Pierre-Emmanuel Dupraz, l’homme qu’il fallait au FC Kosova ?

0

Emmené par son nouvel entraîneur, le club kosovare a bouclé le premier tour à un point du leader Vernier. Le fils du célèbre coach français Pascal Dupraz est-il capable d’obtenir la promotion tant attendue ?

Pierre-Emmanuel Dupraz est un enfant du pays. Né du côté de Gaillard dans une famille sportive, il découvre vite les plaisirs du ballon rond et évolue pendant 5 ans en National, la 3ème division française, avec l’Olympique Croix-de-Savoie (devenu ETG FC, puis Evian Thonon Grand Genève FC). Après un passage en 2ème ligue du côté de Plan-les-Ouates, l’ex milieu de terrain sent que sa place n’est plus dans une équipe première. “À la fin, en 2ème ligue, je n’étais qu’avec des jeunes de 17, 18 ans”, confesse l’entraîneur du FC Kosova. “On n’était pas dans la même dynamique. J’ai senti que je n’étais plus trop à ma place dans une équipe d’actifs”. Pierre-Emmanuel Dupraz passe alors par les Seniors avant de raccrocher les crampons à l’âge de 34 ans. C’est là que le banc commence à l’attirer.

Avec le club savoyard, Dupraz a milité entre la National 1 et la National 2 pendant six saisons. (Photo : www.croixdesavoiefans.net)

Pas prédestiné au coaching

Même si son père Pascal, passé notamment par les banc de Toulouse et Saint-Étienne en Ligue 1, lui a largement partagé sa passion du football, Pierre-Emmanuel Dupraz n’a pas rêvé de devenir entraîneur dans sa jeunesse. Cela lui est tombé dessus par hasard à la fin de sa carrière de joueur. “Lorsque je voyais les choix de mes coachs, je me disais souvent que si c’était moi, j’aurais fait différemment. Ma copine m’a alors encouragé à me lancer et à devenir moi-même entraineur. Ce n’était pas prévu au départ”.

La difficulté a alors été de trouver un club qui lui fasse confiance. Souvent, les coachs débutent avec des équipes juniors. Dupraz, lui, n’a pas la patience : “Je préfère travailler avec des adultes, pas devoir expliquer comment on fait une passe”. D’autres coachs débutants passent aussi par le rôle d’adjoint avant d’avoir leur équipe. Un schéma qui n’est pas non-plus du goût de Haut-Savoyard, qui préfère être libre de faire ses entraînements et ses choix tactiques. Sauf qu’il est difficile de trouver une équipe d’actifs à coacher lorsqu’on n’a jamais entraîné, même quand on s’appelle Dupraz.

C’est finalement du côté du FC Perly-Certoux qu’il reçoit une première opportunité d’entraîneur l’équipe réserve, en 4ème ligue. S’en est suivie une expérience à l’échelon supérieur, à la tête de la Une de l’US Meinier. Après avoir bouclé le dernier championnat à la 5e place derrière des cadors comme Onex, Chênois II, Compesières et Saint-Paul, le FC Kosova manifeste son intérêt. Le voilà propulsé au plus haut échelon du football régional genevois.

Avec le FC Kosova, Pierre-Emmanuel Dupraz vit sa première expérience comme entraîneur en 2ème ligue. (Photo : Valentin Zuodar)

La pression derrière la mission 

Arriver dans un club au mouvement juniors quasi inexistant (une équipe de A 2ème degré, ndlr) et au sein duquel la première équipe est largement prioritaire a demandé un temps d’adaptation au Français. Petit à petit cependant, “PED” a su discipliner l’équipe et concilier la forte personnalité de certains joueurs avec son projet de jeu. “Ici, quand tu gagnes tu te sens imbattable, et quand tu perds, tout le monde veut arrêter”, explique-t-il. “Ça peut être compliqué à gérer”. Le Haut-Sayovard se dit cependant satisfait de son groupe jusqu’à maintenant.

Au vu des résultats, il y a en effet de quoi être optimiste. Malgré la défaite lors du dernier match de 2023 contre le FC Onex (la quatrième en championnat, ndlr), les Kosovares restent largement dans le coup, à une unité du leader verniolan. “Mathématiquement, si on gagne chaque week-end, on termine premier”, fait simplement remarquer l’entraîneur des Rouge et Noir. “Je ne vois pas plus loin que le prochain match”.

Meilleure attaque et meilleure défense pour le FC Kosova à la trêve.

Malgré la vision pragmatique du coach kosovare, nul doute que la pression commencera petit à petit à s’accentuer lors du deuxième tour, surtout si les résultats ne devaient pas être à la hauteur des attentes. Le spectre d’un faux espoir, devenu une constante au cours des dernières saisons, plane sur l’équipe. Le club et son public, qui se déplace toujours en nombre, espèrent enfin pouvoir fêter en juin.

Un deuxième tour révélateur ? 

Ce qui pose problème, néanmoins, ce sont les conditions dans lesquelles une des équipes plus ambitieuses de 2ème ligue doit se préparer. L’entraîneur arrivé cet été pointe notamment du doigt un “manque d’infrastructures pour préparer le deuxième tour”. Malgré les quatre installations potentiellement utilisables par le club Rouge et Noir (Frontenex, Belle-Idée, Evaux, Bout-du-Monde), difficile de trouver un terrain pour reprendre en extérieur.

Conscient que malgré une situation logistique loin d’être toujours optimale, il dispose de l’un des meilleurs effectifs du championnat, Pierre-Emmanuel Dupraz tentera de mener sa mission à bout au cours des prochains mois. Parti de la 4ème ligue régionale et aujourd’hui candidat à la promotion en 2ème ligue inter, le Haut-Savoyard ne se fixe pas de limites pour la suite et continue de passer ses diplômes en parallèle. Une promotion lui ouvrirait les portes du football inter-régional et propulserait aussi bien Kosova que son coach dans une autre dimension. Si la pression qu’auront sur les épaules Pierre-Emmanuel Dupraz et le FC Kosova lors des prochains mois promet d’être grande, l’enjeu derrière tout cela l’est aussi. Place au terrain.

Photo de couverture : Valentin Zuodar

Share.

Comments are closed.