Une-deux avec… Nicolas Bonvin

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Ancien footballeur devenu dessinateur, Nicolas Bonvin a fait un “Une-deux” avec nous.

On n’aura probablement jamais autant parlé des dessinateurs que durant ce mois de janvier 2015. Nicolas Bonvin, alias Niko Goodwine, est un dessinateur genevois qui a sorti l’année dernière sa propre bande dessinée intitulée “MABD”. Mais pourquoi parler de BD sur Proxifoot ? Parce que “Niko” a également fait du football pendant ses jeunes années. Attaquant prometteur chez les jeunes du Servette, où il a côtoyé certains joueurs devenus pros par la suite, il a dû arrêter la pratique de ce sport suite aux blessures à répétition… et à deux graves accidents de scooter qui ont failli lui coûter la vie. Aujourd’hui, l’actualité du ballon rond ne l’intéresse plus trop, mais les souvenirs persistent. Entretien avec un artiste qui a changé ses crampons par un crayon.

 

Proxifoot : Avant de jouer à Servette, tu étais chez les autres “grenat” de Laconnex. Inutile de te demander ta couleur préférée ?
Nicolas Bonvin : Exactement… en plus je suis daltonien (rires) ! Mais on va dire que je vois rouge.

De 14 à 16 ans, tu étais au centre de formation du Servette FC. Tu étais quel style de joueur ?
Avant Servette, j’étais plus attaquant. A Servette, j’étais attaquant et parfois demi.

Quels souvenirs gardes-tu de cette période servetienne ?
Beaucoup de foot, mais c’était cool. Cela m’a fait un gros changement de passer de Laconnex à Servette, au niveau du nombre d’entraînements. Le problème, c’est que j’ai grandi trop vite et en faisant beaucoup de sport cela a amené beaucoup de blessures. C’est pour ça que j’ai arrêté.

Nicolas Bonvin-Proxifoot

Le dessin de Niko, spécialement fait pour Proxifoot

Avec quels joueurs as-tu joué notamment ?
Parmi ceux que tout le monde connaît : Philippe Senderos, Reto Ziegler, Tibert Pont.

Senderos a connu 7 clubs et 4 pays et Ziegler 9 clubs et 6 pays. C’est le parcours qui t’aurait attendu si tu n’avais pas dû arrêter le football ?
A l’époque, j’aurais bien aimé, ouais. Aujourd’hui, pour être honnête, je ne m’intéresse plus trop au football. Je dois être le seul de mon groupe d’amis, d’ailleurs.

Même pendant la Coupe du Monde ?
Oui, ça je regarde quand même. Mais en regardant l’équipe de Suisse, j’ai toujours un petit pincement. Je me dis que j’aurais peut-être pu. Mais voilà, c’est la vie.

Ton objectif à l’époque, c’était de devenir pro ?
Au début, oui. J’étais très sérieux, je n’ai jamais fumé à cause de ça par exemple, j’étais à fond dedans. Mais au fil des blessures, je n’ai pas tenu.

Es-tu encore en contact avec le football genevois ?
Oui, avec mes potes de Laconnex et Bernex, club où j’ai joué un petit moment en actifs et où j’ai entraîné pendant près de 10 ans les juniors et les équipes féminines. Ils jouent encore tous, donc je vais les voir jouer des fois. C’est vrai que quand t’es au bord du terrain, t’as envie de rejouer. Parfois, ça me manque… sauf les matchs de dimanche à 10h du matin (rires). Mais rejouer, pour moi c’est quasiment impossible. J’ai été courir l’autre jour pour la première fois depuis mon accident, j’ai tenu 15 minutes (rires). Sinon, je fais du golf quand j’ai le temps.

Quand as-tu commencé à faire des dessins ?
J’ai toujours dessiné quand j’étais petit, puis il y a eu un trou. Après, j’ai fait de l’architecture d’intérieur et ça m’a redonné le goût pour le dessin. Mais ce qui a tout changé c’est mon grave accident de scooter il y a trois ans. J’ai été immobilisé pendant des mois, donc j’avais le temps de dessiner.

