Ça grogne autour de l’Olympique de Genève

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Un groupe de travail emmené par l’emblématique Max Mbia remet en cause la direction actuelle du club olympien, né il y a seulement trois ans, et souhaite convoquer une assemblée générale extraordinaire.

Il y a du grabuge à Varembé. Ce n’est pas nouveau, direz-vous, et vous aurez raison. Alors que l’on croyait la situation stable en tout cas pour quelques années avec d’un côté l’Olympique de Genève né de la fusion entre Athlétique-Regina et Saint-Jean (lire ici), et d’un autre le CS Interstar qui s’y était opposé (lire ici), voilà maintenant que la direction du club olympien, âgé de trois ans seulement, est mise en cause.

Un groupe de travail composé d’une dizaine d’« anciens » d’Athlétique-Régina et Saint-Jean pour la plupart, souhaite agir pour l’avenir du club et surtout de ses plus jeunes membres. Leur volonté ? Instaurer un vrai projet sportif basé sur la pré-formation et la formation, d’après eux aujourd’hui délaissée au profit de la première équipe. Il faut dire que les salaires et primes de match de l’équipe fanion, qui évolue en 2ème ligue, ont en effet beaucoup fait parler dans le football genevois ces dernières années, avec finalement des résultats sportifs assez mitigés.

Max Mbia, buteur emblématique des années 1990 et 2000 (Athétique-Regina et Grand-Saconnex notamment), est au centre de cette volonté de reprendre le contrôle du club. Avec son groupe de travail, ils se retrouvent aujourd’hui bloqués, leur demande de convocation d’une assemblée générale extraordinaire ayant été refusée par le comité actuel de l’Olympique de Genève. Procédure légale ou illégale ? Les deux parties ont en tout cas passé l’été à s’envoyer des lettres d’avocats. Elles divergent principalement dans le décompte du pourcentage de membres du club, sachant qu’il faut l’approbation d’en tout cas 20% des membres pour demander une assemblée générale extraordinaire. Notre intention ici n’est pas de prendre parti mais de donner la parole à des personnes qui veulent agir pour les jeunes. Max Mbia s’explique.

 

Proxifoot : Quelle est votre source de motivation pour la convocation d’une assemblée générale extraordinaire ?
Max Mbia : Je représente un groupe de personnes et notre élément déclencheur a été l’annonce de démission au mois de Juin du Président actuel M. Jean Champetier auprès, entre autres, de l’équipe fanion. Je représente ce groupe depuis cette annonce. Après quelques rendez-vous, avec le président actuel ainsi que des membres du comité actuel, j’ai compris que le passage de témoin avait été prévu en interne et que je n’étais pas le bienvenu. Pour autant, le fond du problème n’a jamais été abordé, à savoir un projet sportif et sa mise en application. Ces derniers sont essentiels et urgents quand on constate le nombre de joueurs transférés et d’entraîneurs licenciés. Ne souhaitant pas entrer dans une polémique stérile, le dernier outil à notre disposition était de demander la tenue d’une Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) comme les Statuts nous y autorisent. En premier lieu, pour des questions de planning, la saison 2016-2017 débute déjà en juin et la pause entre-saison est idéale pour un passage de témoin. Mais notre volonté première pour convoquer cette AGE est de proposer notre projet sportif aux membres de l’association Olympique de Genève FC, libre à eux de choisir la direction qu’ils souhaitent prendre.

A ce jour, où en est votre procédure ?
Le Comité actuel évite le fond de la question en utilisant la forme pour empêcher la tenue d’une AGE et ce, jusqu’à exclure ou menacer d’exclusion les membres opposés à leur vision. Il faut être clair, l’objectif du Comité actuel est de “jouer la montre” en évitant soigneusement que nous présentions quoi que ce soit. Après un été passé à échanger des courriers via nos avocats respectifs, il est clair aujourd’hui que leur objectif est d’organiser une Assemblée Générale Ordinaire en ayant au préalable constitué une majorité après que les membres indésirables aient été licenciés ou soient partis d’eux-mêmes. L’autre option qu’il nous reste à explorer encore, au-delà des échanges via nos avocats, est d’aller jusqu’au tribunal pour faire constater la violation des statuts de l’association.

