Chez les Formenti, le foot se joue à trois

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Tous les habitués des terrains genevois ont probablement déjà croisé l’un des frères Formenti. Et si ce n’est pas l’un, alors c’est l’autre. Rencontre avec une fratrie où règnent foot et bonne humeur.

Les nostalgiques se souviendront des frères De Boer ou Laudrup. Les jeunots vous parleront des frères Ayew ou Boateng. A Genève aussi, il y a des fratries dans le football. Après nous être penchés sur les frères Cardoso, nous nous intéressons cette semaine aux Formenti.

L’aîné, c’est Stéphane (25 ans). Pur produit de la formation grenat, il se retrouve propulsé à 19 ans en première équipe d’un Servette condamné à repartir en 1ère ligue après la faillite. Il fête la promotion en Challenge League. Il s’en va ensuite du côté de Meyrin où, après quatre ans couronnés de succès en 1ère ligue, une blessure le contraint à mettre le football au second plan. Il s’apprête aujourd’hui à reprendre la compétition avec l’ambitieuse équipe d’Interstar, en 3ème ligue.

De son côté, Adrien (22 ans) compte déjà plus de quatre saisons en 1ère ligue. Après avoir fait ses gammes avec les juniors du Servette et de Meyrin, il se révèle en 2ème ligue interrégionale dans les rangs du FC Plan-les-Ouates et c’est logiquement qu’il se fait une place en 1ère ligue avec UGS. Après quelques va-et-vient, il est désormais de retour sous les couleurs meyrinoises et vise l’ascension en 1ère ligue promotion.

AdrienF-Meyrin

Adrien, sous ses actuelles couleurs du FC Meyrin (Photo: IV Sport)

Quant à Alexandre (19 ans), c’est le cadet. Lui aussi passé par les juniors de Servette et de Meyrin, il évolue depuis deux saisons avec la première équipe du FC Versoix en 2ème ligue. A la Bécassière, il s’impose vite comme un élément essentiel de l’équipe dirigée par Auro Duarte.

Depuis plus de dix ans donc, les trois Formenti écument les terrains genevois. Et ce ne sont pas leurs parents qui diront le contraire. « Même s’ils n’étaient pas forcément mordus de foot au départ, nos parents ont été obligés d’aimer cela », raconte Stéphane. Les week-ends sont chargés et il n’est pas rare de voir les parents Formenti courir d’un stade à l’autre pour ne pas rater une miette des performances de leurs garçons.

La passion jusque dans le salon

Tout ceci ne s’arrange pas une fois les Formenti rentrés à la maison. Alors que Stéphane et sa mère sont d’inconditionnels supporters de la Juve, Adrien et son père n’ont d’yeux que pour l’Inter. Les soirées devant la TV sont donc tout aussi animées que les après-midis au bord des terrains. Bref, vous l’aurez compris, chez les Formenti, on respire foot.

Malgré cette passion sans égal, les jeunes Formenti n’en ont pas oublié leurs cahiers pour autant. En effet, tous trois se montrent aussi à l’aise dans leurs études que balle au pied. « Concilier les études et le sport de haut niveau est devenu très difficile aujourd’hui », s’accordent Adrien et Alexandre. Pourtant, Stéphane a terminé son diplôme à la Haute Ecole de Commerce et Adrien est en passe de faire de même à l’Institut des Sciences du Mouvement et de la Médecine du Sport. Alexandre a lui terminé sa maturité et rejoindra d’ici peu les bancs de l’université.

Trois frères, trois styles

Sur le terrain, chacun impose son style. Le petit dernier, Alexandre, s’impose comme le « technard » de la famille. Evoluant en position de meneur de jeu, il compense son déficit physique par une aisance technique et une vision de jeu au-dessus de la moyenne. Quant à Stéphane et Adrien, ils évoluent tous deux au poste de défenseur latéral. Aucune similitude cependant dans leur jeu. « Stéphane c’est Gattuso, alors qu’Adrien c’est Zambrotta », résume leur frère. Adrien, rapide et puissant, aime aller porter main forte à ses attaquants en leur faisant profiter de sa qualité de centre. A l’inverse, Stéphane, défenseur rugueux à l’ancienne et éternel adepte des Copa Mundial, préfère rester derrière, faisant preuve d’une intransigeance défensive sans faille.

