Besnard : « J’ai vécu ce que je voulais vivre dans le football »

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Âgé de 26 ans, Benjamin Besnard a rejoint le FC Perly-Certoux cet été, mettant ainsi de côté sa carrière de footballeur professionnel pour se consacrer pleinement à sa reconversion. Il s’explique.

Dans le monde du football, les trajectoires de certains joueurs semblent parfois étranges. Celle de Benjamin Besnard (29.12.1992) en est un parfait exemple. A seulement 26 ans, l’attaquant formé à Meyrin puis à Servette a déjà connu la bagatelle de neuf transferts et de huit clubs différents. Le 26 février 2015, le buteur genevois inscrivait un retourné spectaculaire face à Chiasso au Stade de Genève, le voici désormais engagé à Perly en 2ème ligue. En l’espace de quatre ans, le fils d’un certain Gilles Besnard (ex-Servette, Lausanne, Carouge) et neveu de Pascal Besnard (ex-Servette, Yverdon), est donc passé de la Challenge League, au sixième échelon national. Un choix étonnant mais pleinement assumé pour celui qui aujourd’hui souhaite se consacrer à sa formation d’acupuncture. Interview.

 

Proxifoot : Benjamin, tu as décidé de rejoindre le FC Perly-Certoux cet été, pourquoi ce choix de venir jouer en 2ème ligue ? 
Benjamin Besnard : J’ai hésité à tout arrêter, puis après tout je me suis dit pourquoi pas. Je commence une école d’acupuncture et je souhaitais donc diminuer mon implication dans le monde du football. Je vais être pas mal pris les week-ends avec mes cours notamment. J’ai quand même regardé les projets que l’on m’a proposés, mais j’ai finalement décidé de rejoindre Perly. J’ai mon meilleur pote qui joue ici et je connais très bien l’entraîneur Mattia Petrini. En plus, le club a un beau projet avec l’ambition de monter en 2ème ligue inter. L’équipe possède des jeunes joueurs de qualité et à l’écoute, d’ailleurs je suis pratiquement le plus vieux (rires). Cela me permettra également de me maintenir en forme et le stade ne se trouve pas loin de mon école. Au final, il y a de nombreux points positifs.

Après avoir goûté au football professionnel à l’âge de 22 ans, comment est-il possible que tu te retrouves à ce niveau quatre ans plus tard ?
Lorsque j’ai quitté Servette il y a deux ans, j’ai eu de nombreuses offres pour partir jouer en Suisse allemande, que ce soit à Aarau ou à Wohlen, et à l’étranger comme en Bulgarie ou en Chine. Je ne me sentais pas à l’aise de partir sincèrement. Je me suis posé et j’ai décidé de me rediriger dans le monde professionnel. J’ai vécu tout ce que je voulais vivre dans le football, même si ce n’était pas très long au final. Je ne me voyais pas reprendre des études à 35 ans et j’ai donc décidé de m’y mettre dès maintenant. Quand vous êtes footballeur, il n’y a pas beaucoup de débouchés, vous savez. J’aurais pu encore tirer quelques années par-ci par-là, mais ça ne m’intéressait pas. J’ai vécu mon rêve en jouant pour le club de ma ville, le Servette FC, et je ne me sentais pas à l’aise de partir et de jouer pour un autre club professionnel. J’avais par exemple très mal vécu mon expérience du côté de Sion M21 où l’intégration fût plus que délicate.

Besnard savait comment enflammer le Stade de Genève

As-tu des regrets lorsque tu regardes l’évolution de ta carrière ? 
Non, je n’ai aucun regret. Comme je vous l’ai dit, si j’analyse la situation avec du recul, ce n’est pas forcément mauvais. Peu de gens croyaient en moi au départ et j’ai donc la satisfaction d’avoir réussi. Mon père voulait être certain que je n’aie pas de regrets et m’a poussé à essayer, mais je n’avais plus l’envie. Par exemple, lorsque je suis parti essayer à Wohlen il y a deux ans, après trois jours sur place, j’ai pété les plombs. Lui avait fait un peu pareil à son époque. Il avait décidé de tout consacrer à sa famille en redescendant d’une ligue. Il a donc parfaitement compris et respecté mon choix. Il a vu que j’avais la tête sur les épaules et que j’étais décidé à arrêter ce que je préférais le plus faire. Ce n’est pas le football qui m’a mis de côté étant donné que j’avais encore de nombreuses offres sur la table, mais c’est vraiment moi qui ai pris la décision de me consacrer à autre chose.