Que reprochez-vous au comité actuel de l’Olympique de Genève ?
En premier lieu, ses incohérences et incompétences dans la gestion d’une association à but non lucratif, d’utilité publique. Les parties sportives et administratives sont délaissées au point que le Comité actuel réagit comme un pompier-pyromane. Pour imager mon propos, deux semaines après la reprise des entraînements des équipes juniors, nous recevons encore des appels de parents déboussolés n’ayant reçu aucune information sur la saison 2016-17. C’est la foire à la pêche aux informations : jours d’entraînement, nouveaux entraîneurs, planning et aucun fil conducteur de formation par catégorie.
Deuxièmement, l’absence d’un projet sportif crédible depuis plusieurs années avec un accent particulier sur la pré-formation et la formation. A quels niveaux évoluent aujourd’hui les juniors A, B, et C de l’OG? Combien de juniors ont eu la chance de s’entraîner ou d’intégrer la première équipe? L’impression générale est que seule l’équipe fanion est soutenue au détriment de toutes les autres équipes. C’est important d’avoir de l’ambition pour l’équipe-phare mais elle doit-être soutenue par des fondations solides. Celles-ci sont inexistantes puisqu’elles n’ont jamais été mises en place. Il ne suffit pas de le dire ou l’écrire pour que cela apparaisse par enchantement. Témoin privilégié de l’actualité sportive genevoise, vous pouvez témoigner du turnover au niveau de l’effectif de l’équipe-fanion depuis 2-3 ans. Pour quels résultats et à quels coûts?
Troisièmement, le manque de transparence et de crédibilité du comité est patent et éloquent, eu égard au nombre de personnes ayant signé pour la convocation d’une AGE et qui se sentent trahis.
Et finalement, l’absence totale ou plutôt l’inexistence d’une identité-club. Qui s’identifie aujourd’hui à l’OG? Qui se reconnaît à la fois dans la politique actuelle du comité ou dans ses actes au quotidien? Il suffit de voir quels entraîneurs ont été licenciés, ils excellaient dans leur travail sur le terrain en ayant la confiance des parents et surtout celle des juniors. Il suffit, là encore, de constater l’exode massif de membres dans d’autres clubs pour s’apercevoir qu’il n’y a plus aucun capitaine à bord du bateau. Par exemple, une équipe entière de Séniors est partie du club et milite aujourd’hui au sein du Lancy FC; de nombreux juniors, la substance même du club, sont également partis. Ce n’est peut-être à notre avis que la face visible de l’iceberg.

Quel est la volonté de votre groupe de travail : intégrer le comité actuel ou le remplacer ?
L’option d’intégrer le comité actuel n’est plus envisageable même si le projet initial était d’intégrer des membres actuels à notre projet, dans des rôles précis. Intégrer le comité actuel, ce serait envoyer le message d’une continuité ou accepter d’être minoré.  Notre souhait est de reprendre les commandes du bateau avant qu’il ne coule… cela passe par une présentation succincte de notre projet sportif et être candidats aux élections du Comité. Être élu, c’est endosser des responsabilités, nous en sommes conscients et nous respecterons le choix des membres votants. Nous espérons simplement que l’état du bateau à l’intérieur n’est pas plus grave que ce que nous voyons de l’extérieur.

Quel est votre projet pour le club ?
Le vivier football autour du Centre sportif de Varembé est important et de qualité. S’il faut résumer notre projet, nous souhaitons que les ressources financières de l’association soient utilisées de manière cohérente et orientées à la mise en place d’un projet sportif qui fasse toute la place aux jeunes en pré-formation et en formation. Ceci passe par l’engagement d’entraîneurs de qualité et une structure claire d’évaluation périodique. L’équipe-fanion doit être constituée d’une majorité de joueurs issus de notre propre formation avec l’aide précieuse de joueurs expérimentés. Nous nous donnons trois ans pour atteindre cet objectif et ce ne seront pas des paroles en l’air puisque les membres seront invités à juger de la cohérence de notre travail. Actuellement, cet objectif est annoncé chaque année mais n’a jamais été suivi d’effets ou d’actions cohérentes. Il y a aussi toute la partie administrative à réorganiser avec un SCI (Système de Contrôle Interne) et une collaboration à améliorer avec le principal sponsor de l’association, la Ville de Genève. Nous souhaitons que ce club s’approprie son identité qui doit être forte avec une participation de tous les membres du club, y compris des parents. Nous souhaitons par-dessus tout une cohérence sportive doublée d’une pérennité financière sur le moyen et long terme, en d’autres termes, donner une direction et une destination au bateau !

 

 

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