Une-deux avec… Arnaud Cerutti

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Nouveau volet de notre rubrique « Une-deux ». Cette fois, c’est le journaliste sportif Arnaud Cerutti qui a répondu à nos questions.

Ceux qui lisent la presse écrite – et on espère que vous êtes encore nombreux à le faire – auront sûrement déjà lu les articles pertinents d’Arnaud Cerutti dans la Tribune de Genève, 24 Heures ou Top Football. Son dada ? Le foot et le tennis surtout, mais également le basket, « par défaut ». Ancien membre de l’Etoile Laconnex, où il a joué, entraîné des juniors et également fait partie du comité, ses apparitions sur le rectangle vert se limitent actuellement au FC Variété, où il attend encore de faire ses débuts. Plus habitué à donner des interviews qu’à en recevoir, Arnaud s’est prêté remarquablement au jeu des questions/réponses…

 

 

Salut Arnaud. Comment as-tu débarqué dans le monde du journalisme sportif ?

Hello Proxifoot, merci de m’accueillir chez vous. Pour tout vous dire, j’ai débarqué de manière très particulière dans ce milieu, il y a 13 ans déjà, en empruntant des voies peu communes. En fait, j’ai toujours été passionné d’écriture et de sport depuis que je suis gamin. Lorsque j’ai commencé le cycle, je me suis mis à écrire mon propre journal et à tenter de le vendre çà et là. En 1998, je l’ai envoyé au journal MatchMag qui l’a publié dans son courrier des lecteurs. Ça m’a fait un peu de «pub». A l’été 2000, j’ai demandé au rédacteur en chef Claude Crottaz si je pouvais effectuer un stage d’été chez eux. A 15 ans, ce n’était pas courant, mais il a accepté. Alors que je devais commencer le collège, il m’a proposé de rester parmi eux et de me former «sur le tas». C’était un risque, mais je me suis pris au jeu. Deux ans plus tard, le journal a fait faillite. J’ai donc repris des études avant d’atterrir à la Tribune de Genève en tant que pigiste en 2003. Puis d’y faire mes armes jusqu’à y être engagé à 80%.

 

Il doit bien y avoir un sport que tu préfères couvrir. Alors, foot, tennis ou basket ?

Pour être clair, le basket a été un choix «par défaut». En 2004, la TG m’a proposé de reprendre la rubrique car il n’y avait personne d’autre et que je faisais déjà pas mal de piges. Moi qui n’aimais vraiment pas ce sport, je m’y suis collé. J’ai finalement bien aimé, car j’ai pu y rencontrer des personnes différentes de celles que j’avais croisées dans le foot, avec une autre histoire, une autre vision hors-sport. Mais ma «passion» du basket en lui-même s’arrête là. Je ne crache pas dans la soupe, mais je n’arrêterai pas des vacances pour aller voir un grand match.

Alors, pour revenir à la question de base, j’adore couvrir le tennis, car les personnalités se la jouent beaucoup moins qu’au foot. Dans le milieu du ballon rond, cette culture du «moi je» et de la communication verrouillée me prend parfois bien la tête. Et puis, une fois qu’on a vécu un Open d’Australie, on n’a qu’une envie: y retourner !

 

Donc, c’est qui le meilleur : Messi, Federer ou Jordan ?

Comment ne pas aimer Federer ? Messi est magique aussi, mais mon idole footballistique restera Maradona. Jordan, c’est un mythe. Seulement, à mes yeux, ça reste loin derrière, car ce n’est «que» du basket.

 

A choix : Federer qui redevient N°1 mondial ou la Suisse en finale du Mondial ?

Pour être sincère, en ce 21 octobre 2013, je crois que ces deux choses sont clairement impossibles. Mais, à choisir, je voterais pour Federer N°1. Il l’est déjà redevenu une fois et c’était énorme. Là, ce serait juste monstrueux ! Quant à l’équipe de Suisse, les sélections de 1994 et 2006 m’ont beaucoup plus fait rêver que celle aujourd’hui…

 

Qui va s’effondrer en premier, Nadal ou l’équipe d’Espagne de football ?

La Roja, je pense. Nadal me paraît insubmersible. Sa trajectoire est, disons, étonnante. Mais, jusqu’à preuve du contraire, il mérite un énorme respect. Sa saison 2013 est juste un modèle du genre. Finalement, il fait bon d’avoir les genoux qui grincent. Voilà pourquoi je ne vais pas chez le physio…

 

Tu es un Laconnésien d’origine. Quels Grenats vont être promus en premier, Servette ou Laconnex ?

J’espère Servette, pour le bien du football genevois et, peut-être aussi, d’un football suisse qui ne se joue presque plus que de l’autre côté de la Sarine ! Même si j’ai une profonde amitié pour l’entraîneur Bruno Crisante et pour quelques joueurs de la 1ère de Laconnex, je me suis trop distancé de ce club ces derniers mois pour réellement leur souhaiter une promotion. Je ne suis pas certain que les choix effectués depuis une année soient les bons. On verra bien…

 

Pourquoi as-tu arrêté à Laconnex : manque de talent ou d’autres portes qui s’ouvraient ?

Comment osez-vous parler d’un manque de talent ? Je déconne, bien sûr. Même s’il y avait sûrement un peu de ça, ce sont surtout les horaires irréguliers et l’incertitude de pouvoir venir aux entraînements qui m’ont poussé à dire stop. Je ne me voyais pas aller une fois par mois m’entraîner et revendiquer quelque chose le week-end. C’est inconcevable. J’ai toujours aimé la compétition, toujours aimé m’engager. Depuis que j’avais commencé le foot à 4 ans et demi, l’idée de manquer un entraînement me rendait fou. Du coup, autant arrêter complètement. Même si, il est vrai, à partir de 16 ans, j’ai eu des propositions d’autres clubs. Mais j’avais une méga équipe de potes en juniors, au sein de laquelle on se régalait, puis j’ai croisé des mecs géniaux en actifs. J’aimerais particulièrement citer Fabien Pizzinat, Andrea Clemente, Charles Oeuvray, Dani Blanco et Olivier Trujillo.