Tu n’as jamais connu de stabilité dans ta carrière, est-ce que c’est quelque chose que tu aimerais désormais corriger ?
C’est vrai que j’ai été un peu dégoûté de tous ces transferts. Ce n’est pas facile de tout le temps changer et de s’intégrer à un nouveau groupe. A Meyrin, j’étais resté deux saisons et j’avais réussi à trouver une certaine stabilité. C’est notamment là-bas que j’ai pu démontrer tout mon potentiel avant de rejoindre Servette. Nous avions un bon groupe qui se connaissait parfaitement et ça aide à enchaîner les bonnes performances. J’espère pouvoir désormais m’inscrire dans la durée avec Perly.

Lors de son passage au Meyrin FC

T’es-tu tout de même fixé des objectifs personnels pour cette nouvelle saison ?
Je me suis avant tout fixé des objectifs collectifs et non personnels. Je souhaite aider les jeunes avec de l’ambition à pouvoir jouer plus haut en leur apportant mon expérience du niveau professionnel. Je veux me mettre avant tout au service du collectif, aider en partageant mon vécu et être performant sur le terrain. Ce qui compte désormais pour moi c’est de prendre du plaisir. 

Quelles sont les grandes différences entre football professionnel et football amateur ?
Ce qui me vient tout de suite à l’esprit étant donné que je vais me lancer dans le milieu, ce sont les soins. Ici par exemple, nous n’avons pas de physiothérapeute, nous n’avons pas de masseur non plus. A Carouge, nous avions un masseur et des phytothérapeutes une à deux fois par semaine. A Servette par contre, vous aviez accès à ces soins tous les jours. Le budget n’est pas pareil du tout en ce qui concerne les soins médicaux. C’est quelque chose qui est très important à mes yeux, certains minimisent cela. Dans le football amateur, il y a également une intensité différente, ce qui est tout à fait logique. En professionnel, vous avez beaucoup moins le droit à l’erreur, vous avez plus de pression. Après personnellement, la pression me transcendait, plus il y avait de monde et mieux je jouais.

Quel est le meilleur et le pire souvenir de ta carrière ?
J’ai plusieurs excellents souvenirs, comme par exemple mon premier but avec Servette. Je rentre à la 22ème minute face à Chiasso et je marque le 1-0 d’une bicyclette, le rêve. Il y a aussi eu le match à La Praille contre Lausanne où j’inscris le 1-0 et nous gagnons 4-2 devant près de 9’000 spectateurs. Je peux également citer les promotions comme celle vécue avec Servette où l’an dernier avec Carouge. En ce qui concerne mon pire souvenir, c’est sans aucun doute notre défaite à Lugano avec Servette l’année où nous sommes relégués administrativement. Si nous parvenions à gagner ce match, nous prenions de l’avance dans la course à la promotion, et cela aurait permis de mettre nos dirigeants sous pression. Cette défaite nous avait plombé le moral. Puis, tout s’était enchainé de travers. Mon départ de Servette a également été une période très délicate de ma vie. 

Sa dernière saison sous le maillot d’Etoile Carouge

Tu seras malheureusement suspendu ce week-end en Coupe de Suisse, mais quelles sont les chances de ton équipe face à Stade Lausanne Ouchy, pensionnaire de Challenge League ?
Je vous avoue qu’il manquera pas mal de monde car certains sont en vacances ou d’autres tout simplement pas prêts physiquement. Cela reste tout de même un match hyper motivant pour les petites équipes, et démotivant pour les plus grosses. Il est très difficile de jouer dans les petits stades pour ces équipes donc tu peux t’attendre à tout. Il faut mettre toutes les chances de notre côté, tenter le coup à fond. En football, tout peut arriver, ça peut se jouer à rien. Ce qui est sûr, c’est que cette rencontre sera une belle fête pour le club.

Ton équipe se frottera notamment à l’un de tes anciens coéquipiers en la personne de Mohamed Zeki Amdouni
Lors des premiers entrainements que j’ai fait avec lui à Carouge, je me suis dirigé vers lui et je lui ai dit : “Tu vas jouer très haut si tu travailles fort”. Il a un talent incroyable, j’ai rarement vu un joueur aussi fort devant les buts à son âge. Je pense qu’il a bien fait de signer à Ouchy, c’est un bon tremplin pour lui. Il est très jeune, il doit encore mûrir et travailler, c’est donc le club parfait pour se forger. Je le vois évoluer en Super League dans un futur assez proche. C’est ce que je lui souhaite en tout cas.

 

Parcours

Jusqu’en 2009 : Juniors à Meyrin, Plan-les-Ouates, Signal Bernex, Servette M-16, M-17, M-18
2009-2010 : FC Perly-Certoux
2010-2011 : FC Grand-Lancy,
2011-2012 : FC UGS
2012-2013 : Etoile Carouge et Sion M21
2013-2015 : Meyrin FC
2015-2017 : Servette FC
2017-2018 : Stade Nyonnais
2018-2019 : Etoile Carouge FC
2019-? : FC Perly-Certoux

 

Photos : Jean-Luc Auboeuf 

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