« Arrivé en Norvège, je me suis senti pousser des ailes »

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Loris Mettler remplit objectif sur objectif depuis son départ d’Etoile Carouge. Le Genevois vient de signer en D1 norvégienne et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Interview.

En 2022, Loris Mettler quittait Etoile Carouge après une belle saison en Promotion League. L’objectif était clair : signer pro. Depuis, le football l’a amené à Lleida, en Catalogne, puis dans un village norvégien d’à peine 8’000 habitants. Début janvier, il a franchi une nouvelle étape en signant à Sandefjord, pensionnaire de première division norvégienne. L’occasion de faire un point avec le milieu offensif de 25 ans.

Comment as-tu pris la décision de quitter la Suisse à l’été 2022, après une saison réussie avec Carouge ?
Après de nombreuses années en Suisse, j’ai eu le sentiment profond de devoir prendre des risques. J’ai décidé de ne pas renouveler mon contrat à Carouge, sans pourtant savoir où j’allais signer. J’aurais pu me retrouver sans club, mais j’avais envie de tout tenter pour réaliser mon rêve, signer ce premier contrat professionnel.

Comment as-tu atterri à Lleida, en quatrième division espagnole ?
Cet été-là, j’ai fait une semaine de test à Saint-Gall. Ça c’est très bien passé. Ensuite, j’ai eu des intérêts en troisième division autrichienne, mais ça ne m’intéressait pas. L’Espagne est venue après. Je connaissais le président, Luis Pereira, un Genevois (ndlr : il a joué Chênois, en LNA). J’y ai été pour un essai, le club m’a beaucoup aimé et j’ai signé mon contrat là-bas.

Ce n’est pas trop compliqué de quitter tout ce que tu connais pour partir seul dans le nord de l’Espagne ?
Au contraire, j’ai trouvé ça plutôt facile. J’avais la sensation d’être en vacances toute l’année. Je vivais un rêve éveillé en étant footballeur pro en Espagne. La seule chose difficile était d’être loin de la famille. Mais Barcelone est très facile d’accès depuis Genève (ndlr : Lleida est à moins de deux heures de Barcelone en voiture).

 

 
 
 
 
 
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Pourquoi as-tu quitté l’Espagne pour la Norvège, début 2023, alors que tu t’y sentais si bien ?
Je n’ai joué que six mois en Espagne, puis j’ai eu la possibilité de partir en D2 norvégienne. Je connaissais l’assistant, Oriol Mohedano, qui m’a entraîné en M18 à Servette. Ils cherchaient un milieu et il m’a proposé au club. Le choix était assez simple. Certes, c’était un gros sacrifice niveau confort, puisque tu passes de l’Espagne à la Norvège. Mais pour ma carrière, c’était avantageux de me retrouver en deuxième division, plutôt que de rester en quatrième division. J’étais à une seule étape de la première division. En Espagne, rien que pour faire un step, il faut un miracle. Je me suis dit que c’était plus judicieux d’aller en Norvège et de pouvoir sortir du lot avec mes qualités techniques. Plutôt que rester en Espagne, où tous les joueurs étaient comme moi, je n’étais qu’un de plus.

Justement, tu parais finalement plus compatible avec le football norvégien qu’espagnol. Tu t’y attendais ?
J’étais conscient que le jeu était beaucoup plus ouvert en Norvège. Il y a plus d’espaces, de transitions box-to-box. Alors qu’en Espagne c’est très tactique, très arrêté. On joue bas sur le terrain, avec des attaques placées. Donc je savais pertinemment que j’aurais plus d’opportunités de me mettre en valeur en Norvège. Avec ma qualité technique, si on me donne de l’espace, ça fait mal.

Comment t’es-tu adapté à la Norvège et à ton club de Raufoss ?
J’ai eu la chance que le club me mette en valeur. Dès la première semaine, ils ont vu mes qualités. Ils m’ont tout de suite donné le numéro 10, ce qui m’a donné encore plus de confiance. Grâce à cette position du club, je suis rentré dans une attitude de leader. J’ai pris ce rôle à cœur et ça m’a fait un peu pousser des ailes. J’aime avoir des responsabilités et ils m’en ont donné beaucoup. Je ne suis pas Lionel Messi ou Neymar, mais devoir tirer l’équipe vers le haut m’a clairement rendu meilleur.

 

 
 
 
 
 
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Comment expliques-tu ta belle saison 2023 avec Raufoss (34 matches, 9 buts, 9 passes décisives) ?
J’ai très bien commencé la préparation de trois mois. J’ai mis des buts et fait des passes décisives. Puis, j’ai eu un petit coup de mou en début de championnat, je devais m’adapter. Ensuite, je suis reparti crescendo et c’est à l’approche de l’été que ça a explosé. J’ai lâché les chevaux et je n’ai eu aucune limite. J’ai surtout fait un grand saut mental, ça a été une révélation pour moi. J’ai appris qu’il faut jouer avec énormément de confiance. Il faut oser si tu veux réussir quelque chose. C’est durant le match de Coupe contre Viking, qui était premier de D1, que je me suis vraiment libéré (ndlr: victoire de Raufoss aux tirs au but, un but et une passe décisive pour Loris Mettler). Pour réaliser l’exploit contre une équipe de première division, il fallait oser. J’ai eu le déclic sur ce match-là et je l’ai gardé tout au long de la saison. Ça a super bien marché.

