Eddy Baccino, un air du Sud à la Californie

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Il y a maintenant presque 7 ans qu’Eddy Baccino a mis les pieds du côté de Vésenaz, plus exactement au Stade de la Californie, le terrain du FC Saint-Paul. Un club où il a rempli tous les rôles: joueur, entraîneur de gardiens, entraîneur juniors, responsable juniors, responsable technique et entraîneur de la première, le dernier rôle qu’il a entamé il y a un mois pour la seconde fois. Interview. 

 

Eddy Baccino, peux-tu te présenter à nos lecteurs de Proxifoot ?

Je m’appelle Eddy Baccino, je suis infirmier chez Foyer-Handicap, marié et père de deux petits garçons. Je pratique mon métier auprès de personnes handicapées, cérébro-lésées, le foot est donc une bouffée d’oxygène, une porte de sortie et ma passion.

En effet, j’ai joué pendant 20 ans en tant que gardien de but, de 6 à 27 ans sans interruptions : de mon premier club, Etoile Sportive de la Ciotat, à l’Olympique de Marseille de 12 à 16 ans, puis Haute-Savoie, CS Veigy, Douvaine, pour revenir au CS Veigy après deux saisons en Juniors Ligue, l’équivalent des A inter.

C’est à ce moment là, à 19 ans, que j’ai connu mon adjoint d’aujourd’hui : Patrick Favre dit “Souris”, qui fût mon entraîneur pendant de très belles années conjuguées de trois montées en sept ans. Et c’est ce même personnage qui m’a donné le gout d’entraîner : j’ai passé mes diplômes, fédéraux puis nationaux, français.

Puis, je suis arrivé au FC Saint-Paul pour la saison 2005-2006, sur un appel de Manuel Navarro, entraîneur de l’époque. Je devais venir en tant que 3ème gardien, puis les circonstances ont fait que je suis tombé sur un excellent numéro un et le club m’a alors proposé de m’occuper du spécifique gardien, en plus des Juniors D1. Par la suite, je suis devenu entraîneur adjoint de la première équipe, pendant 2 saisons, tout en étant entraîneur des juniors C.

En 2008-2009, le club décide de me donner ma chance en tant que nouvel entraîneur de la première. Une belle expérience… Nous finirons en roue libre avec un maintien acquis rapidement et un très bon second tour. Enrichi de cette belle aventure, je remets les clés de la première à Marcel Nobel et Florian Eder, avec le succès qu’on leur connaît.

Je décide de rester au Saint-Paul, de continuer dans ce club (malgré de nombreuses propositions), qui devient petit à petit… le mien ! Je repars à la base : responsable juniors et technique, ainsi qu’entraîneur des Juniors A.

Et là… Un plaisir incroyable va accompagner mes 30 derniers mois : une finale de Coupe, un championnat second degré, des équipes juniors présentes chaque année dans le groupe fort… avec, en novembre dernier, cette finale genevoise au Stade de la Californie contre UGS… A ce moment là, le Saint-Paul est présent au quotidien, j’y passe mes jours, mes soirs et certaines nuits, plutôt festives, il est vrai.

A présent, je suis lié à ce club… Donc comment refuser la première équipe ! Je continue, en revanche, mon travail de directeur technique et responsable juniors. Un rôle qui me tient à cœur avec des résultats qui arrivent aujourd’hui et qui arriveront certainement prochainement… En tout cas j’y crois fort.

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Avec les Juniors A, tu n’es pas passé loin de la montée en inter en novembre dernier (défaite contre UGS en finale). N’as-tu pas voulu conclure cet objectif et retenter une promotion au printemps prochain ?

En effet… Le choix fut difficile ! Les longues soirées de début décembre se traduisaient par autant de discussions avec mon adjoint, mon président… Et celle qui partage ma vie, ma femme. Puis après tout : quelle personne interne au club serait le mieux placée pour intégrer nos juniors en actifs (il y a une majorité de 1992 en juniors A). Avec un objectif majeur, le maintien. L’avenir du Saint-Paul, c’est eux.

De plus, je connais parfaitement l’effectif en place en première pour y avoir fait venir nombreux joueurs et avoir vu la totalité des matchs depuis 3 saisons. Alors oui, après avoir réfléchi, Patrick Favre et moi laissons notre place en juniors A pour prendre les rênes de l’équipe fanion.

Mais il ne faut pas croire que les juniors A ne seront pas compétitifs : ils ont un nouvel entraîneur, piqué à ETG. L’objectif est maintenu, celui d’être le plus performant possible, le contingent s’enrichit et le nouveau staff, emmené par Laurent Quetstroey, est tout aussi compétent, voire meilleur. De très belles performances sportives sont encore attendues du coté de la Californie !

Les Juniors A du FC Saint-Paul

Le contingent de la première équipe va-t-il être modifié ? Des juniors A vont-ils être intégrés en première équipe ?

Oui, c’est une certitude… 7 juniors A vont participer à la préparation, ils auront la chance d’être ensemble, d’arriver dans un groupe sain et en connaissance des enjeux sportifs mais aussi personnels.

