HORS JEU : Un regard anthropologique sur le football et ses à-côtés

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Depuis le 21 mai 2008 et jusqu’au 26 avril 2009, le Musée d’Ethnographie de Genève propose une exposition entièrement dédiée au football. Au-delà du jeu qui passionne la terre entière, HORS JEU met en scène le football et son univers comme un révélateur de la complexité du monde dans lequel nous vivons.

Sur le modèle des produits financiers, les noms de joueurs de football défilent sur un écran, chaque joueur ayant un prix, à la hausse ou à la baisse. Il s’agit bien-sûr d’une métaphore, mais la vision ne paraît pas totalement dénuée de sens. « Tout s’achète, tout se vend » peut-on lire, « le football est un sport roi qui s’insère dans le système capitaliste ». Soucieuse de présenter les diverses facettes de l’univers du football, l’exposition aborde diverses thématiques telles que la marchandisation de l’être humain ou encore les enjeux économiques considérables qui touchent ce sport.

Dans le sillon du football-business, le luxe, les paillettes et la volupté y trouvent également leur place. Les WAGs en Angleterre ou le Veline en Italie, célèbres mannequins, actrices, chanteuses, mais surtout femmes de joueurs dont Victoria Beckham en est l’exemple emblématique, sont devenues des icônes de la société du spectacle. Aujourd’hui, elles font rêver de nombreuses jeunes filles.

Mais le football est également, et surtout, un art, une émotion qui fascine les foules depuis plusieurs générations. Les grands noms et les plus beaux gestes qui ont fait les matchs mémorables deviennent légende.

Objet de fascination, le football transcende des populations entières. Le supporter fait alors de la tribune un espace de liberté et d’expression où se mêlent passion et politique, avec ses excès parfois. Comment oublier Escobar, joueur colombien assassiné pour avoir marqué un autogoal en coupe du monde ou Di Canio et son salut fasciste suivi par les milliers de supporters. Tandis que du côté de Livorno on brandit fièrement le portrait de Staline.

Ainsi, le stade fait l’objet d’un contrôle sécuritaire toujours plus subtil et efficace. Le spectateur-consommateur est désormais sélectionné par le prix du billet, revu à la hausse. Quant aux tribunes populaires, pointées par des dizaines de caméras de surveillance, elles nous rappellent Orwell et son Big Brother.
L’univers du football renferme également son lot de rituels et de croyances. Eau bénite, fétichisme, rituels vodou ou tout simplement signe de croix avant un match, on cherche plus ou moins tous à maîtriser la part de chance et d’imprévu inhérente au jeu.

Finalement, cette exposition évoque le football dans ses multiples dimensions. Opium du peuple ou formidable outil de civilisation, il ne laisse personne indifférent. A la fois art, business, passion et violence, il renforce les identités et sa dimension populaire en fait un formidable objet d’étude anthropologique.

Jusqu’au 26 avril 2009
MEG | Conches  

 

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