Chaque semaine, une personnalité du football des talus vaudois nous livre sa vision sur une thématique de son choix. Alex Gauthier, actuel attaquant de Donneloye, passé par le Lausanne-Sport, Le Mont, Yverdon Sport ou encore Bavois, évoque le rôle crucial des joueurs d’expérience dans un vestiaire.
L’expérience est un atout indéniable, dans le sport comme dans la vie. Elle se forge au fil des réussites et des échecs, mais se transmet surtout de génération en génération. Alex Gauthier, qui a rapidement touché au football professionnel avant de connaître notamment la Promotion League avec le FC Bavois, joue aujourd’hui un rôle de grand frère au FC Donneloye. Lui qui a connu une époque plus stricte remarque l’évolution des relations entre anciens et jeunes joueurs.
Un devoir d’exemplarité
C’est bien connu : le rôle le plus important que doivent jouer les plus anciens est celui de donner l’exemple. Et pour l’attaquant de Donneloye, ce rôle n’est pas toujours compris par ceux qui doivent l’endosser. «Certains ne se rendent pas compte de l’importance qu’ils peuvent avoir dans la progression d’un jeune», a-t-il expliqué. « Lorsque j’ai moi-même commencé, les anciens étaient plus durs qu’aujourd’hui. La discipline était plus présente et ça forgeait le caractère. Il faut savoir trouver le bon mélange entre la fermeté et la justesse : cadrer le jeune, mais rester juste avec lui. Car, mal encadré, un jeune joueur peut aussi perdre confiance ou se refermer ». Le bon équilibre est donc essentiel.

Au FC Yverdon Sport, Alex Gauthier a tiré beaucoup de positif de sa concurrence avec Matt Moussilou. La Région.
L’ancien junior du Stade-Lausanne-Ouchy a côtoyé des personnalités marquantes. « Je suis resté impressionné par Daniel Gygax au FC Le Mont. Il se comportait avec classe et faisait tout pour te mettre à l’aise », a-t-il raconté. « À Yverdon Sport, j’ai aussi de très bons souvenirs de Matt Moussilou. J’étais en concurrence avec lui, et pourtant il a toujours fait en sorte que je me sente le mieux possible. Il m’a beaucoup conseillé. Aujourd’hui, je prends exemple sur lui ».

Au FC Le Mont, il a côtoyé des joueurs phares de notre championnat national ainsi que quelques ex-internationaux.
La force du contexte
Comme pour un entraîneur, pour les joueurs plus anciens le contexte joue beaucoup. Alex Gauthier a vécu également des cas contraires où l’ambiance s’en est particulièrement ressentie. « La première fois que je suis arrivé en première équipe au Lausanne-Sport, c’était sous les ordres de Marco Simone », a-t-il rappelé. « Je quittais plus tôt ma journée de travail en apprentissage pour aller à l’entraînement et les séances de crise se répétaient inlassablement. Au Mont-sur-Lausanne, alors que je signais mon premier contrat professionnel, la mauvaise ambiance entre les anciens était visible. Il y avait beaucoup de problèmes d’ego, et les tensions étaient visibles par les plus jeunes ».

Au Lausanne-Sport, une équipe engluée dans une lutte périlleuse contre la relégation, l’ancien junior du Stade-Lausanne-Ouchy s’est forgé un caractère de battant.
Une capacité d’adaptation
S’il n’a jamais connu de gros conflits, Gauthier a retenu une leçon : savoir s’adapter. « Certains joueurs m’ont marqué par leur bienveillance, mais j’ai aussi observé des comportements à ne pas reproduire », a-t-il analysé. «Les jeunes d’aujourd’hui ont plus de répondant. Il faut ajuster ton discours à leur personnalité. J’utilise souvent l’ironie, mais sans méchanceté», a-t-il expliqué.
Ceci n’empêche pas les remises en place lorsqu’elles s’imposent. « Il ne faut crier que quand c’est nécessaire. J’ai inculqué ça comme capitaine à Bavois », a-t-il déclaré. « C’est comme avec les enfants : si tu cries tous les jours, ils cessent vite de t’écouter ».
La cohérence entre leaders
Dans une famille, des parents qui n’adoptent pas la même ligne éducative peuvent se retrouver en difficulté. Une équipe de football vit parfois le même phénomène. « À Donneloye, on communique beaucoup entre anciens », a expliqué Gauthier. « On échange sur la façon d’encadrer les jeunes, et on n’hésite pas à se dire les choses. Si cela devait arriver à l’un d’entre nous d’aller trop loin avec un jeune, on le recadrerait, mais toujours à l’abri des regards. Un reproche devant le groupe peut vite saper une autorité ».

Aujourd’hui au FC Donneloye, l’attaquant fait profiter les jeunes de son expérience dans un groupe sain.
Le rôle de leader à Donneloye est facilité par l’état d’esprit des jeunes. « Ils sont incroyables. Mais à nous les anciens de nous adapter », a-t-il admis. « Le monde évolue, et on doit évoluer avec lui. Le respect mutuel entre générations, c’est la clé. On en a tous eu besoin, alors à nous de bien le transmettre ».