Christian Frutiger : « Je suis trop vieux pour les vétérans »

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Proxifoot est allé à la rencontre de l’éternel portier de 47 ans, actuellement au Grand-Saconnex.

A 47 ans, le gardien de la première équipe du Grand-Saconnex ne se voit pas chez les plus de 32 ans. Sans doute a-t-il raison, lui qui avait fait un passage chez les seniors… il y a 12 ans. Avec son léger accent suisse-allemand, ce charmant Bernois d’origine revient sur les moments et les hommes qui ont marqué une carrière longue comme le bras, mais pas comme un jour sans pain.

 

Christian, tu n’as pas l’air d’avoir envie de jouer en vet’, c’est bien juste?
Je suis presque trop vieux pour ça, ils ont tous 32 ans! (rires). Plus sérieusement, je ne trouve pas très intéressant pour un gardien de jouer en vétérans: la plupart du temps, soit tu domines totalement ton adversaire, soit tu prends l’eau. Alors je prends du plaisir avec les actifs et ça me fait du bien de bouger 2-3 fois par semaine.

Surtout que tu n’as pas un métier de tout repos (ndlr, il est chef adjoint des affaires publiques chez Nestlé International, à Vevey)?
Oui, c’est vrai. Alors c’est parfois un peu serré pour venir m’entraîner trois fois par semaine. A cela, il faut ajouter la famille et les voyages professionnels. Mais le foot reste essentiel à mon équilibre pour décompresser d’un boulot qui est prenant.

Grand-Saconnex vise le maintien en 3ème ligue.

Avant de travailler chez Nestlé, tu étais délégué du CICR. C’est plutôt rare de voir un joueur de « talus » avec un tel parcours professionnel…
C’est vrai. Mais, pour moi le foot a aussi une fonction sociale d’intégration. Je veux toujours gagner, bien sûr, mais j’aime l’idée de partager quelque chose avec des gens très différents. Finalement, le foot amateur, c’est la vraie vie. Même quand j’étais en mission pour la Croix Rouge en Colombie, en Tchétchénie ou en Afghanistan, je n’ai jamais réussi à me passer du foot. Je me souviens de matchs dans des bases militaires ou sur des parkings poussiéreux avec mes collègues Afghans contre des chauffeurs de camions Tadjiks.

Dans cette longue carrière, quel souvenir garderais-tu en tête, s’il ne fallait en garder qu’un ?
Difficile, il y en a tant. Mais j’ai un excellent souvenir de quand j’avais 15 ans et je jouais à Kirchberg, dans le canton de Berne où j’ai grandi. J’ai alors été sélectionné en sélection suisse M16 et pour mon premier match international, nous avons joué contre l’Allemagne, dans un stade de 10’000 spectateurs plein à craquer..

Et à Genève?
Je garde en mémoire mes années à Etoile-Carouge avec Gérard Castella. C’est un entraîneur qui a une connaissance extraordinaire du foot. Selon moi, il a été sous-évalué et je me dis qu’il aurait pu avoir une carrière à très haut niveau, comme celle de Lucien Favre par exemple. Comme souvent à Genève, il a manqué un petit truc pour que sa carrière décolle. J’en profite pour avoir une petite pensée pour Pierre Laperrouza, malheureusement décédé, qui entraînait la « 2 » de Carouge quand je suis arrivé à Genève et pour qui j’ai fait quelques piges à Cologny.

Le gardien a notamment porté les couleurs d’Etoile-Carouge en LNB.

Tu dis que les Genevois peinent à percer hors du canton. Tu penses à d’autres joueurs en particulier?
Oui, j’ai joué avec d’excellents joueurs. Dans ma génération, Farminio Isabella, Domingo Rodrigues ou Antonio Regillo étaient clairement au-dessus de la moyenne. Mais je me rends compte qu’il est toujours difficile de sortir de Genève. Ceux-là en avaient clairement le potentiel.

Parlons du présent et de ton équipe actuelle. Gros mercato hivernal au Grand-Sac’, n’est-ce pas ?
Le premier tour a été difficile. Nous avions essayé de construire une équipe jeune : sans moi, la moyenne d’âge était parfois inférieure à 20 ans. On a pris peu de goals, mais on a eu la poisse, la réussite n’était pas de notre côté. Alors il fallait agir et les dirigeants ont pris leurs responsabilités. Pour les arrivées, comme souvent à Genève, il s’agit d’un groupe de copains qui a envie de jouer ensemble. J’ai vécu la situation contraire quand je jouais à Régina, avec une équipe presque complète qui est partie. Ce n’est jamais facile pour le club qui perd des joueurs, mais cela fait partie du foot amateur..

Que penses-tu de tes nouveaux coéquipiers?
Il y a des joueurs intéressants. Maintenant, il va falloir créer quelque chose ensemble. On s’entend très bien en dehors, mais il faudra traduire cette entente sur le terrain. Cela prendra quelques temps, mais il faudra faire vite car l’objectif est de se sauver et construire l’avenir avec de nouvelles ambitions..

Tu parles d’avenir du club. Est-ce qu’on te verra encore au Grand-Saconnex à 50 ans?
Vu mon âge, il est clair que mes jours sont comptés. Donc je vais déjà finir la saison et on verra pour la suite. Pour l’instant, je ne sais pas si je continuerai.

Le verra-t-on encore sur les terrains à 50 ans?

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Le parcours de Christian Frutiger 

1973-1986 : FC Kirchberg – juniors, à partir de 15 ans en première équipe (c’était autorisé à l’époque) en 3ème et 2ème ligue. Sélections bernoises, puis sélection suisse des M-16.
1986-1989 : Etoile Carouge FC – 2ème ligue, puis LNB
1989-1990 : UGS – 1ère ligue
1990-1992 : FC Collex-Bossy – 1ère ligue
1992-1993 : FC Grand-Lancy – 1ère ligue

De 1993 à 1999, il part en mission à l’étranger pour le CICR

1999-2000 : FC Cologny Geneva – 2ème ligue
2000-2001 : FC Etoile Espagnole – 2ème ligue
2001-2002 : FC City – Vétérans et 3ème ligue
2002-2011 : Athlétique Régina FC – 2ème, puis 3ème ligue
2011-2013 : FC Grand-Saconnex – 3ème ligue

 

Photos : IV Sport

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