Matias Martinez, en Grèce pour faire tourner la chance

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Passé par l’Hellas Vérone avant de connaître de nombreuses péripéties, le Genevois de 21 ans vient de signer son premier contrat professionnel au Thesprotos FC, en deuxième division grecque. Portrait.

Lancy, Carouge, Meyrin, Bernex, Vérone, Nyon, Sion et le Tessin : Matias Martinez avait déjà vu du pays avant d’atterrir en Grèce. Il fait partie de ces joueurs de la génération 2000 dont on a rapidement perdu la trace… Un facteur qui a d’ailleurs beaucoup pesé jusqu’à présent sur la carrière de Matias. Le milieu de terrain originaire d’Argentine n’a toutefois jamais interrompu ses efforts malgré des désillusions à répétition, et se retrouve récompensé en ce début d’année 2022. Un premier contrat professionnel en D2 grecque que le Genevois a longuement attendu, et qui pourrait enfin lancer sa carrière.

Indésirable à Carouge

Les premières années de Martinez sont caractérisées tant par des changements de club que par un changement de poste décisif : “J’ai commencé au Lancy-Sports, puis je suis allé à Carouge de M12 à M13, où je jouais comme attaquant de pointe, explique-t-il amusé. Je n’ai pas été retenu avec les M14 donc je suis passé à Meyrin, et c’est là que j’ai pris place au milieu du terrain. C’est l’entraîneur Didier Gigon qui m’a fait effectuer ce changement de poste, disant que je lui faisait penser à lui lorsqu’il était joueur. C’est une personne qui m’a beaucoup aidé”.

Rappelé du côté de la Fontenette pour intégrer l’équipe M16, le jeune Matias continue à avoir du mal à se faire de la place : “Ça ne s’est jamais bien passé pour moi à Carouge. À la fin de cette saison en M16, nous étions plus de trente à devoir passer en Juniors A. Je savais que j’allais perdre mon temps donc je suis allé à Bernex. Je voulais juste jouer au foot”. Un changement de club qui, même s’il pourrait s’y apparenter à première vue, est loin d’être un aveu de défaite.

Un passage à Bernex qui se révèlera décisif.

 De Bernex à Vérone

En effet, c’est sous les maillot bernésien que les choses vont prendre une toute autre tournure pour Martinez. Il retrouve du temps de jeu et s’impose en A Inter, même en étant le plus jeune de l’équipe : “Je demandais aussi d’aller avec les B Inter le week-end, je faisais souvent les deux matchs”, glisse-t-il. Le jeune milieu de terrain sait ce qu’il veut et se donne les moyens pour y arriver : “Quand tu as 16-17 ans, ce n’est pas évident de dire que tu veux devenir professionnel alors que tu es à Bernex, mais j’ai toujours fait les efforts de mon côté pour y arriver. J’ai également toujours été soutenu et poussé par ma famille pour atteindre cet objectif”. 

Un objectif duquel il se rapproche sans tarder, puisque dès sa première saison à Bernex, il entre en contact avec le club véronais : “J’avais envoyé des vidéos de mes actions à plusieurs clubs. Vérone m’a répondu en me proposant un essai. C’était l’opportunité de ma vie”, raconte Martinez. A l’été 2018, il rejoint la réserve de l’Hellas pour la préparation estivale. Un changement de dimension immesurable : “J’étais choqué, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses qu’on ne m’avait jamais apprises (rires). Le week-end, on affrontait les meilleurs jeunes d’Italie et parfois on faisait même des oppositions avec la Une. Il y avait Pazzini, Grosso comme entraîneur…j’étais stressé les premières fois (rires) !”.

876 jours sans match officiel

À la mi-saison environ, le Genevois commence à se faire une place plus importante au sein de la Primavera (équipe réserve, ndlr) véronaise: “Je suis même allé m’entraîner deux semaines avec la première équipe”. Malheureusement, il attrape la mononucléose au début du printemps, maladie qui l’écarte des terrains jusqu’à la fin de saison. “C’était la fin de mon contrat et, comme quasiment tous les joueurs de mon âge, il fallait trouver une solution”. Le rêve italien se termine donc quelque peu amèrement, avec un pépin de santé qui l’a freiné dans son élan.

Sous le maillot véronais lors de la saison 2018/2019.

