« La Coupe de Suisse? Une grande fierté »

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Après avoir passé le troisième et dernier tour qualificatif jeudi dernier, Interstar jouera la Coupe de Suisse au mois d’août prochain. Une satisfaction pour le président Frédéric Simoes. Interview.

Quand Frédéric Simoes a repris la présidence du CS Interstar en 2013, la première équipe évoluait en 3ème ligue. Deux promotions plus tard, les pensionnaires de Varembé pourraient affronter un club de Super League dès cet été. Car oui, le « CSI » vient de se qualifier pour la prochaine édition de la Coupe de Suisse, un nouveau cap franchi par ce club qui ne semble pas connaître de limites, tant les progrès accomplis depuis trois saisons sont énormes. Et Dieu sait si c’est compliqué de se qualifier pour la Coupe de Suisse quand on évolue en 2ème ligue interrégionale. Au programme, trois tours intermédiaires répartis durant la saison, que les protégés de Luigi Pisino ont passé avec brio : 3-1 contre Terre Sainte en novembre, 3-2 contre Ticino en mars et 3-2 contre Tavannes/Tramelan jeudi dernier devant un public de Varembé en folie.

Forcément, le président Simoes –également joueur de la première équipe quand les blessures le lui permettent– est le premier ravi des progrès vertigineux de ce petit club qui a refusé la fusion avec Saint-Jean et Régina pour former l’Olympique de Genève et qui se porte pourtant à merveille : en plus de la qualification pour la Coupe de Suisse, le CSI ne perd plus depuis 9 journées de championnat et est en bonne voie pour se maintenir. Interview d’un jeune président plus training que costard.

 

Proxifoot : En tant que président, que représente cette qualification pour la Coupe de Suisse ?
Frédéric Simoes : Déjà, une grande fierté forcément. C’est l’aboutissement du travail fait depuis le début de saison avec Luigi Pisino. Au niveau personnel, c’est aussi une satisfaction car on avait perdu la finale de Coupe genevoise il y a trois ans qui nous aurait permis de nous qualifier pour la Coupe de Suisse. C’est désormais chose faite, à travers ces tours qualificatifs de 2ème ligue inter.

Quand tu as pris la tête du club en 3ème ligue en 2013, t’attendais-tu à une évolution si rapide avec une équipe en 2ème ligue inter et qualifiée pour la Coupe de Suisse ?
Très franchement, je pensais qu’on monterait rapidement en 2ème ligue avec l’équipe qu’on avait. Jouer le haut de tableau en 2ème ligue, j’y croyais aussi. Mais ça aurait été prétentieux de dire que je me voyais là où nous sommes aujourd’hui. Maintenant, en 2ème ligue inter, je nous voyais davantage jouer le maintien, même si avec notre réseau on savait qu’on aurait une équipe compétitive. Le choix du coach a été important, on a pris la personne qu’il fallait pour attirer des joueurs intéressants et pour gérer un groupe de jeunes. Son prédécesseur Stéphane Formenti avait aussi fait de l’excellent travail avant lui. Monter directement en 2ème ligue puis en 2ème ligue inter, ce n’est pas facile du tout. Le fait de monter nous permet forcément d’attirer des bons joueurs et de créer une équipe compétitive. Nous avons mal démarré cette saison et maintenant, les résultats arrivent. Ça fait plaisir.

La mayonnaise semble avoir pris entre Luigi Pisino et les joueurs. Un entraîneur jeune, c’est le profil qu’il faut à cette équipe ?
Je connaissais Luigi pour avoir passé le diplôme C avec lui. Je l’appréciais déjà à l’époque. Stéphane Formenti nous l’a fortement recommandé. On s’est dit qu’il fallait rester dans notre politique de jeunesse, avec un entraîneur débutant, en formation, pour garder cet esprit jeune au sein du club. On savait qu’avec un entraîneur qui jouait encore il y a peu de temps, il aurait un réseau de joueurs intéressant. C’était vraiment un profil intéressant, un meneur d’hommes, avec un bon bagage footballistique. A partir du moment où on a su qu’il était aussi intéressé, c’était parti. J’ai tout de suite compris qu’il faisait ça plus par passion que pour l’argent, ce qui est aussi notre philosophie. Avec le recul, on se dit qu’on a fait le bon choix. Mais c’est aussi facile à dire quand les résultats sont là. Je pense qu’avec un groupe de jeunes joueurs, avec du caractère, qui ne sont pas payés, tu ne peux pas non plus trop leur demander. Et Luigi sait faire la part des choses.

