« On ne peut pas se cacher »

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L’Euro 2025 démarre dans un mois. Prise de température avec Sandy Mændly, « Cheffe de Projet Heritage » au sein de l’ACGF.

L’attente est presque finie. Dans un petit mois, le 2 juillet, le coup d’envoi de l’Euro 2025 sera donné en Suisse. Genève fait partie des huit villes hôtes. Le Stade de Genève accueillera un total de cinq rencontres, dont le troisième match de poule de l’équipe de Suisse (contre la Finlande) ainsi que l’une des deux demi-finales (vos billets ici).

Derrière le caractère événementiel de cette compétition, dont le public suisse et genevois aura l’occasion unique de profiter, la question de l’impact qu’une telle manifestation pourra avoir sur le développement de notre football féminin cantonal est centrale. À Genève, Sandy Maendly occupe le rôle de « Cheffe de Projet Heritage » au sein de l’ACGF depuis maintenant plusieurs mois. Nous l’avons rencontrée pour une discussion sur son rôle à l’approche de cette compétition, et sur la portée que l’Euro pourrait et devrait avoir dans notre canton.

 

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En visite dans les clubs

“Le délai pour mettre en place des choses a été très court”, précise d’emblée Sandy Mændly, qui occupait encore le rôle de directrice sportive du Servette FC Chênois Féminin jusqu’en décembre dernier. “La priorité a été de faire le tour des clubs avec mes collègues Serge (Zanicoli, responsable football féminin ACGF, ndlr) et Sébastien (Fournier, responsable technique ACGF, ndlr) pour discuter avec les personnes responsables et faire un état des lieux”.

Cette prise de température au cœur des réalités locales a été largement satisfaisante : “Je ne cache pas que j’avais quelques craintes au début quant au fait de savoir si l’envie de développer le football féminin existait réellement ou pas dans le bassin du football genevois”, avoue l’ancienne internationale. “Mes craintes se sont vite dissipées. Les personnes que nous avons rencontré au cours des dernières semaines sont engagées, investies et montrent une réelle volonté de faire évoluer le football féminin. Ces rencontres ont été extrêmement positives, et c’était pour moi le plus important, savoir que les gens ne sont plus à convaincre”. 

 

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Faire les bons choix

Si la bonne volonté ne manque pas, certaines limites ne peuvent pas non plus être écartées de l’équation. Ces visites au plus près des acteurs.trices du football genevois ont en effet permis à Sandy Mændly de prendre – encore davantage – conscience des défis qu’il faudra relever au cours des prochains mois et années pour ne pas que le développement du football féminin genevois soit freiné : “J’ai surtout remarqué le contraste entre certains clubs de la ville qui saturent, et d’autres qui peinent à trouver des joueuses. Le manque d’entraîneur.e.s dans le football féminin est aussi une réalité. J’estime que filles doivent être les premières à vouloir s’investir dans leur football si elles souhaitent faire évoluer davantage les choses”. À ce propos, le premier cours d’animateurs.trices exclusivement féminin du mois dernier, qui avait rencontré un franc succès, ne peut qu’être une nouvelle réjouissante.

 

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Cette prise d’initiative individuelle doit aussi inévitablement être accompagnée par des prises de décision collectives cohérentes de la part des clubs. “Il faut que les clubs aient en tête l’objectif qu’ils ont lorsque ils ouvrent une section féminine”, rappelle celle qui sera co-commentatrice de l’équipe de Suisse féminine sur la RTS lors de l’Euro. “Cela commence par une structure junior solide. Le développement des joueuses doit être l’objectif prioritaire. Mettre en place des structures pour permettre aux filles de commencer le foot plus tôt est également très important, car la différence avec les garçons reste encore aujourd’hui abyssale”. Aucune école de football exclusivement féminine n’est par exemple en place, à l’aube de l’Euro, à Genève.

Des solutions à trouver

L’état des lieux dressé par Sandy Mændly et les pistes indiquées par cette dernière ont matière à convaincre. La question reste toutefois de savoir comment celles-ci seront compatibles avec la problématique principale à laquelle se heurte le football genevois dans sa globalité : celui des infrastructures. “La saturation, on y arrive, ou on y est même déjà”, a rappelé l’ex-Servettienne. “On imagine que la demande augmentera après l’Euro et on ne peut pas se cacher derrière le fait que cela va passablement compliquer l’organisation de certains clubs. C’est à ce moment-là que chacun devra y mettre du sien, car devoir refuser des jeunes filles qui souhaiteraient commencer le foot serait dramatique. On travaille sur des solutions pour pouvoir accueillir ces filles”.


La Genevoise a donné quelques exemples de solutions qui pourraient permettre de contourner – du moins en partie – ce manque de place pour accueillir de nouvelles footballeuses : “Je pense tout d’abord aux créneaux horaires. C’est aussi aux clubs de se responsabiliser et de privilégier certaines catégories de jeu plutôt que d’autres, mais aussi d’adapter le nombre d’entraînements en fonction des catégories. Pourquoi pas aussi parfois aller en salle chez les plus jeunes, ce qui permettrait notamment de développer des capacités techniques qui pourront être importantes pour plus tard. Notre rôle est d’anticiper ces problématiques et de chercher des solutions afin de pouvoir soutenir les clubs du mieux possible”.

Les solutions existent, même si un fossé peut parfois subsister entre la théorie et la mise en pratique. Il faudra néamoins faire en sorte de réduire ce gap au maximum, car ne pas surfer sur l’opportunité que représente l’Euro organisé en Suisse pour donner un coup de boost supplémentaire au football féminin genevois serait une réelle occasion manquée.


Photo : Pierre Albouy – OFF Magazine

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