? Il n’est pas Suisse ? Passons…

Rien à voir. Nous on voulait tout simplement découvrir le foot, le vrai. Avec sa passion, ses litres de bières, sa mauvaise foi (mais pas trop) mais surtout son amour inconditionnel à un club, à un stade, à un parti politique, à une véritable religion en somme.

En effet, on peut parler de religion pour ses fidèles parmi les fidèles, qui se massent tout de rouge et de blanc vêtus qu’ils sont. Leurs couleurs ce sont celles du club de gauche, d’extrême gauche, d’archi-gauche.

Union… Mais oui, Union Berlin ! Comment ça jamais entendu parler ? Pourtant un ex-pensionnaire de notre Challenge League y évolue, et plutôt bien d’ailleurs. Il s’agit de Silvio, ancien attaquant du Lausanne-Sports.

Mais revenons à notre histoire. Union Berlin : le club du peuple. Preuve en est, la construction de ce petit mais ô combien chaleureux stade… Faute de moyens, le club demande aux supporters d’aider à la finition des travaux de l’enceinte lovée au milieu d’une forêt. Il n’en fallait pas plus pour les voir débarquer par centaines jour après jour, mois après mois pour venir bâtir et achever leur œuvre, leur stade, leur lieu de joie et de passion que seul celui-ci peut assouvir.

 
Gilet en jeans arboré de pins du club : voici le supporter-type d’Union Berlin

Sachant cela, il en ressort forcément une certaine émotion au moment de pénétrer dans ce chaudron rouge. Totalement acquis à la cause de son équipe qui milite avec succès dans une 2. Bundesliga pas forcément très esthétique mais pleine de bonnes surprises et d’équipes au cœur gros comme notre voisin d’à côté du stade qui enfile saucisses et bières avec une facilité désarmante.

Une fois sur place, impossible de ne pas se laisser emporter par une ambiance enivrante, bien éloignée de nos matches à la Praille. Une véritable vague rouge et blanche qui emporte tout le malheur des indignés pour ne laisser transpirer que la joie et le bonheur d’être là tous ensemble pour mener Union à la victoire.

Là-bas, pas besoin d’être derrière les buts pour faire du bruit. Les chants sont entonnés de par toutes les tribunes avec la même force et conviction. Les places assises sont définitivement vides, snobées par ces “petites gens” de Berlin qui préfèrent rester debout et encourager plutôt que de se laisser aller à un confort bien inutile et contraire à la mentalité locale.

Les bières se servent par litres et sans aucune sorte de modération. Quand on aime on ne compte pas… ou plus…

 
Le maillot d’Union Berlin de 1968. La mentalité n’a pas changé…

La journée est belle, certes froide, mais pas assez pour rafraichir la soif d’encouragements que ces fidèles transmettent à leurs ouailles de manière quasi paternelle, fraternelle ou enfantine selon l’âge du supporter.

La première-mi-temps se termine sur le score de 2 à 0 pour « nous ». Oui, pour nous! Car au fil du match, nous nous laissons emporter par cet enthousiasme simple mais puissant, communicant même si en allemand. Les décisions contraires de l’arbitre ou les ratés de « nos » joueurs nous enflamment comme si nous venions ici depuis 10 ans tous les week-ends. Un litre de bière à la pause. Rien d’étonnant ni d’impressionnant comparé au supporter lambda d’Union.

La seconde reprend, puis les chants se précisent, prennent de l’ampleur, du sens même pour ce qu’on en comprend. Un instant on se perd à regarder le public plutôt que le match, le spectacle y est constant, presque émouvant. On se regarde et on comprend que chacun ressent la même chose.

Puis le summum, la chanson de l’Union. Reprise par plus de 12’000 spectateurs qui chantent alors comme un seul homme, celle-ci nous transporte et nous fait chanter de toute nos forces, à en perdre la voix. Ca y est, nous sommes définitivement l’un des leurs et notre crédibilité ne fait dès lors plus aucun doute.

Moment de complicité avec le voisin pour célébrer les deux réalisations qui viennent ponctuer une seconde période parfaitement maitrisée. Simple le football à l’Union, des Allemands derrière, sobres et efficaces alors que le trio offensif est sud-américain et aime autant garder et jouer avec le ballon que les défenseurs s’en débarrasser.

Le deuxième litre de bière acquis, une vérité nous vient subitement à l’esprit. C’est ça le foot, la solidité germanique et la créativité latine.

Plus les litres défilent plus l’Union devient une évidence, une raison de s’accrocher aux valeurs de partage, de soutien et d’amour.

Un dernier arrêt à la boutique du club. Impossible de repartir sans un souvenir de ce qui fut plus qu’un voyage initiatique. Un passage dans l’Histoire de cet ancien club de l’Est, celle du foot, de Berlin, de l’Europe. Un véritable pèlerinage. Seul bémol… 1h30 de match c’est trop court quand c’est si bon…

On reviendra (et vous irez), c’est sûr. Obligé. Comme faisant désormais partie d’une famille qui ne demande rien qu’une somme dérisoire et quelques chants mais nous apporte tant.

Et désormais résonne en chacun de nous cette douce chanson :

“FC Union…

Unsere Liebe, Unsere Manschaft, Unser Stolz, Unser Verein.

Liebe, Liebe, Liebe…”

Pour Proxifoot, Ryan-Jo Rès & Daiander

P.S.: Si vous voulez voir le résumé de la partie, c’est par ici…

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