Un an après une relégation douloureuse, la réserve d’Yverdon Sport a retrouvé des couleurs. Portée par un nouveau staff et un esprit collectif reconquis, YS II a reconstruit sur les ruines d’une saison cauchemardesque.
Relégué de 1re Ligue au printemps dernier, la réserve d’Yverdon Sport a vécu une année cauchemardesque à tous les niveaux. Sportivement d’abord, avec une seule unité glanée sur tout le deuxième tour, mais aussi humainement, dans un groupe désorganisé et à bout de souffle. Aux commandes, Leonardo Argentina, un technicien italien venu avec de bonnes intentions, mais dont la méthode n’a jamais pris. Désormais entrainée par Vincent Lanoix, le club nord-vaudois se reconstruit en 2ème ligue inter. Retour sur le début de saison avec Noa Vazquez et Vincent Lanoix.
« Une année que je ne souhaite à personne »
L’un des rares rescapés de ce naufrage, Noa Vazquez, s’est souvenu avec lucidité d’une saison qu’il espère ne plus jamais revivre. « Franchement, c’était une année que je ne souhaite à personne, vraiment », a-t-il déclaré. « On n’avait pas le même budget que les autres clubs de 1ère Ligue, et forcément, ça s’est ressenti. On n’avait pas d’assistant, pas de physio, et on ne s’est pas vraiment sentis soutenus par la direction. On avait changé de directeur sportif et les promesses ne suivaient pas. On nous parlait d’une salle de sport, un masseur, mais au final, il n’y avait rien ».

Noa Vazquez a tout vécu au sein d’YS II @evan kokorus photographie
L’absence de stabilité a pesé lourd sur la dynamique du groupe. « Il y a eu énormément de mouvements dès le début de saison. Beaucoup de joueurs sont arrivés, l’équipe a complètement changé, et ça n’a pas aidé à trouver des repères », a confié Noa Vazquez, lucide. « On n’avait pas vraiment de plans de jeu, les entraînements se ressemblaient, on s’adaptait beaucoup à l’adversaire. La preuve : sur le deuxième tour, on a pris un seul point. C’est dire à quel point c’était difficile. C’est une saison que j’espère ne plus jamais revivre. C’était tout sauf plaisant pour un joueur de foot ».
La communication, déjà fragile, a souvent été un frein. « Le coach parlait surtout italien, et c’était compliqué pour se faire comprendre », a affirmé le joueur Yverdonnois. « Il se débrouillait en anglais, essayait le français, mais ça restait difficile. Fabien Clivaz, notre ancien directeur sportif, devait parfois venir traduire nos échanges. Ce n’était pas évident ». Ces éléments ont conduit à un groupe fracturé, sans repères, où la frustration a peu à peu remplacé la confiance. L’échec de 2024-2025, brutal, mais logique, a marqué la fin d’un cycle.
Reconstruire pour mieux repartir
À Yverdon, on n’a pas tardé à tirer les leçons de cette descente. Dès l’été, la direction a totalement rebattu les cartes. Le staff précédent est parti et deux nouveaux directeurs sportifs, Mustafa Sejmenovic, véritable légende du club, épaulé par Modou Boye, a repris la main avec le nouvel entraîneur Vincent Lanoix. Le Martiniquais, venu des juniors A Inter du club, a accepté la mission de reconstruire la réserve sur des bases saines. « À mon arrivée, il n’y avait plus grand monde. Juste Noa Vazquez et le gardien, Sébastien Burgat », a raconté le nouvel homme fort de la réserve yverdonnoise. « On a dû tout reconstruire, et c’est justement ce défi qui m’a donné envie de venir. J’ai pris pas mal de joueurs que je connaissais déjà des Inter. Cela m’a permis d’avoir une ossature. Ensuite, on a ajouté quelques renforts au maximum dans la tranche d’âge de 17 à 21 ans ; des gars avec du potentiel et une bonne mentalité »

Vincent Lanoix a commencé cette saison avec un effectif entièrement renouvelé.
Le mot d’ordre a été clair : bâtir un groupe, pas une somme d’individualités. « On a voulu de bons joueurs, bien sûr, mais surtout des bons garçons, avec la tête sur les épaules. On n’a pas un gros budget, donc il faut miser sur la cohésion, la solidarité et le travail », a rajouté l’ancien joueur de National 3.
En quelques semaines, le climat a changé. Le vestiaire s’est reconstruit, la rigueur s’est installée, et surtout, le plaisir est revenu. « C’est tout le contraire de l’année passée. On a un vrai staff, un vrai physio, des entraînements intéressants, une identité claire. On sent que tout le monde tire dans le même sens », a souri Noa Vazquez. Le nouvel YS II est donc né dans le calme, la patience et la méthode.
Entre prudence et rêves
Après plusieurs mois de compétition, les Nord-Vaudois se sont installés dans la première moitié du classement de 2e ligue inter. Les résultats ont suivi, le jeu est devenu plus fluide, et la confiance s’est installée. Mais pas question de s’enflammer pour l’ancien coach des A inter. « Le but, c’est d’assurer un bon maintien. On veut rester loin des trois dernières places, et si on peut faire mieux, tant mieux », a expliqué Vincent Lanoix. « On a un groupe très jeune, l’un des plus jeunes du championnat. La moyenne d’âge est autour de 21 ans. On manque parfois d’expérience, on perd des points bêtement, mais c’est normal. L’important, c’est d’apprendre ».

