Les clubs genevois craignent ce nouvel arrêt

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Une vidéoconférence composée de représentants de clubs du canton et de cadres de l’ACGF s’est tenue mercredi. Entre conséquences liées à la pandémie, inquiétudes quant au futur et prévisions pour la reprise, voici ce qu’il fallait retenir de la soirée.

Au cours des derniers jours, le directeur du FC Champel Sam Mifano a pris l’initiative d’inviter de nombreux clubs genevois à une vidéoconférence afin de discuter de ce nouvel arrêt du football amateur et des conséquences que cela pourrait entraîner sur le plan financier, sportif et mental -surtout chez les plus jeunes-. Les personnes ayant répondu présentes étaient les suivantes : Pascal Chobaz, Javier Gonzalez et Sébastien Fournier pour représenter l’ACGF, Mehdi Derouazi, président du FC Collex-Bossy, Antoine Salamolard, président du Meyrin FC, Olivier Doglia, président d’Étoile Carouge, Julien Chobillon, président du FC Plan-les-Ouates, Serge Deschenaux, président du FC City, Marco Longo, président du CS Italien, et Grégory Godefroid, responsable de la section féminine du FC Veyrier-Sports.

Sam Mifano avait par ailleurs déjà évoqué préalablement l’idée d’écrire une lettre commune à l’ASF si cet arrêt venait à se poursuivre au-delà du 30 novembre (ce qui est extrêmement probable), et ce “afin de parler d’une seule voix pour chercher à obtenir une aide sans laquelle certains clubs pourraient ne plus être en capacité de répondre à leurs obligations et de repartir au moment de la reprise”. Aucune démarche n’a été entreprise à l’issue de la vidéoconférence mais cette idée pourrait rester d’actualité au cours des prochaines semaines.

Des exercices 2019-20 positifs pour la plupart

Président de l’ACGF, Pascal Chobaz a fait un geste au printemps dernier en “réduisant certaines taxes de 50% et en suspendant naturellement les amendes pendant l’arrêt des compétitions”. Ce dernier s’avoue néanmoins surpris et déçu de la passivité des Fonds du sport genevois : “On se demande un peu où sont passés les sous promis au sport et au football amateur”. Le dirigeant champelois Sam Mifano confirme : “Au-delà du geste appréciable de l’ACGF, on n’a pas vraiment été soutenus”.

Parmi les clubs ayant le plus souffert durant cette période, du moins parmi ceux représentés lors de cette vidéoconférence, il y a le FC City : “On a annulé le tournoi des 70 ans du club. Nous avions également réalisé un album de figurines qui n’a pas pu se vendre avant juin. Tous ces investissements en vue du 70ème anniversaire ont débouché sur des pertes avoisinant les 3’000 francs. Par ailleurs, tout comme les trois autres clubs avec lesquels nous cohabitons au Bois-des-Frères, nous avons renoncé à toucher notre part de recette relative aux entrées de la buvette pour laisser l’entièreté de la somme au buffetier”. En principe, le club devrait recevoir une compensation de la part des Fonds du sport, comme c’est le cas pour tous les événements sportifs annulés pour cause de Covid-19. La demande a été faite mais la réponse tarde.

La plupart des autres clubs a tout de même réussi à enregistrer un exercice 2019-20 positif en évitant plusieurs dépenses lors de la première vague. C’est le cas entre autres du CS Italien, de Meyrin et de Collex-Bossy : “Lorsqu’on ne joue pas, cela coûte moins cher”, explique tout simplement Mehdi Derouazi, président et ancien joueur du FC Collex-Bossy. “On a surtout évité des dépenses pour les équipes Élite et Inter. Les déplacements, les repas, les frais d’arbitres et les amendes n’étaient plus à payer”, précise Antoine Salamolard, président du Meyrin FC. “Des économies sont aussi faites sur les lavages de maillot”, ajoute Marco Longo, président de CS italien.

L’enjeu des cotisations

Maintenant que le deuxième arrêt est arrivé, un enjeu majeur se pose : quid des cotisations, source de revenu phare pour une grande partie des clubs amateurs ? En effet, avec en moyenne moins de deux mois d’entraînement effectués, la question est délicate et certains membres pourraient ne pas encore avoir payé ou réclamer un remboursement. Sam Mifano est d’ailleurs de ceux “craignant qu’après seulement deux mois le remboursement puisse être demandé”.

Or, jusque-là, la situation n’est pas trop mauvaise pour la majorité des clubs s’étant exprimés. “95% des cotisations sont rentrées” à Collex et à Plan-les-Ouates. En ce qui concerne le dernier club cité, “pas mal de membres ont payé une demi-cotisation”, ce qui change la donne.

Le facteur décisif sera la demande -ou pas- de remboursement de la part des membres. Sur ce point-là, Meyrin et Collex sont assez confiants : les Meyrinois ont reçu “peu de demandes de remboursement au printemps dernier” et la situation est similaire en ce moment. À Collex, il n’y a eu “aucune demande de remboursement au printemps dernier”, un geste qui serait bienvenu s’il venait à se répéter.

