Mondial féminin 2011 : le véritable envol ?

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Notre spécialiste du football féminin tire des conclusions très positives du dernier Mondial qui a vu les Japonaises créer la surprise.

La Coupe du Monde féminine vient de s’achever en Allemagne et les premières impressions qui ont suivi cette compétition, c’est que le football féminin a véritablement pris son envol. Toutes les équipes sont compétitives, il n’y plus de « petites nations » du football féminin et chaque équipe peut battre une grande nation. J’en veux pour preuve plusieurs exemples, en commençant par la finale que le Japon, malgré une nette domination américaine, a su attendre son heure, et réagir rapidement à chaque situation que les Américaines leur proposaient. Le jeu des Japonaises ressemblait d’ailleurs étrangement à celui de Barcelone, avec un jeu de passes en mouvement continu.


La belle Hope Solo est inconsolable, ce sont bien les Japonaises qui l’emportent (Source: Zimbio)

Autre exemple, la victoire des Françaises face à l’équipe anglaise, qui était pourtant donnée comme largement favorite dans cette confrontation, mais qui a subi un pressing tel que l’équipe tricolore a pu prendre le match en main et le dominer pendant une bonne partie. Seul le manque de réalisme au niveau des frappes et le talent de la gardienne anglaise a pu permettre à l’Angleterre d’aller jusqu’aux tirs au but. Mais l’équipe de France a su maîtriser ses nerfs et éviter le stress qui a perturbé les joueuses anglaises au moment de leur tirs.


Victoire des “Bleues” face aux Anglaises: le début de l’engouement de l’Hexagone pour le foot féminin ? (Source: BBC Sport)

Troisième exemple : le quart de finale entre le Brésil et les Etats-Unis. Même si les USA étaient l’équipe No1 mondiale, le Brésil l’avait battue lors de la dernière édition et possédait la meilleure joueuse du monde : Marta, élue 5 fois de suite Ballon d’or féminin (2006-2010). Le match fut de toute beauté avec des actions incroyables, des buts absolument magnifiques dont le dernier, par Abby Wombach à la dernière minute du temps supplémentaire des prolongations (122e). Le suspense des tirs aux buts a été total et la victoire des Etats-Unis récompense peut-être un meilleur collectif.


Malgré la meilleure joueuse du monde, Marta, le Brésil quitte la compétition en quarts face aux USA (Source: Zimbio)

Le plus grand exemple cependant restera le quart de finale entre l’hôte de cette Coupe du Monde, l’Allemagne (archi favorite et tenante des deux dernières éditions) et le Japon, 2ème de sa poule après une défaite en phase de poule face à l’Angleterre. L’Allemagne a dominé largement le match, mais les Japonaises ont déjoué les offensives allemandes, et ont souvent su se sacrifier pour empêcher le tir d’une adversaire. La gardienne japonaise a été très sollicitée mais a toujours répondu présente et sa défense fut héroïque.  L’élimination de l’Allemagne a été sans aucun doute le tournant de cette compétition.


108ème: Maruyama croise parfaitement devant la gardienne allemande pour LA surprise de la compétition (Source: Zimbio)

Il est à relever encore plusieurs choses :

   –    L’attitude des joueuses qui ont été très correctes : malgré parfois quelques décisions arbitrales quelque peu maladroites, il y a eu très peu de contestations et de discussions avec les arbitres. La discipline était d’ailleurs l’un des facteurs les plus importants à mettre en avant lors de cette Coupe du Monde car il y a eu très peu de cartons, tant jaunes que rouges. Et même lorsque ceux-ci ont été distribués, il n’y a pas eu de cris au scandale, les joueuses ont gardé leur tête froide, ont continué leur match ou sont sorties (dans les cas de cartons rouges) sans protestation (comme par exemple lors de la grande et de la petite finale).


Le fair-play des joueuses a été de mise (Source: Yahoo Sports)

   –    Le niveau de l’arbitrage a été assez correct, malgré quelques erreurs parfois grossières. Un exemple, lorsque la défenseuse de la Guinée Équatoriale, Bruna, a pu saisir le ballon de la main et le remettre à sa gardienne sans que cela soit notifié ni par l’arbitre ni par la juge de touche. Le niveau des arbitres féminins est en tout cas en nette amélioration et a été très bien noté par les autorités footballistiques.


L’arbitrage a (presque) toujours été à la hauteur (Source: Metro)

   –    Le niveau et la qualité du jeu a été phénoménale lors de cette Coupe du Monde : plusieurs joueuses ont su montrer d’énormes qualités techniques et une vision du jeu à faire pâlir certains machos qui pensent que ce sport n’est pas fait pour le sexe opposé. La beauté et la grâce de certaines des joueuses a également suscité l’enthousiasme de certains et a provoqué un engouement pour cette Coupe du Monde, tant au niveau des spectateurs, très nombreux dans les stades lors de l’événement, qu’au niveau des médias qui ont publié et montré beaucoup d’images de cette 6e édition du Mondial féminin.

L’espoir est que cette compétition puisse lancer véritablement une révolution au niveau du football mondial et prouver qu’avec peu de moyens, il est possible d’atteindre un niveau de jeu qui puisse être reconnu et susciter l’intérêt des médias. Certains joueurs auraient intérêt à prendre exemple sur ce que l’on a vu lors de ce magnifique tournoi mondial, car les simulations et autres protestations pour retarder le jeu sont d’autant de maux qui polluent le jeu masculin et rendent parfois indigestes les matchs pourtant alléchants sur le papier.


Les Japonaises, sacrées pour la première fois (Source: Zimbio)

Je crois qu’il faut absolument montrer les images de cette Coupe du Monde aux différentes écoles de football afin de rappeler que le football est d’abord un sport, un loisir pratiqué par des millions de gens et qui doit rester une compétition et ne pas devenir un affrontement violent rempli de haine et de vilains gestes.

Pour Proxifoot, Mike

 

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