Proxifoot est allé à la rencontre de trois étudiants en journalisme qui sont également membres de Versoix, US Carouge et Donzelle, trois équipes qui sont dans le même groupe de 3ème ligue.
Il est très rare que des étudiants de la même classe d’une faculté soient engagés dans un club de football du canton. Alors quand le tirage au sort estival les place dans le même groupe de 3ème ligue, nous avons été obligés de nous pencher sur le cas !
Stefan Renna, Matteo Ianni et Thomas Arbesu sont trois étudiants en master en communication et journalisme de l’Université de Genève qui se sont affrontés durant ce premier tour en 3ème ligue : Stefan est défenseur à l’US Carouge (5ème, 16 points), Thomas est milieu de terrain au FC Donzelle (6ème, 16 points) et Matteo est assistant de Patrick Terrier au FC Versoix (3ème, 18 points).
Quelques jours après la fin de cette première moitié de saison, ils reviennent sur quelques anecdotes de leurs affrontements respectifs, au terme desquels Versoix mène le bal avec deux succès : 3-2 contre US Carouge et 3-1 contre une équipe de Donzelle qui a tout de même gagné contre US Carouge (1-2). Camarades la semaine et adversaires le week-end, les trois compères nous font également un état des lieux de leur équipe. Mais tous s’accordent sur une chose : Interstar est vraiment l’équipe la plus forte de leur groupe.
Que vous êtes-vous dits quand vous avez su que vous vous retrouviez dans le même groupe ?
Matteo Ianni (FC Versoix) : C’est Thomas qui nous l’a annoncé. Il avait les informations car il avait des amis qui étaient allés au tirage au sort. Les premières blagues ont commencé à ce moment. On a directement regardé le calendrier pour voir quand on allait s’affronter.
Stefan Renna (US Carouge) : On a un groupe “Whatsapp” ensemble avec des autres gens du master. On s’est passé l’info là-dessus et ça a tout de suite commencé à se chauffer.
Thomas Arbesu (FC Donzelle) : En plus, on s’est tous affrontés à la fin du tour. Nous, on les a joués les deux en trois semaines. En tout cas j’ai tout fait pour ne pas être suspendu pour ces matchs (rires) !
Avant une confrontation directe, est-ce vous vous mettiez la pression ?
Matteo (FCV) : Oui, moi je jouais de l’intox avec Stefan avant le match contre US Carouge. Nous, on était sur un mauvais bilan à domicile et je n’arrêtais pas de lui dire : « Vous allez vraiment gagner parce que chez nous, on est vraiment mauvais ». En fait, je voulais lui mettre la pression.
Stefan (USC) : Moi je revenais de blessure donc je n’étais pas vraiment sûr de jouer.
Matteo (FCV) : Je le charriais aussi sur l’heure du match. Je savais qu’à 10h30, il n’allait pas être frais (rires).
Stefan (USC) : Les deux nous ont fait le coup ! A Versoix, on a dû aller jouer le dimanche matin. Et contre Donzelle, chez nous, ils n’ont pas pu avancer le match à vendredi soir comme on le fait souvent à domicile, alors on a aussi dû jouer dimanche matin…
Dans les confrontations directes, c’est Versoix qui est mieux placé avec deux victoires alors que l’US Carouge a deux défaites…
Stefan (USC) : Oui, j’ai l’immense honneur d’avoir un bilan de zéro point contre mes deux amis. Jusqu’à il y a deux semaines, j’aurais pu me targuer du fait qu’on avait perdu contre les deux mais qu’on était quand même devant au classement. Mais vu qu’on a fait une mauvaise fin de tour, Versoix nous a dépassés et Donzelle est revenu à notre hauteur.
Est-ce que ça chambre après une victoire ?
Thomas (FCD) : On a été gentils avec Stefan (rires) !
Stefan (USC) : Ils ont eu pas mal de respect ! En plus, contre Donzelle, c’est Thomas qui marque le 2-1 définitif. Quand il s’est retrouvé en position de marquer, je me suis dit : “Non, pas lui, pas maintenant” ! J’ai passé un sale dimanche après (rires).
Matteo (FCV) : On sait que ça fait mal quant tu perds contre quelqu’un que tu connais alors on a assez respecté.
Matteo regarde attentivement ses joueurs
Vous avez tous perdu contre Interstar par contre…
Thomas (FCD) : Comme tout le groupe, à part Meinier, qui est dernier !
C’est vraiment l’équipe à battre cette année ?
