« Depuis deux saisons, nous n’avons pas su nous stabiliser »

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Le FC Versoix a vécu une saison catastrophique pour ses actifs, avec deux relégations et un retrait d’équipe. Le président Alexandre Moraga tire le bilan.

Proxifoot : Le FC Versoix vient de subir une relégation en troisième ligue. Quelle est votre analyse sur cet échec marquant ?

Alexandre Moraga : “C’est le résultat d’une volonté de travailler avec des joueurs locaux, mais malheureusement, cela n’a pas abouti. Les défaites se sont enchaînées, générant une instabilité au sein de l’équipe. Cela me chagrine, car un véritable travail a été effectué sur la formation junior pour faire la transition. Nous avions vraiment pour objectif de créer une première équipe composée de joueurs du cru. Nous avons mené deux projets simultanément, et malheureusement, on parle surtout de nos échecs sans reconnaître le travail accompli avec les juniors. Notre idée était de créer une organisation pyramidale, avec la première équipe au sommet, soutenue et renforcée par les juniors. En fin de compte, cette approche n’a pas fonctionné comme prévu, ce qui est vraiment décevant. Cette approche est la bonne, mais elle n’est pas dans le bon timing. C’est lors de la saison 2024/25 que nous pourrons mieux mesurer cette approche, car bon nombre de joueurs nés en 2005 vont intégrer les actifs”.

 

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À quel niveau pensez-vous que les choses ont principalement déraillé ? Mentalement ? Techniquement ? Footbalistiquement ?

“C’est difficile à dire. Mais je dirais que l’alchimie n’a pas pris avec le staff et les coachs. Nos entraîneurs successifs ont joué un rôle « de pompier»,  dans le sens qu’ils étaient là pour redresser une situation difficile, ce qui a déstabilisé l’équipe. Je rappelle que nous avons eu le départ de 14 à 15 joueurs durant le mercato hivernal. Il faut du temps pour créer une alchimie. L’instabilité a rendu difficile la formation d’une cohésion d’équipe solide. Malheureusement, depuis deux saisons, nous n’avons pas pu nous installer dans la stabilité”.

Pourtant, vous aviez confirmé Patrick Terrier durant l’été, avant qu’il décide de partir après seulement trois matchs. D’ailleurs, que s’est-il passé ?

“Les résultats ne suivaient pas. Son départ, qui a été sa pleine et entière décision, était motivé par le désir de donner un coup de boost à l’équipe. Peut-être que la malchance et le contexte ont joué un rôle. Nous ne voulons pas attribuer la faute à quelqu’un en particulier. Nous avons espéré que son départ agisse comme un électrochoc pour l’équipe, mais les effets escomptés n’ont pas été au rendez-vous. Parfois, des décisions difficiles sont nécessaires, même si elles n’apportent pas toujours les résultats attendus. Mais j’assume ma part de responsabilité”.

Vous assumez la responsabilité de cette situation délicate ?

“J’en assume en tout cas une partie, c’est certain. Peut-être que je n’ai pas tout fait juste au niveau organisationnel ou dans la gestion des effectifs ou lorsqu’il a été question d’identifier les bonnes personnes aux bons postes. La répartition des responsabilités et des tâches n’a pas été optimale. Il aurait peut-être fallu une meilleure communication entre les différentes parties prenantes pour éviter ces erreurs. Dans tous les cas, nous sommes toujours meilleurs une fois que le coup de sifflet final a retenti. Nous devons apprendre de ces erreurs pour ne pas les répéter à l’avenir”.

En février, après le mercato, vous disiez au micro de Télé Versoix : “Je suis extrêmement fier de cette équipe et de son staff. Cela faisait longtemps que je n’avais pas observé un tel engagement, une telle passion dans le jeu.” Ces paroles semblent aujourd’hui contrastées avec la réalité…

“C’est vrai. Mais il faut dire que les matchs de préparation étaient prometteurs ! Nous avions réussi à remplacer les 14 à 15 joueurs, et c’était clairement positif. Les matchs amicaux nous ont donné beaucoup d’espoir. Peut-être avons-nous eu trop de confiance. Nous n’avons pas réussi à nous remettre en question. Les matchs amicaux, il faut aussi savoir les perdre, visiblement. La transition entre les matchs amicaux et la compétition officielle s’est avérée plus difficile que prévu. Nous avons surestimé notre préparation et sous-estimé les défis à venir”.

Versoix était mathématiquement sauvé à la trêve, mais n’a pris que deux points au deuxième tour.

Si vous aviez l’opportunité de revenir en arrière, quelles modifications apporteriez-vous pour éviter cette issue ?

