Une mi-temps de trop pour Veyrier

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Les vainqueurs de la coupe genevoise s’écroulent en seconde période face à l’ogre bernois (0-8). Un résultat anecdotique eu égard à la charge émotionnelle engendrée par la visite des actuels leaders de Super League au pied du Salève. Récit d’une rencontre hors-norme au fil des émotions veyrites.

Jeans et chemise noire. A tout seigneur tout honneur, Daniel Villa avait promis de délaisser le training pour accueillir dans son jardin de Veyrier-Village les 11 titres de champion et les 6 coupes de suisse que pèse le BSC Young Boys. Petit effort pour une grande affiche et les spectateurs ne s’y trompent pas puisqu’ils sont beaucoup à être arrivés jusqu’à une heure en avance malgré le soleil de plomb.

Alors que dans les tribunes montées pour l’occasion, les spectateurs plaisantent sur le nombre de buts qu’affichera le panneau à la fin de la rencontre, sur le terrain, l’ambiance est plus tendue. Les visages sont fermés et les joueurs s’échauffent consciencieusement tandis que Daniel Villa fait les cent pas le sourire aux lèvres. Sûr de son coup le technicien veyrite ? Pas le moins du monde, mais il avait préparé ses hommes : « J’ai tenté d’amener des éléments tactiques à mes joueurs en décortiquant le jeu de Young Boys en analysant des vidéos de leurs matches. On a ensuite établi un plan de jeu afin de bien défendre et tenter de les surprendre, mais on n’a pas eu les moyens de le faire car ils sont vraiment très forts. ». Les 2’150 spectateurs présents ce samedi – record absolu – ne lui donneront pas tort.

Batardon héroïque

Pourtant, loin d’être équilibré, le match ne se déroule pas comme l’on aurait pu le prédire. Pas tout à fait dominateur, parfois même carrément acculé, Veyrier résiste bien, porté par la motivation de ceux qui pensent que lorsque l’on n’a aucune chance, autant la jouer à fond. « Pas besoin de motiver qui que ce soit avant le match car tout le monde était très excité, nous confie le capitaine Cyril Fracheboud, mais j’ai tout de même rappelé la chance qu’on avait d’être là et donc conseillé de profiter un maximum de tous ces moments en donnant tout ce qu’on avait. ». Et ses coéquipiers l’ont fait.

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Le capitaine Fracheboud face au Bernois Scott Sutter

Malgré l’ouverture du score tout de même précoce de Kubo dès la 11ème minute de jeu, la solidarité des hôtes est impressionnante. Les minutes s’égrènent et les Bernois pêchent à la finition. Afum enchaîne les maladresses et lorsque le ballon est cadré, c’est Jérôme Batardon qui s’impose. Tout bonnement héroïque en première période, le portier veyrite a longtemps maintenu son équipe à flot alors que sa défense étaient malmenée par les longs ballons bernois dans le dos des latéraux. Mais plier n’est pas rompre, et le petit poucet de ce match résiste si bien que le score n’évolue pas jusqu’au thé.

Satisfaction légitime des acteurs qui n’en espéraient pas tant. Lionel Jacot, le courageux milieu de terrain, nous fait part des impressions du groupe : « A la mi-temps, on était vraiment satisfait d’être mené uniquement de 1-0. On était fiers et très excités par ce résultat qui nous permettait d’y croire. Quoi qu’il en soit, une partie de l’objectif était atteint. » Analyse partagée par son entraîneur qui a cherché à trouver les bons mots pour galvaniser son équipe. « Je me suis efforcé de les encourager à se défoncer, à se surpasser ! En étant menés qu’un à zéro, tout restait possible ! ». C’est donc regonflés à bloc que les Veyrites rejoignent le terrain. Ils ne savent pas encore que leur prestigieux adversaire s’est également remobilisé, probablement en raison des gueulées d’Uli Forte entendues dans le vestiaire…

Fatigue, quand tu nous tiens

Les vingt premières minutes vont être un véritable calvaire pour les coéquipiers du capitaine Fracheboud : « On a lâché physiquement en seconde période, en laissant trop d’espaces à notre adversaire, et avec leurs qualités ça ne pardonne pas. ». Les qualités des pensionnaires de Super League vont en effet faire sauter le verrou installé dans le but de Batardon. Sessolo, Nuzzolo, Affolter et Afum donnent aux Young boys cinq longueurs d’avance à la 65ème minute.