Stefan (USC) : Ils sont clairement au-dessus. On les a joués en coupe la semaine d’avant, on avait perdu que 1-0, c’était un super match. Après, en championnat, on s’est présenté là-bas à 11 joueurs, mais le 5-0 ne reflète pas forcément la physionomie du match en entier. Mais disons que c’est la grosse équipe du groupe et je pense qu’ils vont monter sans souci.
Thomas (FCD) : Nous, c’est paradoxal parce qu’on gagnait contre eux 1-0 et on a deux énormes occasions de marquer le deuxième. Ensuite, ils marquent deux buts juste avant la mi-temps et le troisième en début de deuxième, puis on a craqué en fin de match où ils mettent trois buts. On a perdu 6-1.
Matteo (FCV) : Nous, on gagnait 2-1 à la 75ème, et ils marquent deux buts en fin de match pour l’emporter 3-2. C’est une équipe qui ne lâche rien.
Stefan (USC) : Techniquement, ils sont déjà meilleurs que les autres et cette année, ils ont le mental en plus.
Thomas (FCD) : Même en 2ème ligue, ils seraient dans les trois premiers, je pense. On voit que dernièrement, les équipes qui montent de 3ème en 2ème ligue, elles ne sont pas à la peine, elles sont même assez faciles.
Passons à vos cas personnels dans vos équipes. Matteo, comment t’es-tu retrouvé assistant de Patrick Terrier à Versoix ?
Matteo (FCV) : A la base, avec Mergim Ferati (ndlr : joueur de Stade Nyonnais, Versoisien de formation), on voulait reprendre la deuxième équipe, mais finalement ça ne s’est pas fait. Et du coup, Patrick m’a contacté pour me proposer ce poste, pour apprendre un peu la fonction.
Vous finissez ce premier tour en 3ème position, mais à 13 points d’Interstar.
Matteo (FCV) : On pouvait faire mieux, c’est clair. Normalement on aurait dû être mieux placés et lutter pour la promotion. Mais c’est aussi une nouvelle équipe, qui se construit et ça prend du temps. Interstar, ça fait trois ans qu’ils essayent de monter. Ce n’est pas facile. Mais la volonté du club est de monter dans les deux ans.
Stefan Renna, lors d’un Puplinge-US Carouge (Photo: IV Sport)
Stefan, à l’US Carouge, il y a désormais une équipe juniors, ce qui veut dire que théoriquement, vous pouvez monter en 2ème ligue. Quels sont les objectifs à court et moyen terme ?
Stefan (USC) : Cette année déjà, l’équipe était ambitieuse. Même si on est une équipe de potes qui s’autogère, on est aussi des compétiteurs. Mais on a vu dès le tirage au sort que c’était un groupe difficile. Avant de commencer la saison, on s’est tous dit que l’objectif c’était clairement de viser le plus haut possible et d’aller chercher la montée vu qu’on s’est donné les moyens de le faire avec cette équipe juniors. Sur ce premier tour, on est tombés d’une part contre plus fort que nous, comme c’est le cas d’Interstar. D’autre part, on peut aussi s’en vouloir à nous-mêmes dans d’autres situations. Ce sont les joies et les malheurs de l’autogestion. Quand tout va bien, c’est super, quand c’est difficile, c’est plus compliqué de remonter la pente. Mais il y a toujours une bonne ambiance, même si à la fin de ce premier tour, on se retrouve un peu largués au classement. Il faudra se remotiver au second tour et essayer de terminer au mieux. L’objectif de monter est toujours là, c’est ce qu’on s’est fixé quand on a créé cette équipe en 5ème ligue, c’était d’atteindre la 2ème ligue. Mais on ne s’est pas fixé un horizon temps.
Thomas : pour toi, avec Donzelle c’est plus important de battre tes camarades de l’uni ou de gagner le derby du mandement contre Satigny ?
Thomas (FCD) : C’est clairement de battre Satigny, c’est sûr ! Cela fait 4-5 ans que je suis à Donzelle et c’est la première fois que je le jouais, ce derby. J’ai découvert quelque chose d’incroyable, il y a eu énormément de monde. En plus on a gagné à la dernière minute donc c’était assez fou. La semaine avant le match, autour du club, les entraîneurs etc., on sent que c’est quelque chose de spécial pour eux.
Comment expliques-tu l’irrégularité de Donzelle qui peut passer de jouer la montée à lutter contre la relégation sans beaucoup changer son contingent ?
