André Ribeiro : « Lorsque tu ne joues pas, on s’imagine beaucoup de choses de l’extérieur »

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Parti de Genève à 16 ans, André Ribeiro a déjà un sérieux parcours derrière lui. Tout ne s’est pourtant pas déroulé comme l’ancien junior du Meyrin FC, actuellement à GC, l’aurait rêvé.

De nature discrète, André Ribeiro n’est peut-être pas le premier nom auquel on pense lorsqu’il s’agit d’évoquer des joueurs de la région ayant fait leur trou au cours de la dernière décennie. Pourtant, rares sont les Genevois de sa génération pouvant rivaliser avec son CV. Entre Zurich, Braga, Saint-Gall ou encore l’équipe nationale Espoirs du Portugal, Ribeiro a connu de tout, très vite. Trop vite peut-être ? Malgré ses diverses déceptions loin de la maison, le nouveau numéro 90 de Grasshoppers ne regrette rien et se dit prêt. Portrait.

“Choisir entre Servette et Zürich a été le moment le plus difficile”

Comme beaucoup de joueurs précoces attirant l’attention, André Ribeiro a dû rapidement faire un choix très important. En pleine adolescence, celui qui avait jusque-là porté les maillots de Carouge mais surtout de Meyrin doit déjà faire un saut de géant. L’hésitation se ressent encore aujourd’hui à travers ses mots : “Ça a été le moment le plus difficile pour moi. Il semblait que je devais rejoindre les M-18 de Servette, mais il a manqué ce fameux dernier pas. Puisque je n’avais pas de proposition concrète et qu’entretemps j’avais fait des tests à Zurich qui me voulait vraiment, j’ai décidé de partir. C’était très dur, car à seize ans, tu ne sais pas ce que ça peut donner”.

En Suisse centrale, Ribeiro restera quatre ans. Une éternité, surtout lorsqu’on est par moment abrité par un sentiment d’injustice : “Je marquais beaucoup avec le M-18 et les M-21. Il y a même la sélection portugaise qui m’a appelé à cette période. Pourtant, chaque fois qu’on discutait d’un contrat pro l’accord manquait” détaille le Genevois. Cette incompréhension le pousse à quitter le club à l’été 2017 : “Ils voulaient que je reste pour ensuite m’envoyer en prêt. Ce n’était pas la bonne chose à faire, d’autant plus que je devais jouer le Mondial U-20 le même été”. Au Mondial en Corée, Ribeiro et le Portugal atteignent les quarts. Depuis cette compétition, l’ancien zurichois n’a plus revêtu le maillot de sa sélection.

C’est donc certes avec une part de reconnaissance, mais surtout avec une certaine rage, que le Genevois doit s’en aller vers de nouveaux horizons : “Zurich est un club qui m’a aidé dans ma formation, mais qui m’a aussi celui qui m’a le plus affecté en négatif. La mentalité de la direction ne m’a pas plu. Il y a d’autres joueurs qui étaient avec moi, tous très talentueux, qui n’ont jamais eu la chance de jouer la moindre minute en pro”. Son histoire rappelle justement celle d’un Genevois qui était son coéquipier au FCZ à l’époque : Kilian Pagliuca.

Ribeiro (au centre) avec l’équipe du Portugal Espoirs en 2015. On reconnaît à sa gauche Renato Sanches ainsi que Ruben Dias en haut à droite. (Photo : Facebook)

“Je ne me sentais pas très bien, je voulais rentrer en Suisse”

Malgré la visibilité réduite dont il bénéficiait du côté de Zurich, le Genevois, aussi peut-être grâce à la Coupe du Monde M-20, trouve de l’embauche dans un prestigieux club de son pays d’origine : le FC Braga. Et cette fois, c’est bien un contrat pro que signe Ribeiro : “Braga était un club très compétitif qui avait un projet pour moi, soit jouer en première division”. Mais une fois de plus, rien ne tourne en faveur du Carougeois : “Le premier entraîneur qu’il y avait ne comptait pas vraiment sur les jeunes. C’est dur, car à cet âge là, tu travailles pour un seul objectif : jouer avec la première équipe. C’est quelque chose que je voulais vraiment réaliser mais que je n’ai pas pu accomplir” raconte Ribeiro.

À nouveau déçu mais loin d’être résigné, le Genevois saute alors sur l’opportunité de rentrer en Suisse à l’été 2019, après deux saison avec l’équipe B de Braga. Un choix tout aussi sage que logique dans la tête du principal concerné : “J’avais des offres dans des autres clubs de première division portugaise mais je voulais rentrer en Suisse. Mentalement, c’est dur quand tu t’attends à jouer en D1 avec un club comme Braga. Je ne me sentais plus très bien là-bas et je sentais que revenir était la meilleure décision pour être auprès de ma famille et aspirer à plus de temps de jeu”.

André Ribeiro aura tout de même inscrit sept buts en seconde division portugaise. (source : Instagram)

Précieux second couteau à Saint-Gall et GC

Cette fois, le Genevois trouve un environnement sain lui permettant de s’épanouir. Du côté du Kybunpark, Ribeiro retrouve du plaisir et des sensations malgré un temps de jeu somme toute plutôt réduit : “J’ai beaucoup progressé à Saint-Gall, auprès de Peter Zeidler qui est un entraîneur donnant beaucoup de responsabilités aux jeunes. J’ai eu l’occasion de faire des grands matchs et j’étais content. C’est un club qui m’a marqué et qui m’a aussi aidé à me forger mentalement”. Avec notamment un but sur le fil à Bâle en février dernier pour offrir la tête du classement aux Brodeurs, Ribeiro joue un rôle non-négligeable dans la fantastique saison collective de Saint-Gall, qui terminera deuxième.

Malgré tout, le Genevois quitte les rives du lac de Constance cet hiver, après une saison et demie sous le maillot blanc et vert. Reconnaissant envers ce club qu’il remerciera toujours, Ribeiro savait qu’il y avait mieux à faire pour le bien de sa carrière : “Le temps de jeu est la chose la plus importante pour un joueur. Lorsqu’il n’y a pas ça, il faut envisager d’autres solutions”. Après 28 apparitions dont seulement 6 titularisations avec Saint-Gall, l’ancien zurichois rejoint donc le club ennemi du FCZ, soit Grasshoppers. Arrivé il y a un peu plus de trois mois, Ribeiro a déjà eu l’occasion d’ouvrir son compteur en Challenge League, le 3 avril dernier face à Xamax.

Engagé jusqu’en juin 2023 dans un club qui devrait vraisemblablement retrouver l’élite du football suisse d’ici la fin du mois, le Genevois qui fêtera ses 24 ans le mois prochain est déterminé à faire tourner le vent en sa faveur. Malgré les embûches qu’il a fréquemment rencontré, le polyvalent joueur offensif formé à Meyrin reste également fier vis-à-vis du chemin accompli jusque-là : “Je suis content de mon parcours et franchement je ne regrette rien. Évidemment, quand tu es jeune tu fais les choses trop vite, mais ce n’est pas simple lorsque tu pars si tôt. À présent on m’a donné ma chance ici et je compte la saisir. Un joueur doit jouer, autrement le temps passe, il peut perdre des occasions et les gens à l’extérieur s’imaginent un tas de choses. Je suis prêt à tout donner”.

André Ribeiro en action avec son nouveau club. (Photo : GC site officiel)

 

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