Le rêve brisé d’Haidar Al Mayyah

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Tout semblait fait pour que l’ancien gardien d’Onex et UGS signe au Diyala SC, en première division irakienne. Mais après plus d’un mois passé sur place, le Genevois est de retour à la case départ. Il raconte.

Passer des terrains genevois à la lumière des stades professionnels, c’était son rêve. Pourtant, malgré un départ plein d’espoir vers l’Irak, Haidar Al Mayyah a finalement vu son transfert dans le championnat de première division capoter, la faute à des désaccords contractuels et à des promesses non tenues. Le voilà de retour à Genève. Explications.

Repéré grâce à YouTube

Formé au FC Onex et transféré cet été à UGS, avec qui il a disputé 4 rencontres en 2ème ligue inter en première partie de saison, le gardien qui a récemment fêté ses 22 ans explique comment cette opportunité insolite s’est présentée : “Début décembre, quelques semaines après la fin du premier tour, je reçois un e-mail d’un coach tunisien (Yamen Zalfani, ndlr) qui entraine en Irak, au SC Diyala, en première division.” Le jeune gardien reste quelque peu étonné par cette avance. “J’étais un peu surpris. Il m’a dit qu’il avait vu mon profil sur YouTube et que ça lui avait bien plu”. L’entraîneur avait repéré une compilation d’arrêts réalisés par Haidar Al Mayyah lors de la saison 2023-24, partagée par le principal intéressé sur YouTube (voir ci-dessous).

Une place de numéro 2 pour la mission maintien

L’entraineur tunisien et le gardien genevois s’échangent alors leurs coordonnées. Après cela, tout est allé très vite : “Le lendemain, il m’appelle directement. On a une discussion sur les objectifs, sur ce que le club veut”, détaille Al Mayyah. Le technicien tunisien, qui venait de débarquer au Diyala SC un mois plus tôt, lui propose alors la place de deuxième gardien : “Il voulait que je vienne en tant que doublure, et il m’a aussi dit que si tout se passait bien, je passerais numéro 1”. Une situation qui a de quoi réjouir celui qui n’avait jusque-là jamais connu le football professionnel.

En action contre Genolier-Begnins, lors du premier tour de Coupe de Suisse 2023-24 avec le FC Onex. Photo : Adan Faye

Quelques jours plus tard, le 9 décembre 2024, Haidar Al Mayyah s’envole pour son pays d’origine afin de débuter la préparation dans la ville de Diyala, à quelques kilomètres de la capitale irakienne. L’objectif est clair, et le défi est de taille pour le nouvel entraîneur Yamen Zalfani : sortir sa nouvelle équipe de la zone de relégation. Encore aujourd’hui, le club est lanterne rouge de l’Iraq Stars League et n’a engrangé que 9 points en 18 rencontres.

Préparation professionnelle

L’adaptation a sans surprises été compliquée lors des premiers jours d’entraînement : “J’ai commencé l’entrainement le 10 décembre. On s’entrainait tous les jours, ça changeait de ce que j’avais vécu à Genève. J’ai vraiment vécu comme un pro”. Lors de ces semaines d’entraînement, l’ex-portier d’Onex et UGS a aussi l’occasion de disputer un match amical contre Naft Missan, le 29 décembre.

À l’entraînement avec le Diyala SC.

Ces semaines passées au sein d’un club de D1 irakienne permettent aussi à Al Mayyah de se faire une idée du niveau du football irakien par rapport à ce qui se fait en Suisse : “Je dirais que les meilleures équipes du championnat pourraient jouer en Promotion League, le reste en 1ère ligue Classic.”

Le contrat se fait attendre

Sur le plan sportif, tout se déroule à merveille pour le Genevois. En coulisses, en revanche, c’est une toute autre histoire. Les promesses contractuelles tardent à se matérialiser : “La veille d’un match, l’administration m’avait dit que j’allais signer le contrat à la reprise des entraînements, après notre jour de repos. Cependant, après ces quelques jours, il n’y avait toujours rien”.

Le Diyala SC demande alors une lettre de résiliation à UGS, afin de boucler le transfert. Le lendemain, le club de Frontenex transmet le document demandé à l’administration du SC Diyala. A ce moment, tout semble enfin être en ordre. “Je me dis que c’est fait à 100%, que je vais signer”.

Des semaines à s’entraîner, dans l’attente du tant attendu contrat.

Pourtant, les jours continuent de défiler et le club irakien tarde à mettre sous contrat le Genevois. Ce dernier commence à s’agacer : “Le mercato était ouvert depuis le 5 janvier. Ça faisait plus d’un mois que j’étais sur place. Le coach m’a répété que l’administration allait venir me parler pour le contrat”. 

Le président s’en mêle

Quelques jours plus tard, une rencontre est enfin organisée entre le portier et le président du SC Diyala. À ce moment, ce dernier lui annonce que s’il signe, ça sera en tant que troisième gardien. Al Mayyah prend alors conscience du décalage entre les idées du coach et celles du président : “En Irak, Les présidents imposent leurs idées aux coachs. Quand on m’a dit cela, j’ai tout remis en question, car ce n’est pas ce qui était convenu lorsque je suis venu ici”.

S’en suit une réunion animée, lors de laquelle l’entraineur et le président évoquent le cas du dernier rempart genevois, sans qu’une issue favorable au portier ne soit trouvée. “Je suis très reconnaissant envers le coach, car il a fait beaucoup d’efforts pour essayer de me satisfaire. Il y avait une confiance mutuelle entre nous”. Malheureusement, les arguments de la direction auront fini par prévaloir sur ceux du staff technique.

Retour à la réalité

De retour à Genève depuis le 30 janvier, Haidar Al Mayyah ne baisse pas les bras et voit malgré tout le verre à moitié plein : “J’ai pu voir ce que c’était d’être un pro. J’ai côtoyé des joueurs de différentes origines. C’était une bonne experience”. Sa priorité est désormais de trouver un nouveau club. “Ma mission est de jouer le plus haut possible, je ne me fixe pas de limites. Je veux trouver un club où j’aurai du temps de jeu, c’est important en tant que gardien”. Sa situation sera donc à surveiller au cours des jours à venir.

Dernier match disputé par Haidar Al Mayyah avec UGS, le 9 novembre 2024 contre Signal Bernex. Photo : Giuseppe Velletri

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