Oscar Correia, libéré et ambitieux

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Symbole d’une équipe carougeoise qui a terminé l’année en grande forme, Oscar Correia ne veut pas s’arrêter là. Orphelin de Dugourd et Amdouni depuis cet été, l’ailier a pris ses responsabilités cette saison. Et attend désormais son tour pour percer.

Nous connaissions ses débordements sur l’aile, ses gestes techniques spectaculaires mais pas encore son aisance devant les buts. Pourtant pas un grand buteur jusqu’à présent –il n’a jamais dépassé les sept buts en championnat–, Oscar Correia (Genève, 1997) s’est révélé cette année dans ce compartiment de jeu avec 11 buts à son actif à l’heure de la trêve. C’est simple : en Promotion League, seul l’Argentin Gastón Magnetti (Bellinzone, 12 buts) a fait mieux que lui en cette première partie de saison. Il est le reflet de l’état de forme d’Etoile Carouge, qui a terminé l’année sur quatre victoires consécutives. Après des années de doute, l’ailier carougeois a retrouvé tellement de confiance qu’il ne se fixe pas de limites. Retour sur un parcours compliqué mais loin d’être terminé.

Des débuts compliqués

Produit de la formation carougeoise, Correia rejoint Servette en M16 puis est champion M18 sous les ordres de Massimo Lombardo. A l’été 2014, à la sortie des M18, il fait la préparation estivale avec la première équipe, impressionne pendant les matchs amicaux et est prêt à signer son contrat professionnel. Mais c’est là que les choses se compliquent. « Mes agents m’ont demandé de ne pas signer, qu’ils allaient me faire signer dans un grand club », avoue l’intéressé, avec désormais plus de recul et de maturité. Le FC Sion est également sur le coup : « Le fils de Constantin est venu à la maison, ils étaient intéressés mais ne voulaient pas payer les frais de formation qui s’élevaient à 160’000 francs ». Après ces couacs, il finit par se délier des Grenat et arrête le football pendant cinq mois.

Pour contourner la règle des frais de formation, il signe un contrat de cinq ans –dont il n’a été libéré que cette année– à Alvarenga, un club de cinquième division portugaise qui appartient à son agent. Dans la foulée, il est prêté dans l’équipe réserve de Fluminense. Le rêve, à priori : un pays de football, une ville comme Rio de Janeiro, la possibilité de s’entraîner parfois avec la première équipe (où évoluent l’ancien Lyonnais Fred et Richarlison, à Everton aujourd’hui)… Sauf qu’il n’a pas les armes : « Les circonstances étaient trop difficiles pour l’adaptation, j’avais 18 ans, j’étais tout seul et il faisait 40 degrés ». Pire : ses agents le lâchent et ne lui donnent plus de nouvelles. Dans ces conditions, livré à lui-même, il ne tient qu’une année, de février 2016 à février 2017, avant de rentrer à Genève, à ses frais.

A Lancy, lors de la saison 2017-2018

Renaissance en 1ère ligue

De retour à Genève, son ami Stéphane Pais l’introduit à Bruno Codeas pour intégrer Lancy. Forcément, cela reste compliqué administrativement au vu de sa situation : toujours sous contrat avec Alvarenga, un prêt international est nécessaire. Sa première saison en 1ère ligue est réussie : il joue les finales avec Lancy, perdues contre Soleure, puis est recruté par un ambitieux Carouge, à la recherche d’un ailier gauche. La triplette Correia-Dugourd-Amdouni fera des ravages et Carouge retrouve la Promotion League au printemps 2019.

Le changement de catégorie n’a pas effrayé l’ambitieux ailier d’origine portugaise. Orphelin de Dylan Dugourd et Zeki Amdouni, partis respectivement à Xamax et Stade Lausanne l’été dernier, Oscar Correia a pris ses responsabilités (« avec des anciens comme Vitkieviez, Tréand ou Boussaha ») et s’est affirmé comme le leader de l’attaque carougeoise. « J’ai eu un déclic, reconnaît-il, je me suis dit qu’il était temps que je me propulse à un autre niveau. Pour cela, il fallait que je marque des buts. Je ne me pose plus de questions au moment de frapper ». Quel est le rôle de son coach Jean-Michel Aeby dans cette transformation ? « Il a compris qu’il fallait me laisser jouer, tout simplement, sans trop me donner de consignes. Même si je sais que l’équipe a aussi besoin de moi défensivement, je dois encore m’améliorer là-dessus ».

La saison dernière avec une promotion à la clé

“Le train est en train de passer”

Libéré du poids de son contrat au Portugal, qui par extension le liait encore à ses anciens agents, Correia se sent maintenant pousser des ailes. Il est désormais libre et plus ambitieux que jamais. Comme Dugourd et Amdouni, lui aussi espère bien avoir sa chance dans les ligues professionnelles, que ce soit dès cet hiver déjà ou l’été prochain. « Je sais que le travail finit toujours par payer. J’aimerais faire le saut en Super League et avoir du temps de jeu. Pour cela, je dois continuer à être performant en Promotion League avec Carouge. Plus on sera haut au classement, plus on parlera de nous et je serai remarqué ».

Correia a 22 ans et sait que cela se joue maintenant. « Je suis conscient que le train est en train de passer et il faut le prendre », philosophe-t-il en guise de conclusion. Et si la Challenge League ne vient pas à lui, pourquoi ne serait-ce pas lui qui irait en Challenge League avec Carouge ? A huit points d’Yverdon, l’équipe de Jean-Michel Aeby ne va pas se gêner pour aller chercher le leader, qu’elle recevra au printemps prochain.

 

Photos : Stéphane Eursels & Ian Vaney





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