Cerutti-Mourinho

Cerutti avec Mourinho “himself”

 

Est-ce que tu suis encore les résultats des Laconnésiens ?

Pour tout dire, non, plus du tout. Je dis toujours que je m’y remettrai, mais j’ai été déçu par la fin de mon aventure au comité. Ce n’est pas de l’aigreur, mais juste envie de passer à autre chose. Et j’ai désormais bien d’autres centres d’intérêt dans la vie. Mais je n’exclus pas d’y retourner un jour, voire de rechausser les crampons !

 

Est-il vrai que l’un des gros coups du dernier mercato est ton transfert au FC Variété ?

J’ai dû en parler avec mon agent, qui a fait monter les enchères jusqu’au 31 août. Jean-Pierre Bula a fini par céder devant la proposition. Financièrement, c’était intéressant. Et puis, le FC Variété est l’équipe que je suivais quand j’étais petit, celle dans laquelle j’ai toujours rêvé de jouer. C’est le club de mon cœur.

Plus sérieusement, Jean-Pierre m’a appelé un jour pour me demander si j’étais intéressé. J’ai trouvé sympa de penser à moi, surtout que je ne suis en rien une variété ou une célébrité. Donc, j’ai dit oui. Mais j’ai déjà manqué les deux premiers matches. Une fois à cause du boulot, une autre en raison des cours d’accouchement. Du coup, je suis un transfert bancal, on ne peut même pas me faire confiance.

 

Est-il possible de tweetter plus souvent que Darius Rochebin ? Tu n’es pas mal toi non plus sur le petit oiseau bleu, non ?

Non, je ne crois pas. Déjà, quand tu es abonné à plus de 500 comptes, je me demande comment tu t’y prends pour suivre.

Me concernant, je suis très mauvais sur Twitter, car je ne l’utilise pas totalement comme un compte professionnel. Je dis pas mal de conneries, je prends énormément de distance avec mon métier. Avant d’être journaliste, je suis moi-même. Sans vouloir critiquer, ça me fait toujours marrer de voir certains confrères qui croient que leurs tweets vont révolutionner le monde. J’ai envie de dire: «Arrêtez de vous prendre trop au sérieux !»

 

On t’a vu très à l’aise sur le plateau de Léman Bleu récemment. Changerais-tu la plume par un micro ?

Merci de me dire que je suis à l’aise ! J’ai encore pas mal de tics de langage et, parfois, je bégaie… Le plateau TV, je trouve ça sympa en tant qu’invité. Je crois qu’il y a beaucoup moins de pression que lorsqu’on doit présenter. J’avoue que j’aime bien y venir, l’ambiance est sympa et Brian Wakker a des questions pertinentes. Pour le reste, j’adore écrire, car je crois que c’est ma vocation, mais sait-on jamais. Je ne cache pas que commenter une fois un match, même un Aarau-Thoune, ne me laisserait pas insensible.

 

Tu as couvert le match de coupe suisse entre Veyrier et Young Boys en août dernier. Aller dans un stade régional, ça t’a changé de ton quotidien, non ?

Oui, mais c’est ce par quoi j’avais commencé. Et c’est l’essence même du football. J’avais eu pas mal de plaisir à y retourner, l’ambiance était sympa. Couvrir du régional n’est de loin pas le bagne. J’ai vu des matches de 2ème ligue bien plus intéressants que certains de Super League, voire de Ligue des Champions !

 

Toi qui es journaliste sportif, que penses-tu des récentes déclarations de Patrice Evra qui s’en prend à certains journalistes ? As-tu personnellement vécu une situation similaire ?

Je les trouve ridicules. Ce mec est tout ce que l’on peut abhorrer. Il a une attitude arrogante, de petite racaille. Après, qu’il soit énervé contre Pierre Ménès, l’homme qui taille tout ce qui bouge à part ses potes Baup, Blanc et Henry, ça ne me choque pas. Mais Evra, qui paraissait sympa au début de sa carrière, n’a pas à l’ouvrir quand on sait qu’il était l’acteur principal de Knysna (ndlr : la fameuse grève du bus de l’équipe de France, en 2010). Une fois que t’as fait ça dans ta carrière, tu te caches. Ou alors tu réponds sur le terrain… Et puis, le pire dans tout ça, c’est sa non-maîtrise de la langue française. Comme dirait l’un de mes collègues, «ça flanque la frousse» !

Pour en revenir à mon cas personnel, je sais qu’un entraîneur genevois bien connu me déteste depuis… 2004 et un papier que j’avais écrit à l’époque. Après, il y en a sûrement bien d’autres. Mais, comme on dit, on est toujours le con de quelqu’un.

 

Pour finir, un prono sur le vainqueur de la Ligue des Champions ? Et du Mondial 2014 ?

Laisse-moi rêver d’une nouvelle victoire du Bayern Munich ! J’adore ce club depuis des années, au point que tout le monde s’est longtemps foutu de moi, mais ce qu’il présente aujourd’hui est merveilleux. Mon rêve, et je fais passer le message, serait de retourner à l’Allianz-Arena. Au niveau prono, j’aimerais bien le Bayern, mais je crains une petite surprise…

Enfin, pour le Mondial 2014, j’attends de voir le tirage au sort. J’aimerais bien que les Belges aillent en demi-finale. Et j’espère que le titre ne sera ni pour le Brésil ni pour l’Espagne. Juste parce que j’ai envie de voir autre chose…

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