Veyrier tente bien de répliquer par Briones, mais sa demi-volée s’envole au-dessus de la latte (72ème). La première et unique véritable occasion de marquer pour Veyrier-Sports arrive bien trop tard. Les trois buts marqués dans les dix dernières minutes par le Genevois Sessolo (2x) et Afum sont anecdotiques. Face à une équipe de deuxième ligue à bout de forces, l’ours bernois n’avait plus à forcer son talent !

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L’héroïque Batardon, sous les yeux de Sessolo, qui lui a tout de même planté trois banderilles

A la fin de la partie, le score est donc de 0-8. Mission accomplie pour les visiteurs. Mais qu’est-ce qui fait réellement la différence entre une équipe de 2ème ligue et un ténor du championnat suisse ? Fracheboud nous donne un élément de réponse : « On s’attendait a des bombes et on a pas été surpris mais en même temps personne savait vraiment la différence qu’il y aurait et la rapidité dans les enchaînements a été impressionnante. »

Son coéquipier Jacot, qui a évolué dans le cœur du jeu tout au long du match, abonde en son sens : « Je m’attendais à cette vitesse de jeu quand ils étaient en possession tant dans la vitesse d’exécution que dans leurs déplacements. Au milieu du terrain, on n’avait même pas l’occasion d’obtenir un duel ou simplement un contact pour espérer une perte de balle… Après, la qualité de passes courtes, longues, dans les intervalles ou en profondeur, était vraiment impressionnante et chaque fois distillée avec le bon timing. » Petite pique tout de même à ses adversaires directs : « Physiquement aussi, évidemment que c’était impressionnant, mais je m’attendais à plus même si j’ai pas forcément eu les duels avec les plus grands gabarits ! ».

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Jacot en action

C’est donc sans regret que la « Curva jaune et vert », très active durant le match, accueille ses héros d’un jour, ceux qui auront défié avec vaillance l’actuelle meilleure équipe du pays ! Daniel Villa, technicien comblé, n’oublie pas les supporters dans ses remerciements : « J’aimerais remercier les personnes qui ont organisé cet événement et qui ont tout fait pour que la fête soit belle… Les membres du comité d’organisation, les nombreux bénévoles, mais aussi la Curva et toutes les personnes qui sont venues nous soutenir. On en gardera un magnifique souvenir. Merci à tous ! ».

Si l’ambiance était effectivement au rendez-vous, des sources fiables nous indiquent que la fête s’est prolongée jusque tard dans la nuit. L’éternel Jacot en profite pour placer une dernière banderille en guise de conclusion : « On attendait aussi l’après-match, pouvoir en reparler entre nous ou avec des spectateurs. Beaucoup de discussions et du coup beaucoup de soif donc pas mal d’hydratation à la Vogue de Bardonnex… Et je pense qu’YB n’aurait pas pu régater face à nous dans ce domaine !». A vérifier… l’année prochaine ?

 

  

FC VEYRIER SPORTS – BSC YOUNG BOYS  0-8 (0-1)
Stade de Veyrier Village, 2150 spectateurs.

Buts : 11’ Kubo 0-1, 50’ Sessolo 0-2, 55’ Nuzzolo 0-3, 65’ Affolter 0-4, 67’ Afum 0-5, 79’ Sessolo 0-6, 82’ Sessolo 0-7, 89’ Afum 0-8

Veyrier (4-5-1) : Batardon – Baumgartner, Fracheboud ©, J. Martin, Studer – Piccoli (60′ Briones), R. Huguenin, Moreira (73′ D. Martin), Jacot, Taddéo – Barbey (63′ Udry).
Entraîneur : Daniel Villa

Young Boys (4-2-3-1) : Mvogo – Sutter (74’ Zverotic), Von Bergen, Affolter, Rochat – Costanzo ©, Bertone – Nuzzolo (60’ Zarate), Sessolo, Afum – Kubo (73’ Gerndt).
Entraîneur : Uli Forte

Avertissement : Sessolo (YB)

 

Photos : Shooting Foot

 

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