Ici aussi, les vannes fusent entre les trois frangins. Selon Adrien, « Alexandre doit absolument soigner sa nonchalance chronique ». En guise de revanche, Alexandre n’hésite pas à comparer Adrien à Brandao, en référence à ses lacunes devant le but adverse. Enfin, Adrien se fait tacler sans ménagement sur ses présences répétées à l’infirmerie. « Il est tellement peu souvent sur le terrain qu’on ne sait même plus très bien comment il joue », le taquine Alexandre.

Le plaisir avant tout

Comme tout jeune footballeur, les Formenti avouent avoir rêvé à une carrière. Forts de leur apprentissage au sein des juniors du Servette ou de Meyrin, on aurait pu les croire promis au haut niveau. Les circonstances et leurs parcours respectifs les ont cependant amenés à se contenter d’évoluer en 1ère ligue, voire au niveau régional. Pourtant, pas la moindre trace de regrets ou d’amertume. « Je peux dire aujourd’hui que j’ai eu tout autant de plaisir à jouer avec Servette contre l’Allemagne de Schweinsteiger, Lahm et autres Ballack (Ndlr : en match amical en 2006), qu’avec US Lecce dans le championnat de 4ème ligue genevoise », s’amuse Stéphane. Si leurs ambitions ont changé, tous les trois répondent d’une seule voix que désormais leur motivation c’est « le plaisir avant tout ».

Stéphane-Servette

Cela ne pose aucun problème à Stéphane de tirer le maillot de Podolski lors d’un amical contre l’Allemagne…

Le plaisir, certes. Mais lors des rares occasions où les Formenti ont été adversaires sur le terrain, pas question de se faire des cadeaux. « Je ne vous raconte pas l’ambiance à la maison la semaine précédant le match… », se souvient Alexandre. Si les Formenti ont déjà été adversaires, voire coéquipiers (Stéphane et Adrien ont joué ensemble une saison à Meyrin), tous les trois partagent le projet d’être un jour réunis sous le même maillot. « Oui, j’espère vraiment qu’un jour nous pourrons jouer tous les trois ensemble. » Le vœu d’Alexandre résonne presque comme une évidence mais reste musique d’avenir. En attendant, les Formenti continuent leur route, gratifiant les terrains genevois de leur talent et de leur sourire.

Kosova-Versoix

Alexandre, lors d’un récent match de 2ème ligue entre Versoix et Kosova (Photo: C.M. Trigo)

 

Un joueur modèle

Stéphane : Bixente Lizarazu.
Adrien : Javier Zanetti.
Alexandre : Don Andrés Iniesta.

Sur le terrain, lequel…

…marque le plus souvent ?

Stéphane : Aucun, je crois que nous souffrons d’un problème familial devant le but.
Adrien : Alexandre.
Alexandre : Moi, et de loin.

…est le plus doué techniquement ? 

Stéphane : Alexandre.
Adrien : En tout cas pas moi.
Alexandre : Moi.

…est le plus nerveux ?

Stéphane : Moi.
Adrien : Stéphane.
Alexandre : Stéphane.

…va le plus vite ?

Stéphane : Adrien.
Adrien : Moi (et ce n’est vraiment pas difficile).
Alexandre : Adrien.

…est le plus souvent blessé ?

Stéphane : Adrien.
Adrien : Oui, je sais…
Alexandre : Adrien.

A la maison, lequel…

…cuisine le mieux ?

Stéphane : Adrien.
Adrien : Moi.
Alexandre : Adrien.

…mange le plus ?

Stéphane : Joker.
Adrien : Stéphane.
Alexandre : Stéphane.

…est le plus bordélique ?

Stéphane : Alexandre.
Adrien : Les deux autres.
Alexandre : Stéphane.

…est le plus fainéant ?

Stéphane : Alexandre.
Adrien : Les deux autres.
Alexandre : Moi.

A FIFA, le patron, c’est…

Stéphane : Moi.
Adrien : Alexandre.
Alexandre : Moi.

Si vous deviez un jour jouer ensemble, ça serait…

Stéphane : Difficile pour eux, car je serais très exigeant.
Adrien : Le bordel…
Alexandre : Legen – wait for it – dary !

Cette année, le champion d’Italie sera…

Stéphane : La Juve.
Adrien : L’Inter (sur le tapis vert).
Alexandre : La Lazio (juste pour embêter mes frères).

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Pour Proxifoot, Ludo

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