Yverdon II peut regarder à nouveau vers le haut du classement @instajevois
Un discours mesuré, auquel Noa Vazquez a adhéré, avec une pointe d’ambition supplémentaire. « Ce qui est sûr, c’est que comparé à l’année passée, je n’avais pas peur parce qu’on ne pouvait pas faire pire ! » a-t-il dit en riant. « Après, je suis mon coach, mais je pense quand même qu’on peut jouer les premiers rôles. On a une belle équipe, je ne nous vois pas descendre. Clairement, on a les armes pour rester là, et pourquoi pas viser plus haut. » Avant d’ajouter, plus sérieusement : « En deuxième ligue inter, tout peut changer en hiver. Les effectifs bougent beaucoup, ça devient presque un autre championnat. Mais honnêtement, on a un très bon groupe, solide et motivé. »
La jeunesse à l’épreuve
Malgré leur jeunesse, les hommes de Vincent Lanoix ont impressionné par leur mentalité. Plusieurs rencontres ont déjà prouvé leur force de caractère. À Champagne, réduits à dix, ils ont arraché le nul. Contre Pully, menés 0-2 à la pause, ils ont renversé le match pour s’imposer 4-2. Des scénarios qui ont traduit une vraie solidarité. « Ça montre qu’on est liés, qu’on se bat pour le même objectif. On ne lâche jamais, même quand c’est mal embarqué », a confié le coach Yverdonnois. L’inexpérience a aussi eu son revers dans d’autres matchs. « On commet encore des petites erreurs. On s’est fait rattraper dans les dernières minutes contre Azzurri, contre Collex-Bossy. Ce sont des points qu’on doit apprendre à garder. Avec un peu plus de vécu, on saura mieux gérer », a reconnu le technicien martiniquais.

Yverdon a remporté son dernier face à la réserve du SLO @instajevois
Le coach sait que ces passages font partie du processus. Le groupe a appris à souffrir ensemble, à grandir ensemble. Et malgré quelques zones d’ombre, comme la rencontre interrompue face à Échichens après une grave blessure d’un joueur adverse, la réserve a continué d’avancer. « Cette affaire a créé un flou sur le plan administratif. Entre les décisions des instances et les points suspendus, c’est un peu gênant. Mais on est restés concentrés sur le jeu, pas sur les papiers », a regretté Vincent Lanoix.
Une passerelle vitale avec les professionnels
Depuis la descente, Yverdon Sport II a conservé un rôle essentiel : être le tremplin vers le monde professionnel. Malgré la relégation de la première équipe en Challenge League, le lien entre les deux structures est resté solide. « La communication est bonne depuis le début de la saison. On n’est pas des pros, eux le sont, donc forcément c’est différent, mais les échanges sont là. On essaye d’améliorer ça de jour en jour », a assuré le technicien de la réserve yverdonnoise.
La dynamique positive doit permettre à certains jeunes d’entrevoir des opportunités. Pour beaucoup, s’entraîner avec le groupe professionnel serait déjà une expérience formatrice. C’est d’ailleurs tout le but d’une réserve : préparer les talents de demain, dans une structure cohérente et connectée.
La suite d’une histoire à reconstruire
Aujourd’hui, Yverdon a retrouvé plus qu’un jeu : une âme. Sous la direction de Vincent Lanoix, la vigilance de Mustafa Sejmenovic et Moudou Boye, la réserve a avancé pas à pas, avec humilité, travail et passion. Un an après la tempête, YS II ne rêve plus seulement de rebâtir : elle veut désormais redevenir fière de son maillot.
Yverdon Sport II aura l’occasion de montrer son regain de forme lors de cette semaine anglaise. Les nord-vaudois disputeront ce mercredi à 20h30 le match à rejouer sur le terrain d’Échichens. En cas de succès, les joueurs de Vincent Lanoix reviendraient à hauteur de la troisième place occupée par Urania Genève Sport, qu’ils affronteront à Genève ce samedi à 17h00. Une semaine durant laquelle les victoires confirmeraient la trajectoire ascendante d’un groupe métamorphosé.