Victorieux à Morges samedi dernier (2-4), le FC Veyrier Sports a remporté sept de ses huit derniers matchs en 2ème ligue inter. Au point de rêver follement d’une promotion en 1ère ligue ? L’entraîneur Daniel Villa calme le jeu.
Historiquement plus présent en 3ème ligue et au-delà, le FC Veyrier Sports a changé le cours de son histoire en 2007. Cet été-là, le président de l’époque, Serge Zanicoli, a confié les rênes de la première équipe à un joueur dont le genou ne tenait plus et qui voulait se lancer dans le bain du coaching. Onze ans plus tard, Daniel Villa n’en finit plus de placer la barre encore plus haut. Au point qu’aujourd’hui, le club est dans la lutte pour la promotion en 1ère ligue après avoir enchaîné six victoires consécutives et huit journées d’invincibilité, série en cours. Un état des lieux totalement inattendu pour un club dont la présence en 2ème ligue inter est déjà une exception historique. Le club et le village sont-ils prêts à une éventuelle nouvelle promotion ? L’entraîneur veyrite ne s’aventure pas si loin. Interview.
Proxifoot : Daniel, après le départ de certains cadres et deux défaites en deux matchs, on s’imaginait une saison compliquée pour Veyrier. Deux mois plus tard, vous voici au coude-à-coude avec OG en haut du tableau. Comment expliquer cet état de forme ?
Daniel Villa : On a eu un départ un peu tronqué car le match de Thoune a quand même pris de l’énergie je dirais, même si ce n’est pas l’unique raison de nos deux défaites. On a eu quelques changements au sein de notre effectif et il nous a fallu un peu de temps pour mettre en place notre système de jeu. On a maintenant un groupe homogène, ambitieux et travailleur, raisons pour lesquelles on enchaîne les bonnes prestations.
Justement, ce match contre Thoune a plutôt eu un effet bénéfique sur le long terme, n’est-ce pas ? L’équipe renverse des matchs et a l’air physiquement au point.
Oui. Je pense qu’il s’agit quand même d’un objectif majeur pour des joueurs amateurs : affronter une équipe professionnelle reste un rêve. Donc je pense que notre préparation estivale s’est dans l’ensemble bien passée, mes joueurs étaient motivés et on a pu bien travailler physiquement aussi. Maintenant, il est vrai que l’on montre beaucoup de caractère dans la difficulté, on bascule des matchs et on propose beaucoup d’abnégation d’un point de vue mental. Plutôt encourageant pour la suite.
Parle-nous de tes recrues estivales. Elles sont arrivées sur le tard, mais elles sont déjà très bien installées dans ton onze comme Paratte, Veuthey, Ben, Hanson, Cardoso…
Oui. A Veyrier on a l’habitude de travailler dans la continuité, mais cette année est un peu différente. Un peu une fin de cycle je dirais, où l’on devait régénérer quelques forces. Les départs ou arrêts de Röthlisberger, Mendes, Hempler et Martin devaient être compensés. Les arrivées de Paratte (qu’il a déjà eu sous ses ordres à Champel, ndlr) et Veuthey sont une réelle plus value pour mon équipe, ils nous amènent leur expérience du plus haut niveau, leur sérieux et leur esprit de compétition. Dans le secteur offensif, Ben, Cardoso, Hanson, Aponte mais aussi Kabasa amènent de la qualité technique, de la vitesse et un peu de folie qui nous manquait. Je trouve que l’équipe est équilibrée, que les joueurs sont sur la même longueur d’onde et j’ai surtout un banc qui me permet d’amener de la qualité et des profils différents en cours de match. Si mes joueurs continuent de comprendre que cette concurrence va nous pousser vers le haut, alors on continuera d’être performant.
L’équipe a gagné sept des huit derniers matchs, est à deux points du leader Olympique de Genève et a même été deux semaines en tête du championnat. Comment est vécu ce petit conte de fées au club et au village ?
On ne va pas se mentir : les gens sont heureux, fiers de l’équipe et s’amusent à se projeter aisément. Il y a une certaine effervescence autour de l’équipe. Mais c’est normal. Le club est au plus haut qu’il n’a jamais été, on a dans nos rangs des joueurs de qualité, on a un collectif fort et, comme je disais avant, on montre beaucoup de caractère donc le rendu est pour l’instant positif. Mais en tant qu’entraîneur, je me dois de rester calme et ne pas tomber dans l’euphorie. On a vu la semaine passée contre Chippis que si on ne mettait pas les ingrédients nécessaires, alors tout devenait plus difficile. On doit garder la tête froide et surtout continuer de travailler dur. On verra où cela nous mène.
