Claudio Morelli : « Je pensais faire plus de football et moins d’autres choses »

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Le désormais ex-entraîneur d’Etoile Carouge nous explique les raisons de son départ. Interview.

Suite à la surprenante décision de quitter son poste d’entraîneur de la première équipe d’Etoile Carouge, c’est un Claudio Morelli visiblement épuisé par ces 18 derniers mois particuliers dans le football semi-professionnel qui nous expliquait les raisons de ce choix. Le coach italien quitte la Fontenette en bons termes, comme il l’a toujours fait.

 

Proxifoot : Claudio, comment s’est passé ce départ d’Etoile Carouge ?
Claudio Morelli : Il y a d’abord une situation personnelle de fatigue physique et mentale après deux ans. Une première année avec un comité sortant et le début d’une pandémie, la gestion d’une pandémie, la sortie d’une pandémie et au milieu l’arrivée d’un nouveau comité, des résultats qui ont été pour certaines dynamiques bonnes, et d’autres moins bonnes… Mais c’est surtout moi en termes de fatigue mentale et physique. Durant ces deux ans, il y a eu aussi des évolutions, qui sont par exemple le statut de la Promotion League, ligue semi-professionnelle qui va augmenter le nombre de matchs, passant de 26 à 36. Les engagements, l’attention, l’énergie et le travail qu’il faut mettre doivent augmenter et je pense que dans le respect par rapport à moi, ma famille, la reconnaissance que je dois envers mon club, mon staff, les joueurs en particulier, ils ont besoin d’avoir quelqu’un à 200% et moi je ne veux pas faire les choses à moitié. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec beaucoup de cœur et d’énergie, avec beaucoup d’investissement personnel au détriment de ma vie privée et de ma famille. Eux ne méritent pas ça et moi non plus. Ma réflexion a commencé il y a quelques mois. Pendant mes brèves vacances, j’ai pris du temps pour en faire gagner au club et c’est pour cela que j’ai annoncé lundi au président Olivier Doglia que je ne me sentais pas prêt à remettre l’énergie et l’attention que ce club et l’équipe méritaient.

Au-delà de ces paramètres, est-ce lié au statut qu’aura Carouge l’année prochaine dans un championnat sans Yverdon ?
Pas du tout, non. Les pressions, c’est d’autres choses dans la vie. Au contraire, moi les pressions elles me plaisent. Cette année, je voulais aller chercher Yverdon et je pensais qu’on avait la capacité de le faire. Je pense qu’on l’a démontré sur certains matchs : à Bellinzone, face au FC Bâle, contre Yverdon quand ils sont venus à la Fontenette il y a quelques semaines. L’équipe avait fière allure. Mon objectif était d’aller le plus haut possible avec Carouge donc ce n’est absolument pas une des raisons qui m’a poussé aujourd’hui à dire que je préférais prendre du recul, pas du tout.

Tu nous avais dit en avril que tu entamais un “travail de 18 mois qui doit nous mener à quelque chose”. Déçu de ne pas pouvoir compléter ce travail entamé ?
Bien sûr. Malheureusement, il n’y a rien de figé. On se rend compte qu’au fur et à mesure que les mois passent, il y a des dynamiques qu’on peut contrôler et d’autres pas. La seule chose que je pouvais contrôler, c’était l’énergie, le travail et la qualité que je pouvais amener derrière le club, l’équipe, les joueurs et mon staff. Il faut être honnête: si je sens que j’ai l’énergie pour compléter le travail qu’on a entamé, avec toutes les difficultés, je le fais et je vais bien le faire. Si je pense que je n’y arrive pas pour les raisons que je viens de citer, je préfère me retirer, ce ne serait pas honnête et loyal envers moi et les autres.

Que retiens-tu de ce second passage à Carouge ?
Je pensais faire plus de football et moins d’autres choses. On a dû faire plein de choses qui n’étaient pas prévues dans l’agenda, ça a pris beaucoup d’énergie et c’est pour ça qu’on est arrivés à cette décision. J’ai envie de remercier ma famille qui m’a toujours encouragé et les dirigeants, anciens et nouveaux pour la confiance. J’espère les avoir aidés dans cette transition, en particulier les nouveaux et le président Doglia. Je veux remercier mon staff car ce n’était pas facile de travailler dans ces conditions si particulières, et les joueurs qui sont des hommes au-delà des joueurs. Chaque personne est différente, de par sa culture et son expérience, et chacun m’a amené quelque chose. Tout cela va me permettre de me rendre meilleur et de repartir un jour en étant meilleur et plus complet en tant qu’entraîneur et en tant qu’homme et c’est ça qui est formidable.

Quelle sera la suite pour Claudio Morelli ?
Je compte me reposer. Après, dans le foot, tout peut arriver. Mais aujourd’hui, j’ai besoin de récupérer, de passer du temps. Je viens de fêter mon demi-siècle et chaque minute qui passe c’est carpe diem, c’est profiter. Ce nouveau paradigme qu’on a vécu avec cette crise sanitaire m’a aussi prouvé que je veux vivre de qualité et faire à fond tout ce que je fais. Si je reviens, ce sera à 100%, je serai dédié à la cause de mon futur club, que ce soit Etoile Carouge ou ailleurs, je voudrai travailler du matin au soir. Je veux vivre de ma passion, et je me donnerai les moyens pour le faire. Cela commence par me reposer et me consacrer à mes obligations professionnelles auprès de mon employeur dans le secteur bancaire. Pour l’instant, je n’ai rien de prévu, je n’ai pas d’agenda caché.

 

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