Aïre-le-Lignon fait du stade un véritable lieu de vie

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Le projet Aïre 2010 propose une approche globale réunissant sport, santé, social et éducation au service des jeunes du quartier. Rencontre avec Christophe Dulex, l’un des instigateurs de ce projet unique. 

Si Le Lignon ne jouit pas d’une image dorée dans les consciences genevoises, le constat est le même pour son club de football. Il est vrai, le FC Aïre-Le-Lignon a parfois été le théâtre de bagarres, d’incivilités et de conflits. Face à cela, le club a mis en place un projet tout à fait novateur visant à s’intégrer pleinement dans la vie du quartier.

Approche globale

Le football dépasse le simple cadre sportif, et cela, les dirigeants du le FC Aïre-Le-Lignon l’ont bien compris. En mettant sur pieds le projet Aïre 2010, le club s’est associé à différents acteurs sociaux importants pour proposer davantage que du foot à ses jeunes. Ainsi, un partenariat a été conclu avec le Cycle d’Orientation du Renard afin que les devoirs puissent être faits au stade avant l’entraînement. Des répétiteurs sont aussi présents dans les locaux du stade où plusieurs ordinateurs ont été mis à disposition. Le groupe médical du Lignon contribue également à ce projet avec notamment une diététicienne qui informera les parents et les enfants qui en ont besoin. Finalement, le club pourra compter sur un employé à plein-temps financé en partie par l’Etat sous le statut des Emplois De Solidarité (EdS).

Même pour les pieds carrés…

Fondé en 1964, le FC Aïre-Le-Lignon compte aujourd’hui environ 600 membres répartis dans une vingtaine d’équipes. A deux pas du Lignon, le club est un véritable lieu de rencontre où se côtoient des dizaines de nationalités différentes. La première équipe fait figure de grosse cylindrée en 3ème ligue et occupe actuellement la 4ème place du championnat, mais le club mobilise surtout énormément d’énergie pour son mouvement juniors. Depuis quelques années, les filles ont également leur place dans les diverses équipes féminines du FC Aïre-le-Lignon.

Tandis que de nombreux clubs mesurent leurs performances en fonction des résultats sportifs, le Aïre-Le-Lignon cherche à offrir la possibilité à chacun, même aux « pieds carrés », de prendre du plaisir et de pratiquer le football dans un environnement sain.

Finalement, le projet Aïre 2010 montre bien que les clubs  s’insèrent dans une dynamique qui dépasse le simple cadre du football et qu’avec de l’engagement, ils ont la capacité d’améliorer les choses…

 

 

Entre football, intégration et éducation, Christophe Dulex, Vice-président du Club, a accepté de répondre à nos questions.

Christophe Dulex, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de Proxifoot ?
Je suis devenu vice-président du club il y a quelques temps, après être entré au comité, en tant que « papa » d’enfants du club passant par hasard par là, pour remplacer le trésorier qui avait quitté le club en cours de mandat. Assez rapidement, passant beaucoup de temps au bord des stades, ma formation sociale m’a fait m’intéresser aux problèmes d’organisation du travail, de dynamique de groupe et d’image du club plutôt qu’à la comptabilité.

Qu’est-ce qui différencie aujourd’hui le FC Aïre-le-Lignon des autres clubs genevois ?
Le FCALL est clairement un club de quartier qui a pour ambition de répondre aux demandes des jeunes qui fréquentent le stade y compris en dehors des heures dévolues à leurs entrainements. Notre vision médico-socio-sportive du football, est une approche globale de besoins de l’enfant, des adolescents, mais aussi des actifs, qui est assez peu répandue en Suisse. Et ce malgré des programmes nationaux ambitieux : pour combattre l’obésité, pour une meilleure alimentation, pour une activité physique régulière etc.

Quel rôle peut jouer un club de football dans un quartier comme Le Lignon ?
Le club et le stade peuvent devenir des éléments importants de la politique sociale d’intégration et de formation voulue par les autorités verniolanes. Nous tentons de répondre au postulat : Le stade est un lieu de vie.

Votre projet Aïre 2010 vient d’être lancé, quelle est la réaction des jeunes jusqu’à maintenant ?
Nous avons noté passablement de réactions positives. Les plus jeunes sont fiers que l’on parle de leur club dans la presse. Ils sont demandeur des activités « annexes » que nous proposons. Pour les jeunes plus anciens, un élan de solidarité s’esquisse : certains sont venus proposer leurs compétences car ils sentent qu’ils ont une place d’acteur dans ce projet.

Pensez-vous que le club de foot peut réussir là où l’école ou les institutions sociales donnent parfois l’impression d’échouer ?
Non, il serait illusoire de croire à une réussite en solitaire. La spécificité du projet est qu’il s’appuie justement sur le réseau en place et qui a déjà fait ses preuves (autorités, centres d’animation communaux, école primaire, cycle d’orientation, centre médical du Lignon, LaOla, répétitoires Ajeta,…). Ce n’est que dans une vision systémique que peut s’inscrire la résolution des problèmes de sécurité, d’intégration, de civisme et de santé liés aux grandes agglomérations suburbaines.

Pensez-vous que les clubs genevois oublient trop souvent de permettre aux joueurs moins doués de jouer au football ?
En effet, les entraineurs sont très vite tentés de faire jouer meilleurs éléments au détriment de ceux qui ont plus de peine et qui finissent par se tourner vers d’autres activités, quoiqu’en disent les présidents et directeurs techniques dans leurs beaux discours et dans les chartes qui fleurissent  un peu partout ! Certes, l’esprit de compétition doit être maintenu pour permettre à l’enfant de progresser, mais pas d’abandonner. Statistiquement nous savons tous que la plupart des enfants fréquentant les clubs de quartier ne deviendront pas des professionnels du ballon rond. Conscients de cette réalité, les éducateurs que nous sommes doivent dès lors avoir des objectifs réalistes et permettre un football « loisir » où les membres peuvent continuer de pratiquer une activité physique saine, en équipe, dans leur quartier… Mens sana in corpore sano !

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