Les gardiennes genevoises à la loupe

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Proxifoot vous invite à mieux connaître les gardiennes des trois principales équipes féminines du canton de la saison 2012-2013.

C’est un poste qu’en principe, peu de gens ont envie d’occuper. Certains disent même que c’est le poste le plus ingrat dans notre sport, à part celui d’arbitre. Sans aller si loin, il est vrai que c’est un poste avec de lourdes responsabilités, qui ne laisse pas le droit à l’erreur et qui peut changer le cours d’un match. Mais c’est aussi un poste-clé, qui peut s’avérer déterminant et permettre aux meilleurs de briller. Plonger dans les pieds de ses adversaires, c’est déjà fou en soi, mais quand il s’agit de football féminin, c’est encore plus impressionnant.

A travers les yeux des trois meilleures gardiennes actives genevoises de la saison 2012-2013, nous allons vous faire comprendre leur envie de devenir gardiennes, leur passion du football et leur poste au sein de leurs équipes respectives. Les trois gardiennes ont des expériences diverses, des approches différentes quant à leur envie de prendre les gants, mais les trois parlent ouvertement de leur passion pour cette position si difficile mais pourtant tellement importante.

Nous commencerons par la plus jeune des trois : Ana Castro (ndrl: sur les feuilles de match, son nom est Ana Silva), âgée de 21 ans et qui joue au FC Aïre-le-Lignon. D’origine portugaise, le football a toujours été dans ses gênes. Elle a pratiqué le futsal, joué à tous les postes connus sur le terrain de football jusqu’au jour où, il y a 4 ans, Aïre n’avait plus de gardienne titulaire. Elle s’est proposée de donner un coup de main et, depuis, elle ne quitte plus les cages, où elle est décisive quasiment à chaque match de l’équipe entraînée par Walid Taieb.

Castro-Aïre

Castro, lors d’un derby contre Chênois la saison passée (Photo: Shooting Foot)

Malgré de fortes réticences au début, aujourd’hui elle ne changerait pas son rôle au sein de l’équipe contre son ancien poste en défense. De nature calme, responsable et obstinée, sa personnalité évolue sur le terrain afin de montrer à sa défense qu’elle dirige dans ses 16 mètres et que ses coéquipières peuvent lui faire confiance.

La seconde gardienne à vous présenter, c’est Stéphanie Meylan, 27 ans, qui a évolué dans les trois principaux clubs genevois puisqu’elle a été joueuse au Signal FC Bernex-Confignon avant de passer par Aïre-le-Lignon pour finalement atterrir au FF Chênois au poste de gardienne, où elle vient de connaître une promotion en LNB et une victoire en coupe genevoise au terme de la saison passée. Malgré une titularisation récente à ce poste, elle a déjà engrangé beaucoup d’expérience et le fait d’avoir été joueuse lui a permis de s’adapter rapidement aux exigences du poste, qu’elle imagine ne pas convenir à tout le monde.

Cs Chênois vs Fc Bernex féminine

La gardienne chênoise en action lors de la dernière finale de coupe (Photo: OneClick)

Sa compréhension du terrain l’aide beaucoup dans sa relation avec son équipe et son approche zen permet à son équipe de rester calme durant les matchs. Sa famille la soutient, malgré quelques réticences au début sur le poste de gardienne, et elle peut compter parfois sur leur présence au bord des terrains. Ayant débuté tardivement le football, à l’âge de 16 ans, elle savait qu’elle ne pouvait prétendre à en faire une carrière mais il n’a pourtant pas fallu longtemps à Stéphanie pour qu’elle puisse faire partie des titulaires dans les équipes où elle a évolué.

La dernière gardienne qui se présente à nous, c’est Nathalie Silverman, la plus expérimentée du canton (38 ans) et désormais jeune retraitée des cages de son club de cœur, le Signal FC Bernex-Confignon. Depuis toute jeune, la passion du football était là, et sa mère finit par lui trouver un club féminin. Elle a débuté sa carrière au FC Vernier, avant que l’équipe s’en aille vers le coteau bernésien. Au début, elle avait simplement voulu remplacer la gardienne blessée à l’époque, mais vu sa progression rapide, elle a vite compris qu’elle avait trouvé sa place dans l’équipe.

Cs Chênois vs Fc Bernex féminine

Silverman lors de la finale de coupe genevoise perdue en juin dernier contre Chênois (Photo: OneClick)

Depuis 1993, elle a vu et expérimenté toutes les évolutions du poste de gardienne et a vécu toutes les joies et peines qu’il procure. Mais la saison 2012-2013 marquera la fin d’une époque car Nathalie a pris la décision de mettre fin à sa carrière en tant que joueuse, mais prendra la direction des entraînements des gardiennes du club dès le début de la nouvelle saison.

Dans le football féminin, il y a une notion d’amitié qui est plus fortement ressentie. C’est de là que provient l’ambiance dans l’équipe et c’est ce qui fortifie le groupe. Le rôle de la gardienne est très important dans cet équilibre du groupe et sans une personnalité forte, acceptée de toutes, c’est souvent très difficile d’avoir une équipe performante.