“Je ne courrais pas deux lièvres à la fois. Nous voulions monter en A inter (les Juniors A 1er degré ont fini avant-derniers, ndlr) et améliorer la première équipe. Finalement, l’énergie mise dans ces deux objectifs a été divisée par deux. Il aurait fallu se concentrer davantage sur l’un ou l’autre objectif. En étant trop dispersés, nous avons manqué de focus sur l’essentiel. Une stratégie plus ciblée et un engagement plus clair sur un seul objectif auraient probablement été bénéfiques”.

Plus que la première équipe, le bilan du club est particulièrement alarmant cette saison, notamment du côté des actifs, avec deux équipes reléguées et le retrait de la 3ème équipe. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette série de revers ?

“Il y a eu un effet domino. Quand le sommet ne fonctionne pas, cela peut se répercuter sur l’ensemble des équipes du club. De la même manière qu’une dynamique positive peut entraîner plusieurs montées consécutives, ce que le club a connu ces dernières années. Mais cette saison, nous étions dans une spirale négative. Avec la Deux, le changement d’entraîneur en début de saison a eu pour effet de disperser le cœur de cette équipe dans des clubs voisins. La perte de confiance s’est propagée à travers les équipes d’actifs, et nous n’avons pas réussi à endiguer ce sentiment. Il est essentiel de comprendre ces dynamiques pour pouvoir les corriger à l’avenir”.

Justement, vous avez proposé le nom de Simon Pidancet, élu au poste de directeur sportif, avec une attention particulière sur l’organisation des actifs, pour la saison prochaine lors de l’Assemblée générale du 30 mai. Que répondez-vous à ceux qui disent que vous faites du réchauffé ?

“Il y a des choses réchauffées qui fonctionnent bien. Simon (Pidancet, ndlr) a une très bonne expérience, avec des résultats passés. Maintenant, c’est aux membres de décider lors de l’assemblée générale. Nous croyons fermement que son retour pourrait apporter la stabilité et l’expérience dont nous avons besoin, notamment pour la section des actifs. Parfois, revenir à des solutions éprouvées peut être la meilleure manière de repartir sur de bonnes bases”.

Ex-président du FCV, Simon Pidancet est de retour au club en tant directeur sportif général et responsable des actifs. Image : Téléversoix

Sur ce point, faire une AG fin mai, n’est-ce pas trop tard, alors qu’habituellement c’est en octobre ?

“Nous avons voulu prendre le temps, nous avions des questions, notamment financières, à régler avant tout. Nous ne sommes pas propriétaires du club et nous nous devons de « remettre », le cas échéant, le club en parfaite santé. Aujourd’hui, nos comptes sont à l’équilibre, et c’est un bon point de départ. En prenant le temps nécessaire pour résoudre ces problèmes, nous nous assurons de repartir sur des bases solides pour la saison prochaine. De la même façon, notre section Juniors fonctionne de façon optimale. Il était crucial de stabiliser notre situation avant de prendre des décisions stratégiques et sportives. Si nous avions fait cette AG en octobre, les membres n’auraient pas pu se positionner sur la suite sportive du club. Alors que là, il y a de vraies décisions à prendre, notamment en lien avec les actifs. Par conséquent, c’est un souci de transparence envers les membres qui a motivé cet ajournement”.

Quels devraient être les axes principaux de redressement pour le FC Versoix ?

“Il est encore tôt pour se projeter déjà sur la saison prochaine. Mais je dirais que la continuité de notre travail avec la section Juniors ainsi que la consolidation du projet Team Léman sont des projets phare. Nous nous réjouissons beaucoup de voir nos jeunes versoisiens intégrer les actifs. Nous devons également renforcer notre structure organisationnelle et assurer une meilleure communication entre toutes les parties du club. Il est primordial de recréer une dynamique positive et de rétablir la confiance au sein de l’équipe et avec nos supporters. L’une des clés de ce redressement passe par le fait d’étoffer notre comité. Aujourd’hui, un club tel que le FC Versoix est une véritable PME, impossible à gérer avec seulement quelques membres. Il faut donc renforcer et consolider de façon drastique son comité exécutif”.

Le nouveau staff technique du FC Versoix : 

La première équipe du FC Versoix repartira en 3ème ligue avec le staff suivant :

Entraîneur première équipe : Steve Laureti
Entraîneur assistant : Oscar Acosta
Entraîneur des attaquants : Mergim Ferati
⁠Entraîneur des gardiens : Luca Piccirillo
Entraîneur deuxième équipe : Mouhamed Camara

Tamer Yildizkaya (à droite), qui avait remplacé Patrick Terrier en début de saison, a quitté Versoix avant la fin de la saison. Photo : Carlos Manuel Trigo

Photo de couverture : Carlos Manuel Trigo

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