Qu’est-ce qui t’a le plus étonné sur ces huit derniers matchs : les sept victoires ou le nul à domicile contre la lanterne rouge Chippis qui ne comptait que deux points ?
Clairement les sept victoires. On sait que c’est une ligue exigeante, des adversaires sont de qualité alors on doit se ravir de nos succès. On a une petite expérience dans cette ligue et jamais on n’avait réussi à enchaîner autant de points, on est invaincus depuis le 21 août alors on se doit d’être fiers de cette série et surtout d’avoir envie de la poursuivre le plus longtemps possible. C’est clair que faire nul contre une équipe qui n’avait que deux points peut être considéré comme une contre-performance, mais on a joué que 25 minutes ce jour-là et notre adversaire a fait un bon match. Je sais que ces contextes de matches ne sont pas évidents alors à nous de tenter de les gérer au mieux. Cela dit, je pense clairement que ce match de Chippis nous a servi pour le suivant et notre joli succès contre Morges ce week-end.
Honnêtement, le Veyrier Sports est-il prêt pour une montée en 1ère ligue ? Ce scénario est-il désormais envisagé ou vous vous dites que vous allez redescendre de votre nuage ?
C’est une question difficile. Si je dis que l’on veut monter, alors je trouve qu’il y a un peu de prétention et je n’aime pas ça. Si je dis que l’on doit se calmer car on joue le maintien, alors je trouve qu’il y a un manque d’ambition et je n’aime pas ça non plus. Alors je dirais, sans langue de bois, que nous devons nous focaliser sur les choses sur lesquelles on a un impact et pour nous c’est le terrain et nos contenus. Laissons le classement aux supporters (rires) ! On doit prendre match après match, sans se projeter, sans calculer et le tout en restant humble et concentré. La saison est encore longue et on verra où on sera au mois de juin prochain. Quant à une éventuelle promotion, il faut poser la question à mes dirigeants (rires).
Est-ce que vous en avez parlé avec les dirigeants ? La 1ère ligue, c’est rentrer dans une autre dimension, un monde dans lequel la politique “sans argent” est non viable.
On a une particularité à Veyrier, mon coach depuis des années est Marc Fiorina et il s’avère qu’il est responsable technique du club et membre du comité. Donc on parle de l’équipe tous les jours, mais pour être honnête, on n’a pas évoqué une éventuelle promotion. Comme dit avant, on se concentre sur le match à venir. Après, si on est amenés à être dans le coup à la trêve, alors nous en parlerons. Je sais juste que le comité du club est jeune, dynamique et ambitieux, ils sont derrière l’équipe et sont heureux de nous voir en haut du classement. En cas de promotion, je suis persuadé qu’ils y feront face. Quant à l’éternelle question de l’argent, c’est dur pour moi d’y répondre. On a encore cette année notre fonctionnement habituel avec des primes collectives et un voyage d’équipe en fin d’année. Dur d’envisager ça en 1ère ligue en effet, mais on se posera la question en temps voulu.
A titre personnel, cela fait 11 ans que tu as repris la première équipe (avec un break d’une année) et tes succès sont liés à ceux du club. On a l’impression que le club et toi avez besoin l’un de l’autre. Cette histoire est-elle vouée à ne jamais se terminer ?
Je ne sais pas. Il est vrai que la collaboration est plutôt fructueuse dirons-nous, mais on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Je suis un entraîneur ambitieux, j’aimerais avoir ma chance à l’échelon supérieur, mais les places sont chères et je garde les pieds sur terre. A Veyrier, je suis à la maison, je ressens un épanouissement lié à un certain équilibre, je connais tout le monde et on me fait forcément confiance. Les saisons sont aussi longues et épuisantes, la fin de saison passée a été un peu agitée avec le départ de mon assistant Dario Basile, de plusieurs anciens joueurs cadres ainsi qu’une trêve très (trop) courte. J’ai eu un peu de mal à repartir, mais là je suis de nouveau à fond dedans et complètement impliqué dans notre projet. Alors on verra bien la suite, mais tant que la passion est là, on continuera de donner le maximum, partager des émotions collectives et prendre du plaisir, là est peut-être l’essentiel à notre niveau.
Photo de couverture : FC Veyrier Sports