Concernant le contingent, il sera fourni et pétri de qualité : outre les retours de Cosmadopoulos et Aubert de la 2ème équipe, Liegeois et Hadj, laissés de côté par mes prédécesseurs, sont à nouveau partants pour l’aventure. Mais il y a aussi Gueraichi et Gauthier, de retour de France voisine. Finalement, l’arrivée d’Ellegaard de Carouge est le joli coup de ce mercato… J’attends beaucoup de ces joueurs précités.

La grande force de ce groupe est présente également dans les joueurs piliers présents au club depuis plusieurs années déjà : de Tombeur à Cardoso, en passant par Pagura ou encore Al-Lagmich. Notre contingent sera de 30 joueurs, puis ramené à 22 lors du stage de préparation du 24 au 26 février prochain à Nice contre l’équipe CFA de mon ami René Marsiglia (ndlr : entraîneur de l’OGC Nice). Donc à ce jour, chacun a sa chance et ni mon adjoint ni moi-même n’avons des idées préconçues des 11 titulaires de notre premier match officiel à Plan-les-Ouates le 11 mars prochain !

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Ellegaard (à gauche), lors d’un match de 1ère ligue avec UGS

Ellegaard, parlons-en justement… Avoir à disposition un joueur qui était contingenté en Challenge League est une chance. Vas-tu construire l’équipe autour de lui ?

Je ne suis pas un entraîneur m’appuyant sur un joueur en particulier. Le foot est un sport collectif avec de fortes individualités, physiques, sportives et, surtout mentales. Avec « Souris » (ndlr : Patrick Favre), nous nous efforcerons de sortir le meilleur de chaque joueur, de chaque homme, pour construire un groupe : une équipe !

Il est vrai que l’arrivée de Fred Ellegaard est un joli coup, mais il faut qu’il s’adapte à la 2ème ligue, à son nouveau club et à ses coéquipiers ! Pour ma part, je serai très patient, il s’agit d’un jeune joueur, talentueux et rapide, il est vrai.

Le Saint-Paul est familial et convivial mais l’enjeu sportif primera sur le passé. Alors non, pas l’équipe autour de Fred, mais un groupe heureux de posséder un très bon joueur de plus dans notre lutte pour le maintien et la reconstruction.

 

Le Saint-Paul et toi, c’est une longue histoire. Tu avais déjà été à la tête de la première équipe alors qu’elle évoluait en 3ème ligue et qu’elle jouait le haut de tableau. Maintenant, l’équipe est en 2ème ligue et joue le bas te tableau. Ressens-tu la pression ?

Bon, pour être honnête… La pression existe, oui ! Mais que c’est bon… Personnellement, j’adore vivre des moments comme ça : un objectif, un programme alléchant, de valeureux adversaires de 2ème ligue… C’est pour ça aussi que nous avons accepté la mission.

De plus, il est vrai que ce club est en moi et que je me démultiplierai pour que les objectifs soient atteints. J’ai la chance d’avoir la confiance du Comité présidé par Claudio Fedele qui me donne carte blanche, et qui pense autant au mouvement junior qu’à la première équipe.

Alors oui, parlons de pression positive, d’une envie démesurée de réussir et de beaucoup de plaisir. En même temps, je pense que le maître mot de notre football devrait rester celui-là : le plaisir, la joie d’être ensemble et de créer quelque chose d’unique dans nos vies de passionnés par ce sport si fabuleux !

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Trouves-tu que des vrais « clubistes » comme toi se font de plus en plus rares dans le football en général et genevois en particulier ?

Oui, c’est vrai… Il en existe tout de même : regardez Daniel Villa à Veyrier ou encore David Joye à UGS ! A plus ou moins grande échelle, les gens sont aujourd’hui friands de prestiges, de gloire et même avides financièrement.

Le jour où l’argent dominera le sport amateur actif, je rangerai mon training et retournerai dans le monde des juniors.

A Saint-Paul tout est différent, les gens qui connaissent ce club peuvent en parler, on se trouve privilégiés à tout point de vue : surface d’entraînement, matériel, personnes dirigeantes… Et que dire de ce terrain, ce stade de la Californie où je suis resté invaincu pendant 2 ans (jusqu’à cette finale perdue contre UGS). Il  règne dans cette enceinte une atmosphère prenante, où le football transpire des murs du vestiaire. Un club véritablement particulier dans le paysage genevois.

Voila pourquoi j’y suis resté fidèle, que j’y ai fait venir des amis, des entraîneurs, des joueurs et, pourquoi pas, dans quelques années y faire débuter mes fils. Malheureusement, le plus grand n’à que 4 ans à ce jour !

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As-tu quelque chose à rajouter pour nos lecteurs ?

Oui, je voudrais souhaiter une excellente année à l’ensemble du football genevois et remercier Proxifoot pour ses divers reportages au cœur de nos clubs.

Par le biais de cette interview, j’aimerais remercier les juniors A de Saint-Paul pour ces moments magnifiques vécus en leur compagnie. Je profite également de cette tribune pour souligner l’engagement de tous les entraîneurs juniors œuvrant au Saint-Paul et noter leur excellent travail au sein du club.

 

 

 

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