Imbroglio autour du terrain synthétique du FC Compesières

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Bien que la construction du terrain synthétique au FC Compesières ait commencé, le combat est loin d’être gagné pour le club genevois. En effet, Bardonnex Alternative et le PLR veulent arrêter les travaux. 

Si vous passez aux abords du stade Alfred Comoli, domicile du FC Compesières, vous verrez sans doute des pelles mécaniques, affairées à la construction d’un tout nouveau terrain synthétique.

Cela fait des années que nous voulons un terrain synthétique. Nous sommes l’un des seuls clubs genevois à ne pas en avoir“, explique Alexandre Dentand, co-président du FC Compesières. Un vœu enfin exaucé le 8 février dernier, après un vote remporté en faveur de la construction d’un terrain synthétique, sur la commune de Bardonnex.

Mais voilà que depuis quelques jours, tout est remis en question. Bardonnex Alternative et le PLR veulent annuler la votation, le 12 avril prochain. Un procédé juridiquement compliqué, voire “malhonnête” d’après Alexandre Dentand, qui vise à arrêter les travaux en cours.

Une situation «abracadabresque» 

On se retrouve dans une situation complètement abracadabresque. Personne n’y comprend rien“, déclare Alexandre Dentand, désemparé. Malgré tout, le club a décidé de continuer les travaux “comme si de rien n’était“, les contrats étant signés. Mais si l’annulation de délibération de Bardonnex Alternative se concrétise, le FC Compesières risque de devoir stopper net les travaux et de se retrouver avec un seul terrain praticable, que doivent se partager 17 équipes. “Si l’alternative passe, on est à deux doigts de mettre la clé sous la porte et de dire au revoir à 400 membres. Ce n’est plus jouable“, soupire le co-président du club. Le terrain synthétique est indispensable au FC Compesières, qui a beaucoup investi, tant sur le plan financier que sur le plan humain.

Alexandre Dentand regrette cette situation et déplore le manque de communication avec l’opposition : “La manière dont cela s’est fait est absolument terrifiante. Tout s’est fait dans le dos, il n’ont jamais pris contact avec nous pour en discuter.” Il déplore également le manque d’arguments de l’autre partie. “Je veux bien que l’on soit contre, mais il faut avoir de vrais arguments, pas des arguments en bois“, peste-t-il. “Ces gens-là n’ont pas mis les pieds à Compesières depuis je ne sais combien d’années. Ils ne savent pas ce qu’est un terrain de football“, continue celui qui a aussi été l’entraîneur de la première équipe il y a quelques années.

Un manque d’alternatives

Les arguments de Bardonnex Alternative, justement, nous sont explicités par Stéphanie Reusse, élue de ce groupement citoyen. “C’est principalement un aspect environnemental. Un terrain synthétique, c’est bétonner du sol, poser du plastique. On artificialise du territoire en plus“, explique-t-elle. Un projet allant à l’encontre des valeurs prônées par la commune de Bardonnex. D’un autre côté, la mise en place de ce terrain permettrait de libérer le terrain C, et donc de rendre un terrain agricole à la commune. “On est nettement gagnant, même d’un point de vue écologique”, contre-argumente Alexandre Dentand.

Stéphanie Reusse évoque également un aspect lié à la santé humaine. “On sait qu’un terrain en plastique émet des microparticules dans l’air, que les enfants vont ingérer. Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs a trouvé du plastique dans les poumons humains“, avance l’élue. Rien ne dit pourtant que cela était lié à un quelconque terrain synthétique. Stéphanie Reusse met aussi en avant un “coût financier important”, d’autant plus dans une commune “à tout petit budget“.

Surtout, Bardonnex Alternative regrette la façon dont s’est déroulée la votation. “Cela s’est fait dans une grande confusion, avec un élément manquant, qui est une solution alternative au synthétique”, déclare Stéphanie Reusse. Le club n’aurait pas étudié les autres options au terrain synthétique. “On a voté sur une chose où on n’avait pas les clés pour comprendre. Donc le vote était biaisé”, assène-t-elle. L’opposition aimerait pouvoir prendre le temps d’explorer les alternatives au terrain synthétique afin de choisir la meilleure solution possible. L’option d’un “terrain écologique” intéresse particulièrement l’élue. Le FC Compesières nous confiait cependant avoir étudié la matière idéale pour ce terrain.

Une seule chose est sûre pour Stéphanie Reusse : “Le synthétique n’est absolument pas une solution.”

Rendez-vous le mardi 12 avril

Malheureusement, les travaux ont déjà commencé et le FC Compesières se retrouve dans une situation difficilement gérable. Le vote du 12 avril sera déterminant pour le club genevois, qui appelle à une mobilisation importante de ses membres. “La mobilisation doit servir à montrer qu’il y a un soutien populaire, un engouement. C’est une nécessité pour le football genevois”, tonne Alexandre Dentand. Le co-président rappelle également le rôle social de son club : “Pour nos enfants, pour les actifs, pour tous les bénévoles et pour le football genevois.”

Une affaire de plus de ce type dans le sport, et plus particulièrement dans le football, genevois, dont le verdict sera rendu mardi 12 avril. Avant de nouveaux rebondissements…

Le procédé juridique visant à arrêter les travaux, utilisé par Bardonnex Alternative et le PLR, est très complexe et rarement utilisé. Les opposants n’ont pas utilisé le référendum, voie normale, mais souhaitent tout de même faire annuler le vote favorable du 8 février dernier avec une délibération. Mardi 12 avril, le sujet sera à l’ordre du jour du conseil municipal, une nouvelle fois.

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