Ton nom d’artiste, Niko Goodwine, c’est parce que l’anglais est plus vendeur ou parce qu’il avait beaucoup de Nicolas Bonvin ?
C’est parce que j’aimais bien. Niko est mon pseudo sur internet depuis toujours, et Goodwine je trouvais que ça changeait un peu. Et j’ai fait trop de conneries en tant que Nicolas Bonvin (rires). Et en tant que Niko Goodwine, je sais que je suis le seul. Quand tu est dans ce milieu, c’est important d’avoir son nom, pour pas qu’on te confonde.

Tu as récemment produit ta propre bande dessinée qui s’appelle “MABD”. Produire sa propre BD c’est comme un entraîneur-joueur et qui se fait rentrer lui-même sur le terrain ?
J’adore cette métaphore (rires) ! C’est exactement ça ! Mais il faut dire que ça faisait 15 ans que j’étais sur ce projet, je ne voulais pas demander à des éditeurs car je n’avais pas envie que quelqu’un vienne me dire de changer ça ou ça… J’avais vraiment envie de sortir comme je l’imaginais, avec des défauts, etc… mais au moins, MABD c’est 100% moi ! Et j’ai toujours détesté être remplaçant (rires).

Elle parle de quoi, MABD ?
De toutes les bêtises que j’ai faites quand j’étais petit. C’est 100% autobiographique. C’est un projet que j’avais depuis une quinzaine d’années, j’ai toujours mis de côté des scénarios. C’est depuis que j’avais rencontré Zep (ndlr : Philippe Chappuis, dessinateur de Titeuf notamment) une fois, je me suis dit que je voulais faire pareil. J’aimerais sortir une seconde partie avec le personnage principal qui a grandi.

Lors de la présentation de la BD au Salon du Livre, t’avais la pression comme avant un match ?
Oui, car je ne savais pas du tout comment ça allait être perçu par les gens, si ça allait les intéresser. Au final, j’étais assez content, il y a pas mal d’amis qui ont joué le jeu et la BD s’est assez bien vendue, j’étais assez content.

Pour parler brièvement de la triste actualité, tu pensais un jour que dessinateur serait un métier dangereux ?
Non… Depuis ce jour-là, j’ai créé un blog intitulé “Et alors ?” où je dessine ce qui me passe par la tête : mes coups de gueule, mes coups de coeur… c’est une manière de rendre hommage. Je me suis dit que c’était un bon jour pour lancer un truc comme ça. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui sait dessiner, donc je me suis dit que je devrais le faire.

Nicolas-Bonvin-Et-Alors

Le premier dessin de son blog “Et alors?”, lancé le 7 janvier dernier

 

Les messages passent mieux en dessin ?
Oui, on dit qu’une image parle plus que mille mots. Mais je ne voulais pas faire trop de promo pendant la période qui a suivi les événements. J’ai juste créé la page ce jour-là, mais je ne veux pas profiter de cette période pour faire de la pub. Je garde mes dessins de côté que je publierai plus tard, petit à petit.

Quelles sont tes références en matière de dessin ?
Zep, surtout. Après, dans la BD il y a aussi Tébo (ndlr : Frédéric Thébault) qui fait de la parodie de super héros, par exemple. J’aime bien ce côté geek. Sinon, j’aime bien tous les “gros nez” de la BD francophone.

Allier foot régional et dessin comme le fait la page française “Les phrases qu’on peut entendre qu’au niveau District”, ce serait possible en Suisse romande ?
Je ne connais pas la page en question. Mais il y a Bertschy de Mini People qui en fait. Ça m’aurait plu de faire des dessins d’actualité, mais je ne suis pas assez intéressé au foot. Mais je trouve qu’il le fait bien. Je l’avais rencontré au Salon du Livre, j’aime bien ce qu’il fait.

Et sinon, tu peux nous faire un dessin pour illustrer ton interview ?
Bien sur, ouais !

 

MABD

Couverture de MABD

 

Photo de couverture : Jodie Gmünder

 

Sites internet :

www.nikoweb.ch, book et CV online
www.nikogoodwine.ch, site professionnel
www.mabd.ch, site de la bande-dessinée “MABD” (il y a même un concours pour gagner plus de 1000 CHF de bons !)
www.etalors.ch, blog

Facebook : Et alors ?, MABD

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