Le FC Plan-les-Ouates a quant à lui une position claire : “Nous avons donné des trainings et des sacs à ceux ayant payé la cotisation. Ce qui est sûr, c’est que nous ne serons pas en mesure de rembourser des cotisations en cash ni de faire un geste avant juin 2021”, affirme le président du club Julien Chobillon. Au CS Italien, un compromis assez sympathique avait été trouvé l’an dernier : “Nous avions offert à nos membres un accessoire en plus que d’habitude pour compenser le manque de terrain sur la fin”. Reste à voir si le club de la Bâtie agira de la même façon cette fois-ci.

“On a les infrastructures pour reprendre plus tôt, pourquoi pas en février”

Le thème intéressant peut-être le plus de monde, mais aussi le moins prévisible a été abordé : celui de la reprise potentielle des entraînements et des compétitions. Bien que toute déclaration soit hypothétique dans une situation comme celle que nous vivons actuellement, Pascal Chobaz s’est exprimé là-dessus : “On sait qu’on ne jouera plus cette année. L’objectif serait de reprendre lors du second tour et de terminer les championnats semestriels (Juniors A, B, C, 5ème ligue et seniors +40, ndlr) et aussi les premiers tours de ceux annuels (2ème, 3ème et 4ème ligue et seniors +30, ndlr) aux alentours de Pâques. Ce sera cependant difficile de fixer une date de redémarrage avant la reprise des entraînements car il faudra un certain nombre de semaines de remise en route avant le coup d’envoi des championnats. Nous savons par contre qu’à Genève nous avons presque 50% de terrains synthétiques. Cela reste hypothétique, mais nous avons les infrastructures pour potentiellement reprendre plus tôt, pourquoi pas avant les vacances de février”.

Pour rappel, l’ASF a affirmé qu’il n’y aurait pas de saison blanche cette année du moment qu’au moins la moitié de chaque championnat aura été disputé. C’est également l’ASF qui a le pouvoir de décider si interrompre ou arrêter définitivement les championnats.

Manque à gagner à prévoir chez presque tout le monde

Si la plupart des clubs n’ont pas souffert excessivement lors de la première vague, ils sont presque unanimes au moment de montrer leur inquiétude quant aux mois à suivre. À Meyrin, les propos du président Antoine Salamolard sont clairs : “Les sponsors ont fondu et les exercices à venir pourraient être compliqués”. Organisateur de la célèbre CSI Talent Cup en janvier, le CS Italien prévoit sur ce plan-là lui aussi “un manque à gagner conséquent”. 

À Collex-Bossy également on s’inquiète, d’autant plus que, d’après le président Mehdi Derouazi, ce n’est pas la même histoire maintenant que l’arrêt tombe lors du premier et non du second tour : “Là, la saison n’est pas annulée comme lors de la première vague. Les frais ne disparaîtront pas mais seront reportés au printemps. Il faudra organiser des événements pour contrebalancer cela, d’autant plus que les tournois cet hiver seront vraisemblablement annulés et que notre repas de soutien annuel est lui aussi à risque. Le deuxième tour donnera davantage de réponses”.

Président d’Étoile Carouge depuis juin, Olivier Doglia voit lui le verre à moitié plein et estime que cet arrêt offre aussi des opportunités inédites :  “Il ne faut pas être passifs et attendre. Au sein de chaque équipe, on peut par exemple travailler sur des programmes individuels, physiques et mentaux. Il ne faut surtout pas laisser les jeunes se sentir abandonnés. Ce nouvel arrêt est une occasion de réaliser des objectifs qu’on a l’habitude de se fixer au sein d’un club mais qu’on a rarement le temps et les capacités de porter à terme”.

Football des enfants : Champel, Plan-les-Ouates et Meyrin montrent la voie

Seuls privilégiés à pouvoir continuer à s’entraîner, les moins de douze ans ont fait leur retour sur les terrains depuis un peu plus d’une semaine dans plusieurs clubs genevois. “L’école de foot et les Juniors E ont repris. Pour pouvoir accueillir tous les jeunes, on a allongé la durée de certaines sessions. La demande de la part des parents et des joueurs est très grande” détaille Julien Chobillon, président du FC Plan-les-Ouates. À Meyrin et à Champel aussi les plus jeunes ont repris : “C’est très strict. Les joueurs sont pratiquement enfermés sur les terrains le temps de l’entraînement, les parents n’ont pas accès aux complexes sportifs et les vestiaires ne sont pas non plus à disposition”, détaille Sam Mifano du FC Champel.

Alors que le FC City a communiqué via ses réseaux sociaux que les entraînements pour les moins de douze ans ne reprendront pas jusqu’à nouvel ordre, on doute aussi du côté de la Bâtie : “On n’a pas encore décidé définitivement, mais en ce moment, la préoccupation du CS Italien est de freiner la pandémie plutôt que de satisfaire le plaisir de jouer” affirme le président Marco Longo. Responsable de la section féminine du FC Veyrier-Sports, Grégory Godefroid a quant à lui expliqué qu’ils n’ont “toujours pas repris, car dans l’attente d’un communiqué officiel de l’ACGF” . Pascal Chobaz a répondu en rappelant que ce sont les déclarations du Conseil d’état genevois qui font foi, mais qu’un communiqué de l’ACGF arrivera.

L’attente sera certainement longue et les décisions se feront attendre tant que la situation restera incertaine au niveau sanitaire. L’équipe de Proxifoot vous souhaite de rester en bonne santé en attendant la suite des événements et souhaite du courage à tous clubs en difficulté.






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