Simon Meier: “Le foot romand ne va pas bien”

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Il est le seul journaliste sportif capable de titrer “FC Sion, le cœur et le jarret” ou de réaliser une interview fleuve (18’000 signes) de l’entraîneur biennois Philippe Perret. Simon Meier, ancien journaliste du quotidien Le Temps, a fait le saut dans le vide avant l’été en lançant son site Bloody Monday. On a bu une bière avec lui.


Simon, il faut pas être un peu barré pour lâcher le “média suisse de référence” et lancer un site sur le foot ?

Probablement un peu. Du moins, je ne peux pas l’exclure. Il y a dans tous les cas de l’insouciance dans cette aventure, mais il y a surtout de bonnes raisons de lancer Bloody Monday. Et après quelques mois d’existence, je n’ai pas un seul regret.

Bloody Monday, c’est quoi ? Ce foutu jour de la semaine où il n’y a pas de match ?
En quelque sorte. Quoique, dans ce monde, le foot c’est quotidien. Je me souviens avoir passé des soirées du lundi à regarder la Ligue 2 sur Eurosport avec son consultant Jean-Luc Arribart. Quand tu en arrives à ce point, c’est que tu n’es pas au top dans ta vie… C’était quoi déjà la question?

Bloody Monday, d’où vient le nom ?
Ah oui. C’est plusieurs choses à la fois. Bien sûr, il y a un clin d’œil à U2 et sa chanson Bloody Sunday. Mais c’est également tiré d’un match d’un sport qui est l’ancêtre du foot américain et qui avait lieu chaque lundi de la rentrée entre deux universités aux Etats-Unis. Apparemment, c’était vraiment “bloody”. La vérité, c’est que je n’ai pas trouvé mieux. Et puis je ne voulais pas quelque chose de trop “foot” du genre corner.com.

La page d’accueil du site, le 28 août dernier

Quant au contenu du site, comment le définirais-tu ?
Il se définit au jour le jour. L’objectif est d’envisager le foot de la façon la plus vaste possible, en tant que sport de compétition, mais aussi sous l’angle du phénomène de société. L’idée est d’aller gratter derrière le verni, de soulever de nouvelles thématiques. C’est par exemple la raison pour laquelle j’apprécie de réaliser de longues interviews. Prenons Pizzinat par exemple, je pense qu’il m’a dit des choses qu’on ne pouvait lire ailleurs. Parfois, il y a également la volonté  d’aborder les questions sur le plan humoristique.

D’ailleurs, ça ne t’a pas valu que des amis du côté des supporters servettiens….
C’est vrai et ça me fait plutôt rire. A vrai dire, je dois avouer que Servette est mon club de cœur et, en tant que journaliste, j’ai toujours cette crainte de favoriser l’un ou l’autre. Il faut bien avouer que la chronique en question où je comparais Servette à Usain Bolt n’était peut-être pas très claire. Moi-même je ne suis pas sûr d’y avoir tout compris d’ailleurs! Le même jour, j’étais reçu dans l’émission “Complètement foot” de Canal 9, en Valais, et j’ai été expulsé du plateau pour avoir pronostiqué une victoire servettienne en finale de la coupe de Suisse face à Sion.

Servette justement. Ça sent le sapin, selon toi ?
Disons que je trouve très bien que tout le monde appelle au calme…  La méthode Coué, ok, mais maintenant il faut gagner! Peut-être que certans joueurs se voient meilleurs que ce qu’ils sont. Pour moi, le maintien se jouera entre Lausanne et eux. Enfin, c’est plutôt ce que je crains.

Servette, 2 points seulement au compteur après 7 matchs (Photo: IV Sport)

A part Sion, le foot romand est un peu cramé, non ?
Le foot romand ne va pas bien, effectivement. Paradoxalement, le foot suisse ne s’est jamais aussi bien porté. Il y a des clubs intelligents qui forment des joueurs avec des compétences et de la stabilité. Mais en Suisse romande, je ne vois pas de ligne claire. Il y a un manque de vision. Peut-être que le potentiel économique est moins important par ici, mais j’en arrive à la conclusion que le foot est plus important outre-Sarine.

Et le foot régional, tu y jettes quand même un œil parfois ?
Ce serait mentir de dire que je jette un œil. En tant que joueur, j’en suis sorti à 19 ans (ndlr: Simon Meier a joué à  Etoile Carouge notamment) pour y faire un retour peu concluant en 5ème ligue et en vétérans du côté de Compesières et du stade Alfred Comoli. En revanche, à chaque fois que je retrouve ces terrains que j’ai fréquentés par le passé, ça me parle. Il y a une fibre en moi qui n’est pas morte. Et qui sait, peut-être que Bloody Monday me permettra de reprendre contact avec le foot des talus.

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