Hervé Musquère tire sa révérence

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A 53 ans, le coach français quitte UGS et le football genevois. Interview.

Huit saisons à UGS, mais auparavant quatre à Meyrin, une à Bernex et deux à Perly. Ce sont 15 ans d’expérience sur les bancs du football genevois qu’Hervé Musquère laisse derrière lui. Le coach de 53 ans va s’installer dans le Sud de la France mais laisse l’équipe entre de bonnes mains :  Yorick Guekam, ancien joueur du club et jusqu’à maintenant membre du staff ugéiste, reprend la tête de la première équipe. Premtim Jetisi, fidèle assistant de Musquère depuis plus de 10 ans, reste aussi dans le staff, tout en étant directeur technique. Hervé Musquère, ancien joueur professionnel passé notamment par Saint-Etienne, laisse derrière lui quelques souvenirs sur les bancs du canton. Interview.

 

Proxifoot : Hervé, qu’est-ce qui t’a poussé à prendre cette décision ?
Hervé Musquère : Je suis bientôt à la retraite au travail et je vais changer de région pour vivre donc j’ai commencé à préparer ma retraite dans le Sud de la France, à Narbonne exactement. Ma compagne y vit déjà, je vais devoir faire des allers-retours en fonction du télétravail. Je ne pouvais plus assumer une équipe.

Est-ce que deux saisons tronquées par le Covid ont joué un rôle dans cette décision ?
Non, parce que nous avons tous été logés à la même enseigne. Le Covid a précipité mon déménagement dans le Sud, oui, mais cela n’a rien à voir avec le football.

Tu as repris UGS en 2013, alors que le club venait de tomber de 1e ligue. Quel était le projet de l’époque ?
Le club était dans un sale état, il fallait déjà essayer de le structurer un minimum pour qu’il reste en 2e ligue inter. Il n’y avait plus de juniors, quasiment plus de joueurs. On n’avait pas d’autre objectif que de rester dans la catégorie et on s’est sauvés à la dernière journée. Après, on a enchaîné des années plus tranquilles, on a même joué le titre une fois, mais on a toujours obtenu le maintien relativement facilement. Mais pour prétendre à plus, il faut un lourd budget en 2e ligue inter, chose que l’on n’a pas.

Après huit saisons en 2e ligue inter, on peut dire que l’objectif d’installer le club dans la catégorie est largement réussi.
Avec Premtim Jetisi, avec qui je travaille depuis plus de 10 ans ensemble, on a laissé l’équipe entre les mains de Yorick Guekam. Premtim, lui, reste dans le staff. Ils devront s’attendre à des années difficiles, car la 2e ligue inter est un championnat assez compliqué. On a du mal à faire venir des joueurs à UGS, soit par proximité, soit par rapport au fait que c’est un club de ville. Il y a de très bonnes installations, il y a les conditions pour faire du bon travail, mais il manque le budget. La continuité en 2e ligue inter me paraît un objectif correct pour un club comme UGS. Au-dessus, il faut autre chose. 

Quel souvenir gardes-tu après huit saisons à UGS ?
A UGS, la première année a été très sympa en émotions même si elle a été dure. Lors des deux derniers matchs à domicile, on a battu Stade-Lausanne et Sierre, les deux équipes qui jouaient le titre. C’était un final assez magnifique. L’année d’après, nous perdons le titre à Bernex alors que nous avions été toute la saison en tête. Ce sont les deux souvenirs majeurs. Les autres saisons ont été tranquilles. A UGS, les conditions pour un entraîneur sont exceptionnelles, c’est ce qui m’a fait rester autant d’années. J’ai été avec des présidents avec lesquels je m’entendais bien, on avait des terrains en herbe bien entretenus. J’ai eu beaucoup de plaisir à Frontenex. 

Et du foot genevois en général ?
Enormément de talent dans les joueurs mais énormément de déficiences morales. Les joueurs ne se donnent pas les moyens de réussir. Je suis persuadé qu’il y a des pépites qui passent à Genève et par faute du goût de l’effort, passent à côté de clubs plus prestigieux. C’est une question de mentalité, c’est leur choix. J’ai essayé de transmettre tout ce que je pouvais, de leur montrer que pour réussir, il fallait faire énormément d’efforts. Malheureusement, il y en a qui n’arrivent pas et c’est dommage car il y a beaucoup de talent, c’est du gâchis. Mais j’ai pris du plaisir, j’ai vu des formidables joueurs.

Est-ce qu’il y a un joueur qui t’a marqué en particulier ?
J’ai eu beaucoup de super joueurs, c’est difficile d’en détacher un. Je retiendrai l’équipe de Meyrin avec laquelle nous avions terminé largement en tête en 1e ligue, puis nous avions échoué en finales (ndlr: saison 2010-2011). C’est la plus belle équipe que j’ai connue, avec des Marco Delley, Alex Valente, Karim Chentouf… Il y a aussi François Moubandje.  A l’époque, il venait de la deuxième équipe entraînée par Premtim en 2e ligue. Si on ne lui avait pas donné sa chance en 1e ligue, peut-être qu’il n’aurait pas connu la même carrière. C’est le joueur qu’on a coaché qui est allé le plus haut. Il ne nous a pas trop remerciés par la suite, il a toujours remercié Servette (rires). A UGS, je retiens surtout Yannis Cavaglia qui m’a beaucoup marqué par son professionalisme, il avait donné un élan au club. Malheureusement, il n’est plus parmi nous. Il venait du monde pro et avait gardé les mêmes habitudes en amateur. Un exemple pour les jeunes.

Est-ce que tu comptes entraîner dans le Sud de la France ou tu arrêtes définitivement ?
Tout va dépendre du Covid déjà. En tout cas, cette année, non. Je ne connais pas assez les équipes, c’est une région de rugby plutôt (rires). Si l’opportunité se présente, pourquoi pas. J’aimerais bien entraîner des jeunes, des élites. A part Beziers ou Montpellier qui ne sont pas très loin, le reste ne m’intéresse pas trop. Ce n’est pas dans mes objectifs pour l’instant.

Musquère a aussi passé quatre saisons à Meyrin

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