De retour à Genève, rien ne va dans le bon sens : “Je me suis retrouvé sans équipe. J’avais un agent qui me disait que ça allait le faire, mais pas du tout. Personne ne me connaissait en Suisse, car lorsque je suis allé à l’Hellas Vérone je sortais de Bernex”. Sans club à la fin du mercato, Martinez trouve pour le moins un club pour s’entraîner après des mois de travail individuel : le Stade Nyonnais de Ricardo Dionisio. À l’hiver, il signe un contrat avec les Vaudois en vue du deuxième tour. “C’était la première fois que je jouais avec des adultes et ça m’a fait du bien”, ajoute le Genevois. Mais au moment de faire ses débuts en Promotion League avec Nyon, le Covid met les championnats à l’arrêt.

La première vague pandémique se termine et la situation a un air de déjà-vu pour le milieu de terrain d’origine argentine : “L’entraîneur (Anthony Braizat, ndlr) ne comptait pas sur moi à Nyon. En fin de mercato, j’ai fait un essai à Sion et j’ai signé pour un an”. Mais là aussi, les circonstances sont tout sauf idéales : la deuxième vague de Covid suspend les championnats, et à la reprise, Sion ne compte plus sur le Genevois dont le contrat prend fin en été. Une nouvelle saison entière, après celle de Nyon, sans le moindre match officiel.

Le Genevois n’a pu disputer que des matchs amicaux avec Sion M21.

Le troisième été -2021- à la recherche d’un club emmène dans un premier temps Martinez en Hollande, dans le club d’Almere City. Il se retrouve à un pas de la signature après plusieurs semaines d’essai, mais tout saute après une longue attente, à cause d’un problème avec l’agent du joueur. “Je ne savais plus quoi faire, avoue le Genevois. Cet épisode m’a vraiment affecté. Pour la première fois, je ne me suis pas entraîné pendant presque deux semaines”. Faute de mieux, il parvient tout de même à trouver un point de chute en 1ère ligue suisse avant la fin du mercato. Sous les couleurs de Paradiso, il regoûte enfin à la compétition officielle, une première depuis février 2019 !

La gestion douteuse du club tessinois va cependant rapidement pénaliser Martinez : “Je suis allé demander ma feuille des droits de formation au directeur sportif, mais il ne voulait pas me la donner. Je sentais qu’il y avait quelque chose de bizarre là-derrière et j’ai insisté. Finalement, il me l’a donnée, mais je n’ai plus joué la moindre minute après”. Un énième coup dur après la mononucléose, le Covid, Nyon, Sion et Almere City. “J’étais à bout”, admet le Genevois. Encore une fois cependant, le destin va lui offrir une chance supplémentaire.

“Je n’ai plus le choix. Ça ne dépend que de moi”

“Un agent a réussi à me placer en Grèce grâce à une vidéo d’highlights de mes matchs amicaux avec Sion, explique-t-il. C’est une opportunité qui est sortie de nulle part et je dois avouer que si je ne l’avais pas eue, là, ça aurait été dur”. En deuxième division grecque, dans le club de Thesprotos, le milieu de terrain de 21 ans espère avoir une aventure plus heureuse que celle de Martin Liechti la saison passée : “On a beaucoup discuté. Je lui ai envoyé des photos de mon contrat et il m’a expliqué beaucoup de choses. Je pense et j’espère être tombé dans un meilleur endroit que lui (rires)”.

Dans le club de la ville d’Igoumenítsa, située à plusieurs heures de route d’Athènes, Martinez a aussi l’avantage d’avoir un contrat à plus longue durée que d’habitude, jusqu’à l’été 2023. “J’ai enfin un peu de stabilité. Je ne devrai pas me précipiter. Mon objectif est d’abord de joueur au moins une douzaine de matchs d’ici la fin de saison et de devenir un titulaire fixe. Par la suite, j’espère avoir ma chance en première division. Nous avons une équipe avec beaucoup de jeunes et cela fait partie de la politique du club de faire progresser les joueurs pour ensuite les revendre”.

Le Genevois aura l’occasion de se faire valoir, puisqu’il reste encore une quinzaine de matchs d’ici la fin de saison. “Ça ne dépend que de moi. Je suis conscient de la chance que j’ai et il va falloir que je joue bien. Je n’ai pas le choix de toute façon”. Dimanche, Martinez a connu sa première convocation contre Karditsas, sans entrer en jeu. Il pourrait cependant faire ses débuts officiels mercredi contre Pierikos. Ses performances seront à suivre chaque lundi dans notre rubrique des Genevois de l’étranger.

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