Grâce à cela, tu as signé à Sandefjord (D1 norvégienne) en ce début d’année. Raconte-nous.
J’ai fait le choix de Sandefjord parce qu’ils m’offrent les mêmes conditions que Raufoss. C’est-à-dire une place importante. Je continue dans la même optique, j’y vais étape par étape. L’objectif est donc de reproduire la même chose à l’échelon supérieur. Ils me mettent dans de bonnes conditions, ils m’ont aussi donné le numéro 10, j’ai un bon contrat avec trois ans devant moi. L’idée est d’utiliser ce club comme tremplin et de continuer ma route jusqu’au plus haut niveau. Je ne veux pas m’arrêter là.


La saison reprendra en avril. Que fais-tu actuellement ?
On a commencé la préparation début janvier. Il y a beaucoup de matches amicaux, on va partir en camp de deux semaines en Espagne. On prend le temps de bien se préparer. On a le temps de travailler la tactique, de mettre les idées du coach en place.

Comment se passe ton adaptation à Sandefjord ?
L’adaptation est très bonne. Le groupe est jeune, donc c’est facile de s’intégrer. On est six nouveaux joueurs, on a vécu 24 heures sur 24 à l’hôtel ensemble, donc j’ai déjà créé de beaux liens. Ça aide à l’entraînement, où j’ai de bonnes sensations. Par contre, on voit que c’est un niveau différent. Mais je ne suis pas à la traîne. Je suis enfin à un niveau qui me plaît. C’est plus mental qu’autre chose, pour moi. Le niveau, le physique, je les avais déjà. En passant en première division, je m’étais dit que le test de course allait être un peu plus difficile. Et au final je les ai tous mis à la traîne, j’ai été le meilleur physiquement. Donc c’était un bon signe. Et surtout, c’est agréable de jouer avec des joueurs qui font de bons choix, qui jouent vite, qui sont exigeants techniquement, qui réussissent plus de choses. Tout est mieux. En plus, je vis en ville, je ne suis pas dans un village, contrairement à l’année passée. C’est sympa de retrouver une vie un peu plus agréable, tout en ayant le temps pour travailler. 

Tu as déjà pas mal bougé dans ta carrière, découvert de nouvelles cultures. C’est aussi ça le football, tu le conseilles ?
Je recommande à fond. Après, il faut être prêt mentalement. Tout dépend de l’envie, ce que j’appelle “la dalle”. Si tu l’as vraiment, alors va à à l’étranger. Si la porte est fermée en Suisse, ne te restreins pas à la Suisse, pars. Il y a des milliers de clubs dans le monde. Par contre, il faut savoir ce que ça représente, il faut être prêt à quitter la famille. J’ai choisi la Norvège, ce n’est pas tout beau tout rose. Il y a deux mètres de neige, il fait -30 degrés (rires). Ce n’est pas la vie espagnole. Mais je recommande. Ça permet de voir un autre type de football, qui correspond peut-être plus à ton jeu. Tu pars dans un autre pays, où tu n’es pas connu. Tu te fais ton image quand tu arrives. Tu repars à zéro. En Suisse, les coachs t’ont déjà eu tout jeune, ils savent qui tu es et connaissent tes limites. Ils ont déjà un préjugé. Quand tu arrives à l’étranger, tu es un homme nouveau. À toi de faire tes preuves.

Tu pourrais tout de même revenir en Suisse ? Ou tu comptes rester dans notre rubrique “Les Genevois de l’étranger” ?
Je ne suis pas fermé à revenir en Suisse. Mais je ne reviendrais pas n’importe où, pas à n’importe quel niveau et pas à n’importe quelles conditions. Ce serait forcément en Super League, mais pas non plus dans n’importe quel club. Après, que ce soit en Suisse ou autre part, je suis toujours ouvert. Pour le moment, je continue mon chemin à l’étranger et on verra bien où ça me mène.

Quels sont tes prochains objectifs, maintenant que tu as signé pro et que tu joues en première division?
L’objectif est de faire une belle saison ici et de m’en servir comme tremplin pour aller chercher des championnats, comme la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, voire un meilleur club en Norvège. L’idée est de grimper, je veux encore grandir. Et maintenant que je suis en première division, j’ai évidemment l’équipe de Suisse qui pourrait être un objectif dans le futur. Une fois que tu es en première division, si tu performes, c’est possible.

Tu te sais suivi par l’équipe nationale ?
Je ne pense pas être observé par l’équipe nationale pour le moment, je pense qu’ils ne savent pas encore qui je suis. Mais ils ne vont pas tarder à savoir qui je suis (rires).

 

 
 
 
 
 
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Photo de couverture : NTB

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