L’évolution durant les années du poste de gardienne a suivi d’assez près celle des hommes. Il faut désormais de plus en plus être une joueuse de champ plutôt qu’une gardienne cloîtrée dans les 16 mètres comme c’était le cas il y a une quinzaine d’années. Nathalie relève qu’un jour, lors d’un entraînement donné par Gérard Castella à l’équipe féminine du Signal, celui-ci avait déclaré que ceux et celles qui jouaient à ce poste étaient des fous furieux. Eric Pédat, son gardien de l’époque, en sait quelque chose !

Les trois gardiennes sont assez proches dans leur vision de leur rôle au sein de l’équipe : ne pas avoir peur d’aller au contact, parler à la défense pour la rassurer, ne rien prendre pour acquis et toujours savoir passer à autre chose après un but ou un mauvais match, autrement le doute s’installe très vite.

Ana Castro relève que le soutien famillial est un facteur très important et leurs encouragements permettent de se sentir soutenue, ce qui rassure beaucoup et permet aussi de passer rapidement à autre chose. Nathalie a également toujours pu compter sur le soutien de ses parents, son père ayant été durant plus de dix ans, le responsable de la section féminine du club et son frère Alexandre l’a coacheé durant quelque temps. Il en va de même pour Stéphanie qui voit régulièrement sa famille venir la soutenir au bord des terrains.

Ana-Castro

Ana Castro place son mur lors d’un match de la saison 2012-2013 (Photo: Shooting Foot)

Les trois gardiennes ont cependant une vision différente lorsqu’on leur demande s’il y a une différence entre l’approche masculine et celle du jeu féminin. La gardienne d’Aïre, Ana Castro, pense que les entraînements chez les garçons sont plus intenses, mais que les filles sont plus perfectionnistes en général, alors que l’expérimentée gardienne bernésienne, Nathalie Silvermann, pense qu’au contraire, il n’y pas de différence, à partir du moment où l’entraîneur n’en fait pas. Stéphanie Meylan, le dernier rempart du FF Chênois, soutient cette vision, mais rajoute qu’il y a plus agressivité dans le jeu masculin et la puissance des frappes est également un facteur qui différencie le jeu féminin de celui des hommes.

Le développement du football féminin en Romandie a un temps de retard et de ce fait, le niveau des gardiennes a aussi un léger temps de retard par rapport au reste de la Suisse, mais il y a de plus en plus d’équipes féminines qui se lancent dans le canton, et cet écart pourrait bien rapidement être réduit. Mais pour ça, Il faut travailler encore plus au niveau des juniors.

 

INTERVIEW CROISÉE

Un joueur ou une joueuse modèle ?

Castro : Fatmire Lira Bajramaj et Manuel Neuer.
Meylan : Hope Solo.
Silverman : Hope Solo et Grégory Coupet.

Quel est ton point fort ?

Castro : Obstinée.
Meylan : Je dirige ma défense.
Silverman : Il faudrait poser la question aux joueuses avec lesquelles je joue…

Quelle est la qualité qu’il te manque pour tout stopper ?

Castro : Je dirais que quelques centimètres de plus ne me feraient pas de mal.
Meylan : Mon manque d’expérience… mais j’y travaille.
Silverman : D’avoir plusieurs bras et des ressorts aux pieds !

Quelle adversaire a été la plus coriace dans ta carrière ?

Castro : Aucune qui ait marquée mon esprit.
Meylan : Les joueuses du FC Aïre-le-Lignon.
Silverman : Les joueuses du FC Etoile-Sporting m’ont toujours fait l’effet de “bêtes noires”…

Est-ce que tu as déjà été blessée ?

Castro : Oui, quelques fois, mais rien qui m’ait empêché d’être alignée.
Meylan : J’ai eu des coups mais rien de grave (je touche du bois!).
Silverman : Je ne compte plus le nombre de fois…

Ton plus grand souvenir en tant que gardienne ?

Castro : Je me souviens d’un match de Coupe Suisse contre le FC Stade Nyonnais à Aïre, où nous sommes allées aux penalties, j’en ai arrêté 4 et permis à mon équipe de remporter le match.
Meylan : La victoire en Finale de Coupe Genevoise 2012 face à Aïre-le-Lignon
Silverman  : Je me souviens d’avoir joué au stade des Charmilles avec mon équipe de Bernex… Il y a très longtemps !

charmilles

L’expérience de Silverman aux Charmilles

Ta plus grosse déception ?

Castro : Aucune en particulier, quelques buts encaissés bêtement mais rien de particulier.
Meylan : Lorsque notre équipe ne gagne pas face à des adversaires dites plus faibles en ayant joué à leur niveau.
Silverman : De ne pas être née plus tard, le football féminin étant plus reconnu à nos jours qu’il y a 20 ans…

Cette année, le vainqueur de l’Euro Féminin en Suède sera (ndlr: question posée en juin)…

Castro : L’équipe allemande.
Meylan : L’Allemagne.
Silverman : Peut-être que l’Angleterre tirera son épingle du jeu.

 

 

Pour Proxifoot, Michael.
Photos : OneClick-Photo & Shooting Foot

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