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A vous la parole : Jordane Stark

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Chaque semaine, une personnalité du foot des talus vaudois nous donne son point de vue sur une thématique de son choix. Cette semaine, Jordane Stark, ex-meneur de jeu de Forward-Morges et désormais entraîneur principal, évoque sa transition de joueur à coach.

Arrivé à la mi-saison 2019-2020 en provenance d’un club anglais, le Lewes FC, Jordane Stark a officiellement mis un terme à sa carrière à l’été 2025. Malgré quelques apparitions, il consacre désormais toute son énergie à son nouveau rôle. Désormais à la tête d’une équipe dont il était encore le coéquipier récemment, il revient sur une transition pleine de défis.

Jordane a fait un sacré saut sur le plan culturel en débarquant à Morges de la septième division anglaise.

Une proposition inattendue 

Avant la fin de sa carrière de joueur, le milieu offensif avait conclu un autre type d’accord : celui d’une reconversion comme directeur sportif. « Raphaël Cand et Mickael Peixoto, tous deux co-entraîneur sont venus me voir en fin de saison », a-t-il expliqué. « Raphaël m’a dit qu’il ne continuerait pas à la tête de l’équipe. Les deux m’ont proposé de reprendre la direction de la première équipe avec Mickaël qui resterait pour m’épauler, mais en prenant du recul suite à la naissance de son deuxième enfant. Après une dizaine de jours de réflexion, j’ai décidé de me lancer ». 

Cette proposition n’est pas arrivée par hasard. « J’entraînais déjà les juniors A », a rappelé le natif de Metz. « Je suis en train de passer le diplôme UEFA B également. Lorsque j’étais joueur, il était important pour moi de rentabiliser mon temps ».

Pour l’ancien capitaine, il n’y a aucun doute. Les émotions comme coach se vivent à double. @portillavisuals

Les émotions vécues à double

Habitué à servir de relais entre joueurs et staff en tant que capitaine, Stark ne s’attendait pas à une telle charge de travail et d’émotions. « Il y a dix fois plus d’éléments à considérer », a-t-il avoué. « Entre l’état d’esprit, le recrutement, la constitution d’un staff, la dimension des cônes et la taille du terrain sur les exercices, … c’est infini ! En tant qu’entraîneur, les émotions sont vécues à double. Lorsqu’on gagne, partager la joie de la victoire avec l’équipe est quelque chose de fabuleux. Quand la défaite arrive, tu es doublement plus triste, car en plus d’avoir perdu, tu n’as pas la satisfaction d’avoir joué ».

À cela s’ajoute la pression, toujours plus forte en cas de contre-performance. « Le sentiment de responsabilité est décuplé », a-t-il admis. « Quand les choix sont bons, la qualité de l’effectif est mise en avant ; quand ils sont mauvais la responsabilité est à 100% sur l’entraîneur. Il n’a pas fait les bons choix, le recrutement n’a pas été bien ciblé, … ». Il évoque aussi un aspect méconnu de la formation d’entraîneur. « On nous donne des notions qui permettent d’avoir un impact positif sur un match où la situation est mal engagée », a-t-il déclaré. « Selon la tournure du match, tu vas avoir besoin d’un élément supplémentaire que tu as travaillé pendant la semaine ».

Une tendance à ruminer

Jordane Stark l’admet : après un mauvais résultat, il rumine longtemps. « Jusqu’au mardi, jour du premier entraînement de la semaine, je me repasse les images du match en me tordant un peu le cerveau », a-t-il concédé. « Mille questions me passent par la tête sur les raisons du résultat négatif du week-end. Mais une fois arrivé au premier rendez-vous de la semaine avec l’équipe, je suis tourné vers le match suivant ».

Proche de ses joueurs

Passé par la France, le Luxembourg et l’Angleterre, Stark dit avoir beaucoup appris de ses récents entraîneurs. « Quand j’ai vu la proximité que Raphaël Cand et Mickaël Peixoto avaient avec leurs joueurs, ça m’a parlé tout de suite », a-t-il précisé. «J’aime être proche de mes gars, mais chacun doit être conscient de la hiérarchie». 

Ce style d’approche correspond parfaitement à ce qui lui manque le plus depuis qu’il a quitté les terrains. «Jouer et avoir l’adrénaline de la compétition. Dans l’idéal, je voudrais encore jouer, enchaîner les matches et aller chercher des objectifs», a-t-il admis avec nostalgie. Un feu sacré qu’il ne se gênera pas de transmettre à ses joueurs, si des objectifs clairs étaient en passe de se concrétiser ce printemps. « Il est clair que si on devait se retrouver en demi-finale, voire en finale de Coupe ou à deux doigts d’accéder aux finales de promotion, j’insisterai sur le privilège qu’auraient mes joueurs de vivre de tels moments », a-t-il anticipé. « Ce privilège doit être un moteur pour chaque joueur, et nous devons nous donner ainsi les moyens d’aller encore plus loin ». 

Dans son nouveau rôle, Jordane se veut très proche de ses joueurs. @portillavisuals

Un cadre idéal

Si le Franco-Guadeloupéen a choisi de finir sa carrière au Parc des Sports, c’est aussi parce qu’il sait combien un tel cadre est rare dans la région. « Il y a une ferveur que l’on ne retrouve nulle part ailleurs à ce niveau », a-t-il souri. « Il y règne une atmosphère familiale, chaque joueur de la première équipe a son casier personnel au stade, on est bichonnés comme j’ai rarement vu dans ma carrière. Quand nous sommes arrivés avec ma famille, le club a également tout fait pour qu’ils se sentent le mieux possible ». Il n’oublie toutefois pas que la loi du résultat reste impitoyable. « Quand j’ai accepté le rôle de coach, je savais à qui j’avais affaire. Mais je connais également les aléas de la fonction, et seuls les résultats décideront de mon avenir ».

Jordane Stark refuse en tout cas de vivre avec des regrets, à l’inverse de certains anciens coéquipiers. « Ces dernières années, certains d’entre eux ont quitté le club suite à la relégation en 2ème ligue. Par la suite, ils ont tout fait pour revenir en voyant la ferveur revenir ».

Composer entre hiérarchie et amitié

Le plus difficile pour Stark a été de préserver de bonnes relations avec ses anciens coéquipiers malgré ses nouvelles responsabilités. « La prise de conscience de la nouvelle hiérarchie n’est pas forcément facile pour certains joueurs », a-t-il témoigné. «Comme entraîneur, il faut se créer une carapace. Il faut être prêt à être jugé, voir critiqué par ceux qui ne sont pas toujours d’accord avec tes choix». 

Malgré les défis que ce poste implique, Jordane Stark paraît prêt à endosser pleinement le costume. Et à faire décoller sa nouvelle carrière avec un véritable comte de fées.

Photo de couverture : @portillavisuals

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