A Meyrin, un projet en M15 donne sa chance aux plus “petits”

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Un retard de croissance représente-t-il un frein pour jouer au football ? Pas pour les M15 de Meyrin, coachés par Luis Moës, qui sont au centre du projet DBT. Présentation.

Tâche difficile le week-end dernier pour les M15 meyrinois de Luis Moës, derniers du classement avec aucune victoire au compteur, qui recevaient au Stade des Arbères le leader du championnat, Team Vaud Yverdon Région et Broye, comptant cinq victoires en six matchs en ce début de saison. Malgré une bonne entame de match de la formation meyrinoise, c’est logiquement que les visiteurs se sont imposés dans ce duel des extrêmes (0-10), consolidant ainsi leur avance en tête du classement. Supérieurs au niveau physique et athlétique, les visiteurs ont dominé les débats  face à une équipe de Meyrin qui a pourtant fait preuve de persévérance et de grande qualité dans la construction de jeu.

Pourquoi une telle difference de 10 buts ? L’occasion pour Proxifoot de présenter le projet DBT (Développement Biologique Tardif)  mis en place par le Meyrin FC en M15, qui a pour objectif d’offrir davantage de temps de jeu aux jeunes talents genevois souffrant d’un retard biologique et laissés pour compte par les meilleurs regroupements M15 du canton (comprendre : Servette et Carouge).

Comment ça marche ?

En d’autres termes, ce nouveau projet amorcé par l’Association Suisse de Football (ASF) souhaite donner une nouvelle opportunité aux adolescents connaissant un retard de croissance de jouer dans une catégorie inférieure à celle de son âge chronologique. Le Meyrin FC a adopté cette initiative au sein de son effectif M15 qui est actuellement composé essentiellement de joueurs dans cette situation, comme en témoigne leur coach, Luis Moës : « Actuellement, dans l’équipe nous comptons cinq joueurs qui ont un an de plus que les autres, une jeune joueuse de 2003 et, pour le reste, ce sont tous des profils DBT de l’année 2002. L’idée du projet, c’est justement de mettre tous ces joueurs ensemble pour qu’ils essaient de trouver des solutions pour ne pas utiliser leur physique mais plutôt leur technique. Il s’agit pour la plupart de joueurs qui ne sont pas appelés dans les différentes sélections en raison de ce retard physique, mais ils restent de très bons footballeurs. De plus, ce sont des joueurs qui apprennent et assimilent rapidement. J’ai d’ailleurs beaucoup de plaisir à travailler avec eux car ils progressent très vite »

Dès lors, bien qu’il s’agisse d’un projet encourageant pour ces jeunes footballeurs parfois oubliés en raison de leur taille, il en est moins sur le terrain. Avec cinq défaites en autant de matchs pour la troupe de Luis Moës, difficile de comprendre comment ces jeunes peuvent progresser week-end après week-end. Et pourtant ! Moës confirme : « C’est vrai que les joueurs ont tendance à ne regarder que le résultat final et, au final, c’est ça qui est dommage. En effet, si on reprend la prestation d’aujourd’hui (ndlr: défaite 0-10), nous n’avons rien à envier à notre adversaire et sur certaines périodes, nous avons même étés supérieurs au niveau du jeu. Après, il est clair que nous avons un déficit physique qui fait beaucoup la différence à cet âge-là ».

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Un projet sur le long terme

Quant à la poursuite du projet, le jeune coach, lui-même ancien joueur de Meyrin, est conscient de la difficulté que suppose ce nouveau défi pour ses protégés, notamment au niveau mental : « En ce qui me concerne, le projet est très intéressant même si ça va être très compliqué et long, surtout pour les joueurs, pour en récolter les fruits. En effet, ce n’est jamais facile lorsque l’on est un bon joueur et qu’on n’arrive pas à faire la différence physiquement ».

Se pose alors la question de la marge de progression de ces jeunes joueurs surtout si l’on considère qu’ils évoluent dans une cadre peu favorable en fonction de leur capacité athlétique. Luis Moës revient sur la philosophie adoptée par le club : « L’objectif en tant qu’équipe est de former ces joueurs sur le long terme en les faisant progresser davantage sur les aspects techniques et surtout tactiques car il y a encore beaucoup de lacunes de ce côté-là. Par contre, malgré le championnat en jeu, nous n’avons aucun objectif de résultat bien que l’idéal serait de parvenir à remporter quelques matchs au deuxième tour. Comme entraîneur, je suis plus attentif au jeu et aux prestations que fournissent les joueurs plutôt qu’au résultat. C’est pourquoi nous insistons beaucoup sur le travail mental et l’intensité déployée pendant le match. Nous leur apprenons notamment à jouer compact autant sur les phases offensives que défensives et de ne pas laisser d’espace à l’adversaire ni le laisser prendre de la vitesse car cela peut être très dangereux. Nous insistons donc beaucoup sur le pressing et la récupération de balle rapide pour éviter les longues courses dans le vide ».

C’est un travail acharné effectué par l’entraîneur et son staff technique pour offrir à ces jeunes talents, parfois exclus trop tôt de l’élite, une nouvelle opportunité de réussir dans football. Bien que les résultats ne se soient pas manifestés sous forme de victoire, ce n’est pas ce qui va arrêter Luis Moës et son équipe. Antoine Griezmann et David Silva, pour ne citer qu’eux, n’avaient-ils pas été initialement écartés par l’Olympique Lyonnais et le Real Madrid en raison de leur taille ?

 

 

 






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