Le football corporatif à la croisée des chemins

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Bientôt centenaire, l’Association Genevoise de Football Corporatif continue de créer du lien social au sein des entreprises du canton, malgré la crise sanitaire. Elle pourrait mettre un terme au football à 11 pour se consacrer uniquement au football à 7 qui connait un grand succès.

Il y tout d’abord un acronyme qui prête à confusion : AGFC, pour Association Genevoise de Football Corporatif, qui gère les championnats des entreprises. A ne pas confondre donc avec l’ACGF, l’Association Cantonale Genevoise de Football. « Le football corporatif est un peu le parent pauvre du football de manière générale », regrette Massimo Gili, président depuis 30 ans, qui a également joué au CS Italien et exercé des fonctions à Etoile Carouge notamment.

Au sein du comité, il est accompagné d’André Dumartheray, responsable administratif, et Roberto Zezza, responsable des compétitions, deux anciens arbitres auprès de l’ACGF. Les trois compères, qui comptent une trentaine d’années chacun au sein de l’association, ont également fait partie du comité du CS Chênois Féminin au début des années 2000. La preuve que les liens entre l’ACGF et l’AGFC sont indéniables. « Nous avons des relations avec l’ACGF, par exemple si un arbitre est défectueux chez eux, ils nous en informent s’ils le jugent utile et vice-versa. Également pour des joueurs qui ont des longues suspensions », détaille Roberto Zezza.

« Cela n’a pas toujours été le cas, mais depuis quelques années, on a mis en place une collaboration et un dialogue avec l’ACGF, ajoute Massimo Gili. Et cela se passe très bien avec eux ». Malgré son manque de médiatisation, le football du monde du travail représente une part non négligeable avec plus de 70 de clubs actifs et plus de 2’300 licenciés dans le canton. « A chaque fois que nous évoquons ces chiffres, nous surprenons beaucoup de monde. Cela représente une jolie manne, mais pas assez reconnue », déplore le président.

Le succès du football à 7

Ce succès, l’AGFC le doit au football à 7, qui se joue sur un demi-terrain pendant l’automne, de septembre à novembre. 42 équipes ont pris part au dernier championnat d’automne, divisé en 4 ligues (A-B-C-D), dont la Ligue A a été remportée par l’équipe du CERN. Un chiffre en hausse ces dernières années.

« Nous avons commencé à réfléchir au football à 7 il y a 10 ans environ, pour répondre à une demande de certaines sociétés, se rappelle Massimo Gili. Inscrire une équipe demande moins de joueurs. Au niveau des terrains, c’est également plus facile puisque deux matchs peuvent avoir lieu sur un grand terrain. On s’est finalement dit que c’était une bonne alternative pour la deuxième partie de saison ».

Le football sur un demi-terrain demande moins de licences et permet aux joueurs plus âgés de tenir davantage le coup que sur un grand terrain. Trois ans après son lancement à Genève, le succès du foot à 7 ne cesse de croître. Pour Massimo Gili, il représente même l’avenir. « Au niveau européen, le football corporatif est plus sur des championnats à 7. Nous sommes membres de la World Corporate Football, qui organise des tournois à travers le monde, et ces derniers sont toujours à 7 joueurs. C’est l’avenir du foot corpo ».

CERN FC, vainqueur du dernier championnat à 7

Le foot à 11 en péril ?

Le revers de la médaille, c’est la baisse de participation dans le football sur grand terrain. « Le foot à 11 a perdu avec le Covid, poursuit le président. Nous avions un championnat à 64 équipes avant le Covid et l’année dernière il n’y avait plus qu’une trentaine d’équipes, donc environ la moitié. Ceci est dû aux sociétés qui sont un peu plus frileuses, peut-être ».

Le football corporatif se retrouve aujourd’hui à la croisée des chemins. La demande dictera l’avenir, mais si cette tendance continue à la baisse, l’association pourrait mettre fin au football à 11, au détriment du football à 7 : « Je ne vous cache pas qu’aujourd’hui, nous sommes en train de réfléchir à ne faire plus qu’un championnat de foot à 7, sur toute l’année, détaille Gili. Il y a encore des clubs qui nous demandent de faire championnat à 11. Pour l’instant, si on arrive à le faire, on le fera. Mais si les participants continuent à baisser, on se basculera sur un championnat total à 7 ».

Mais que les entreprises historiques du football corporatif comme le FC Rolex, le FC Police ou le FC Aéroport se rassurent : sur le court terme, le football à 11 n’est pas encore en péril. Le championnat reprendra au printemps avec pour l’instant 36 équipes inscrites.

La problématique des terrains

Un des problèmes récurrents du football corporatif est la disponibilité des terrains, qui est le véritable nerf de la guerre. Les clubs de l’ACGF ayant de plus en plus d’équipes juniors et féminines, cela réduit l’offre de terrains pour les matchs corporatifs. Voilà encore un argument en faveur du football à 7, où peuvent avoir lieu simultanément deux matchs sur le même terrain.

« Pour certaines communes, cela ne vaut pas la peine de faire venir le gardien du stade pour un match corpo, cela ne les intéresse pas », se lamente Massimo Gili, qui peut tout de même compter sur des partenaires de longue date comme les communes de Vernier, Lancy, Chêne-Bourg, Plan-les-Ouates ou encore la Ville de Genève.

Et d’insister : « Nous le répétons depuis plusieurs années : si chaque commune mettait juste une plage horaire à disposition par semaine, on ferait le championnat sans difficultés. Nous avons rencontré les communes genevoises à deux reprises pour faire passer notre message, expliquer ce qu’est le football corporatif mais ce n’est pas toujours facile. Certaines ne comprennent pas pourquoi il y a un championnat d’entreprises alors que des clubs existent déjà. Alors que ce sont deux choses différentes, on peut jouer le lundi avec son travail et le week-end avec son club ». 

André Dumartheray, Massimo Gili et Roberto Zezza, un trentaine d’années au service du football corporatif

Bientôt centenaire

Au-delà des problèmes logistiques, il y a tout un raisonnement à faire sur l’essence même du football corporatif. Incompris pour certains, indispensable pour d’autres, le football des entreprises crée indéniablement du lien social. « Pour nous, le foot corpo doit être un élément rassembleur au sein d’une entreprise », tranche Massimo Gili. Le fameux team building.

Créée en 1925, l’AGFC sera centenaire d’ici deux ans. Pour l’occasion, elle prévoit de marquer le coup : « Nous ne voulons pas être le comité du 100e anniversaire, nous préférons que ce soit une tierce personne et nous avons demandé à M. Longchamp, président du FC Aéroport, qui connaît bien la partie événementielle. Nous ne savons pas encore si l’événement sera sur un jour ou un format plus long, mais ce que je veux, c’est montrer à la population genevoise et à ses représentants de tous bords ce qu’est le football corporatif à Genève et quel impact il a sur son réseau d’entreprises ».

En attendant de savoir ce que l’association nous réserve pour son centenaire en 2025, rendez-vous dès le mois de mars pour la reprise du championnat, avec une comme cerise sur le gâteau les traditionnelles finales au mois de juin.

 

Association Genevoise de Football Corporatif
www.agfc.ch
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