En parlant de moyens, vous devez être une des rares équipes de 2ème ligue inter à ne verser aucune prime de match. Pourtant, vous arrivez à attirer des bons joueurs locaux. Que leur proposez-vous ?
Tous ces joueurs ont sûrement voulu faire une carrière pro quand ils étaient jeunes. A partir d’un certain âge, tu ne cours plus derrière ça et tu veux jouer pour te faire plaisir. Après, au CS Interstar, ils peuvent aussi avoir une petite reconnaissance auprès de nos supporters. Ça peut être flatteur. On a un de nos supporters qui est toujours là, en train de faire des vidéos, de suivre l’équipe et qui donne un peu de reconnaissance « médiatique » aux joueurs. Cette petite notoriété locale peut les attirer. C’est un petit plus pour eux. Après, l’ambiance à Varembé est excellente. Le fait qu’on soit au centre-ville est aussi assez pratique. Nous, on essaye d’amener notre esprit de famille, sans se prendre la tête, en mettant tout le monde sur le même pied d’égalité. Le fait qu’on ait une politique sans argent au sein de la première équipe nous évite des problèmes qu’il y aurait peut-être dans un autre club, avec des joueurs qui gagnent plus que d’autres, etc. Je pense que l’argent amène les problèmes. Au-delà de ça, on essaye d’attirer des gamins qui s’identifient au club, qui sont présents au match de la première, qui mettent de l’ambiance, etc. On a des supporters qui font du bruit, je pense qu’en tant que joueur, c’est plaisant, surtout à ce niveau-là.

Le CSI sourit en cette année 2017

Justement, l’ambiance à Varembé ne fait pas que des heureux. Où en est la procédure avec la Ville de Genève concernant les plaintes à cause du bruit ?
Concrètement, ce sont deux voisins qui ont porté plainte. Ils veulent qu’il n’y ait plus de tambours, plus de bruit pendant nos matchs. Nous nous sommes réunis, j’ai accepté le fait de retirer les tambours. Mais c’est compliqué d’être à l’affût et d’éviter de faire rentrer un tambour dans un stade. La Ville de Genève ne nous a pas forcément beaucoup soutenus, ils ont davantage soutenu les plaignants, qui ont sorti quelques jurisprudences d’autres cantons. Ils étaient vraiment déterminés, apparemment le bruit est insupportable pour eux… Nous avions aussi nos arguments : le foot en Suisse, ce n’était pas toute l’année, il y a une pause en hiver et en été, il n’y a que 13 matchs à domicile par saison, etc. Après, il y a eu le match pour la qualification pour la Coupe de Suisse la semaine dernière. Je n’y étais pas car j’étais à Barcelone avec les Juniors B du club, mais apparemment il y a eu une très grosse ambiance, avec des petits du club qui chantaient, c’était incroyable. Il y a eu forcément beaucoup de bruit jusqu’à 22h30 et les voisins se sont de nouveau plaints. Donc la situation est compliquée, d’un côté certains se plaignent du bruit, de l’autre on vit des belles émotions… Au final, on ne fait du mal à personne, on essaye juste de gérer un club et d’amener quelque chose dans la vie des gens. Il n’y a pas d’engins pyrotechniques, pas de casse, pas de violence, c’est juste du bruit. Et on a supprimé les tambours. J’ai rendez-vous avec les voisins, la police et la Ville en fin de championnat pour faire le point. On verra ce qui sera décidé. Mais je trouve que cela va un peu trop loin pour une histoire de quelques dimanches par année. Mais si on ne peut plus nous accueillir ici, on veut volontiers jouer à la Praille, il n’y a pas de problème (rires).

Savez-vous déjà si la Coupe de Suisse pourra être jouée à Varembé ?
On verra déjà contre qui on tombe. Si c’est une équipe de Super League comme Bâle, je ne sais pas si le stade correspond aux normes de sécurité. Jouer à Varembé, ce serait une belle chose. Si ce n’est pas possible, on jouera ailleurs.

Avez-vous une préférence concernant l’adversaire ?
Le rival, plus il est gros, mieux c’est, non ? On ne compte pas la gagner la Coupe de Suisse, quand même (rires) ! Donc si on peut affronter un gros, ce sera forcément intéressant pour nous, les joueurs, les supporters. Bâle, Young Boys, Zurich ou même Servette, ce serait intéressant.

Pour finir, en tant que néo-promu et avec 9 points d’avance sur la barre, vous êtes bien placés pour vous maintenir en 2ème ligue inter. La belle histoire du moment dans le foot genevois, c’est Interstar, non ?
Franchement, je suis étonné, même si je savais qu’on avait un potentiel. Il y a quand même des grosses équipes en 2ème ligue inter. Je ne pensais pas qu’on irait gagner 4-1 l’autre jour à Aigle par exemple. Je suis content pour le groupe. Vous m’aviez demandé un jour si je craignais une fin de cycle. Pour l’instant, il n’y en a pas. Si un jour on tombe, cela va être compliqué d’attirer des joueurs. Mais tant qu’on se maintient, c’est le plus important.

 

 

Photos : CS Interstar

 

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