Thomas (FCD) : Quand je suis arrivé dans l’équipe lors d’une trêve hivernale, elle était quasiment reléguée et a réussi à se maintenir. Ensuite, on a bien progressé en terminant deux fois 3èmes. Et l’année passée, paradoxalement on avait la meilleure équipe mais ça s’est mal passé, on a eu quelques problèmes internes et on a dû se battre contre la relégation. Cette année, on a rajeuni l’équipe, je suis un des plus vieux alors que j’ai 24 ans. Cela va beaucoup mieux sur le terrain mais on a été pénalisés par des blessures de joueurs importants. On termine à trois points de la seconde place, ce qui est rageant car on pouvait mieux faire. Mais si on garde cette structure, on va faire de belles choses ces prochaines années, j’en suis convaincu.
Thomas Arbesu, lors d’un match la saison dernière (Photo: OneClick)
Parlons de vos études. Vous voulez tous devenir journalistes sportifs ?
Matteo (FCV) : Oui, à terme j’aimerais bien.
Stefan (USC) : Journaliste oui, mais pas forcément sportif.
Thomas (FCD) : Moi, en ce moment, je ne fais pas trop ça mais à plus long terme j’aimerais bien devenir journaliste sportif, même si on voit que c’est un peu fermé en ce moment.
Avez-vous déjà des petites expériences ?
Stefan (USC) : Moi je m’occupe de Jet d’Encre (ndlr : tribune indépendante, plurielle et participative qui vient de fêter son 3ème anniversaire) avec cinq autres personnes, ce qui est déjà une expérience géniale. Sinon, je suis aux news du Teletext, à la RTS. Je fais aussi des piges pour la Tribune de Genève de temps en temps.
Matteo (FCV) : Moi j’ai eu ma première publication récemment dans le feuillet Signé Genève de la Tribune de Genève.
Thomas (FCD) : Moi aussi, à Signé Genève, j’ai écrit un article sur le derby du Mandement justement. Sinon, j’écris aussi pour le journal “Les Nouvelles” et je fais actuellement un stage au journal “Entreprise romande”.
Matteo et Thomas ont déjà écrit pour Proxifoot. Stefan, à quand ton tour ?
Stefan (USC) : (rires) Ecoute, les deux m’ont parlé assez souvent du fait que vos portes étaient ouvertes. Franchement, c’est un truc qui m’intéresserait beaucoup. Je suis très fan de ce que vous faites, de l’ampleur que cela a pris et du “service public” que vous rendez à tous les amateurs de foot régional. Après, pour moi c’est plus une question de temps, avec mes jobs à droite à gauche et mon match à moi, ça ne me laisse plus beaucoup de temps le week-end. Je me contente des résumés des matchs de l’US Carouge sur notre page Facebook, ce qui me prend pas mal de temps.
Pour Jet d’Encre tu écris parfois sur le football.
Stefan (USC) : Oui, exact. J’ai écrit un article sur Totti qui était un coup de coeur, un hommage à un joueur que j’apprécie beaucoup, même si pour moi, il est le 3ème meilleur joueur italien de tous les temps après Del Piero et Baggio (rires). Je suis pour la Juve, mais même en tant qu’adversaire, c’est un joueur que j’apprécie. L’autre article c’était plus un article de réaction par rapport aux polémiques qu’il y a eues après le récent Juve-Roma. Celui-là était plus anglé journalistique, c’était une critique du traitement qui avait été fait de ce match. Donc même à travers Jet d’Encre, j’arrive à traiter du sport et du foot plus particulièrement.
Vous êtes deux Juventines (Matteo et Stefan) et un Madrilène (Thomas), c’est ça ?
Thomas (FCD) : Exact, mais moi je viens vraiment de Madrid alors qu’eux ne sont pas de Turin, qu’on se le dise, c’est important (rires) !
Matteo (FCV) : Il faut aussi savoir que la majorité de supporters de la Juve sont des sudistes ! L’année dernière, Thomas est venu avec nous voir la Juve contre Milan à San Siro.
Stefan (USC) : Moi je viens de Lecce donc je supporte Lecce tout autant que la Juve. Parce qu’avant d’être Juventine, je suis vraiment Del Pieriste. C’est Del Piero qui m’a fait aimer la Juve. Je suis même les Delhi Dynamos cette saison !
Finalement, en Ligue des Champions, il n’y a que Thomas qui peut faire le malin du coup ?
Thomas (FCD) : Ces dernières années, oui !
Matteo (FCV) : L’année dernière, il y a eu la Juve et le Real dans le même groupe et on a regardé les matchs ensemble. Mais ça va, vu qu’il y a Ancelotti au Real, on l’accepte (rires) !
