« J’ai encore l’espoir de devenir professionnel »

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Malgré ses 26 ans, Özcan Tugay, l’actuel meilleur buteur de 3ème ligue vaudoise avec le FC Ecublens, croit toujours en son étoile. Retour sur un parcours rempli d’enseignements.

J’ai manqué de patience, j’ai voulu réussir trop vite, et c’est pour cela que j’ai tenté ma chance dans autant de clubs différents“. A 26 ans, Özcan Tugay ne se cache plus, il reconnait ses erreurs sans langue de bois. Le talent, il l’a toujours eu. Les buts, il les a toujours enfilés comme des perles. Néanmoins, l’impatience et les mauvais choix de carrière ne lui ont pas permis de profiter d’une carrière à la hauteur de ses ambitions. Actuellement à Ecublens pour retrouver le plaisir du jeu et pour tenter de se relancer, le meilleur buteur de 3ème ligue vaudoise n’a pas encore dit son dernier mot : “J’ai encore l’espoir de devenir professionnel“.

« J’ai tout misé sur le football »

Formé au FC Renens, ce jeune talent de la génération ’97 a rapidement tapé dans l’oeil des recruteurs du LS pour rejoindre le Team Vaud dès l’âge de 14 ans. L’histoire avec le club phare du canton s’est néanmoins terminée en queue de poisson : “En M-21, j’avais du temps de jeu, tout se passait bien, expliquet-il. Mais à la fin de la saison, les dirigeants ont décidé de miser sur la génération 2000, et nous avons tous dû chercher un autre club“. Le début d’un long périple pour l’attaquant.

Özcan Tugay à l’œuvre du côté de Gümüshanespor

Les transferts s’enchaînent. À Dardania tout d’abord, où Özcan Tugay effectue un excellent premier tour avant d’être recruté par les M-21 du FC Sion. “Je m’y impose comme titulaire, mais malheureusement, je me blesse au cinquième métatarse. Cela m’a coûté la saison“. Le Morgien de naissance s’en va alors à Aigle, en 2ème ligue inter, pour se relancer et se remettre en confiance. S’en suit son premier transfert en Turquie, dans son pays d’origine.

Âgé de tout juste 20 ans, le buteur s’envole seul pour l’inconnu, loin de sa famille. “J’ai pris un aller simple, je n’ai pas réfléchi. Le football, c’était tout pour moi, j’ai tout misé dessus. J’ai terminé mon école obligatoire, puis ensuite, c’était 100% football avec beaucoup d’entraînements perso. J’ai beaucoup investi“. Malgré des débuts prometteurs, les choses ne se passent pas comme Özcan l’avait imaginé : “J’arrive en 3ème division turque à Kastamonu 1966. La préparation se déroule merveilleusement bien, je mets 4 buts en 4 matchs amicaux, j’étais en pleine confiance. Les journaux commencent même à parler de moi. Ensuite, le championnat démarre et l’entraîneur décide de ne pas me convoquer. Je vais le voir et il m’explique que pendant 6 semaines il ne va pas me faire jouer”. Le jeune buteur donne tout durant les semaines d’entraînement pour faire changer d’avis son entraîneur, en vain. “Mon concurrent à mon poste était leur plus gros transfert, leur plus gros salaire, et donc le coach n’avait d’autre choix que de le faire jouer tout le temps”.

Le buteur d’Ecublens reste en Turquie mais file du côté d’Etimesgut. Là encore, pour le même résultat. “C’était impossible de m’imposer, car je n’étais pas entouré. Il me fallait un agent qui pousse pour que je joue, c’est ainsi que cela fonctionne là-bas. Malheureusement, j’étais complètement esseulé“. Retour à la case départ…

La descente aux enfers

Les mauvais choix, Özcan Tugay en a fait, et il le reconnait. 2018 en est certainement le symbole : “Je signe à Vevey en juillet 2018. L’entraîneur de l’époque, Jean-Philippe Karlen, décide de me mettre sur le banc lors du premier match de championnat. Je prends mes affaires et je retourne en Turquie”. Avec du recul, le joueur offensif sait qu’il a commis une erreur : “Vevey représentait une magnifique opportunité pour moi, je n’aurais jamais dû partir, surtout pas si vite. Mais avec tout ce qui m’était arrivé, j’étais devenu impatient, je ne voulais plus me faire avoir“.

Özcan Tugay s’éclate désormais du côté d’Ecublens. (Photo : Leonard Leder)

L’épisode 3 en Turquie ressemble aux précédents, et 6 mois plus tard, Özcan est de retour en Suisse pour signer au FC Monthey. “Cette fois, les choses changent. Je trouve un travail et pour la première fois de ma vie, je combine les deux. Mes journées sont exténuantes avec un réveil à 5h du matin et un retour chez moi à presque minuit après les entraînements“. Fatigué, il décide de partir du côté de Bavois, avec la deuxième équipe. “J’ai rejoint des potes en 2ème ligue, mais j’étais dégoûté du foot, je n’avais plus l’ambition de percer“.

L’attaquant file ensuite à Malley, puis à Turc Lausanne, en 3ème ligue : “L’équipe avait l’ambition de monter en 2ème ligue. Malheureusement, nous ratons les finales de peu la première saison. L’envie revient, mais lors de la deuxième saison, rien ne fonctionne, je reste quand même jusqu’au bout pour aider l’équipe”. 

« J’ai retrouvé le plaisir de jouer »

Une fois l’épisode Turc Lausanne terminé, c’est donc du côté d’Ecublens qu’Özcan Tugay a décidé d’enfiler les buts. “Mike (Mike Scire, actuel entraîneur d’Ecublens, ndlr) m’a appelé pour me faire venir dans son équipe. Il m’a dit avoir un plan pour moi : me redonner confiance, me remettre en forme et à la fin de la saison, on tentera de me faire signer plus haut”.

Le classement des meilleurs buteurs de 3ème ligue.

Le plan semble bien se dérouler, puisque l’actuel numéro 19 a déjà inscrit 14 réussites. Ce qui lui a permis de s’installer seul en tête du classement des buteurs de 3ème ligue vaudoise. “Je suis très content de ce premier tour. Je suis hyper motivé, j’ai très faim et surtout je ne triche pas“. De quoi lui ouvrir des portes ? “Je n’écoute pas ce que les gens peuvent dire par rapport à mon âge. J’y crois toujours“.

Cet hiver, Özcan Tugay s’est entraîné avec les M-21 d’Yverdon, mais il évoluera bel et bien avec les Bleu et Jaune au second tour. “L’objectif est clair : nous sommes bien partis pour disputer les finales et nous voulons les jouer“. A voir maintenant si un nouveau club plus huppé lui donnera sa chance l’été prochain pour enfin pouvoir réaliser son rêve.

Özcan Tugay a toujours son objectif dans le viseur. (Photo : Leonard Leder)

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